Voyage

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« En vérité, on passe son temps à lutter contre la terreur du vivant. On s'invente des définitions pour y échapper : Je m'appelle machin, je bosse chez chose, mon métier consiste à faire ci et ça. Sous-jacente, l'angoisse poursuit son travail de sape. On ne peut complètement bâillonner son discours. Tu crois que tu t'appelles machin, que ton métier consiste à faire ci et ça, mais au réveil, rien de cela n'existait. C'est peut être que cela n'existe pas. » Journal d'Hirondelle, Amélie Nothomb.

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Le décès de son père avait changé sa vision de la vie. De sa vie. La « philosophie » prit tout son sens. « Rien n'est grave », « au fond tout n'est qu'illusion ». Lorsque tu né, tu es voué à mourir, et ainsi, c'est ce que l'on appelle « la vie ». La société occidentale, par la religion et un tas d'autres croyances, nous a détourné de la réalité, de la Vie, et a rendu la mort terrifiante, pour beaucoup de personnes. Mais si l'on considère d'autres croyances et d'autres ethnies, eux sont dans le vrai, dans La Vie, l'instant présent, et la mort est un nouveau cycle, une nouvelle « vie », autre chose de positif...

Deux ans auparavant il s'en était allé. Le cœur. Un muscle incroyable le cœur ! Mais lorsqu'il est trop vieux, que vous ayez quatre-vingt dix ou soixante-deux ans, on ne peut plus faire grand chose pour vous, surtout si c'est pris en charge trop tard.

C'est ainsi qu'Emma s'envola pour le Japon. La tête toute remplie de souvenirs, d'amour pour son père et pour les siens. Elle devait le faire. Elle devait réaliser son rêve qu'elle entretenait depuis maintenant plus de sept ans et à son plus grand bonheur, son père l'avait soutenue avant de la quitter. Elle le faisait pour elle mais un petit peu pour lui aussi. Comme une petite façon de lui rendre hommage en réalisant ce pourquoi il l'avait poussée à se dépasser, à aller au bout des choses.

Treize heures d'avion c'est long, alors pour passer le temps, elle avait chargé son baladeur, s'était achetée un téléphone " plat " avec internet dessus pour ne pas se perdre là-bas. Elle se débrouillait en japonais, à l'oral, mais était plus à l'aise pour le lire et l'écrire.

Elle devrait envoyer des messages à ses proches à chaque étapes, particulièrement à sa mère qui était folle d'inquiétude de savoir sa fille seule, à l'autre bout de la planète.

Elle atterrie à l'aéroport de Kyoto à 20h30, pile ! Sa valise arriva, encore plus propre que quand elle l'avait laissée partir à la soute. Petite « touche » japonaise, un coup de chiffon sur chaque valise qui débarque. Le côté appréciable de cette société, paradoxale sur quelques points, à la société française. Le respect, un point de la plus haute importance. Cela-dit, certains pourraient analyser ce point comme hypocrite, parfois. Il faut avouer que de ne pas savoir ce que votre interlocuteur pense, ce n'est pas toujours notable, mais c'est ainsi...

C'est donc la valise en main, qu'Emma prit le bus vers l'auberge de jeunesse spécialisée pour les  étrangers, où elle avait décidé de louer une chambre pour trois jours. Le temps de s'adapter au décalage horaire et de s'habituer à ce monde nouveau, cette nouvelle vie, qu'elle allait avoir pendant un an d'après son VISA. Elle prit un bentô au kombini du coin, ça irait très bien, elle n'avait pas une grande faim... Le voyage, la nouveauté, la peur de l'inconnu, tout ce mélange d'émotion lui avait tordu l'estomac.

A l'auberge, elle croisa un australien, un espagnol, une allemande et deux filles venant des Etats-Unis (elle détestait utiliser « américaines » car ce mot était trop galvaudé à son goût. Les Brésiliens, les Canadiens sont eux aussi « américains » sans parler des pauvres « Amérindiens » ; elle préférait utiliser le terme natifs, mais ça, c'est un autre débat...). Elle leur baragouina deux ou trois choses en anglais qui devaient remonter au lycée et encore... Elle était plus à l'aise en Espagnol, et d'ailleurs, le concerné en fut charmé. N'ayant aucune envie de fréquenter quelqu'un pendant son périple, elle le lui fit gentiment comprendre et la conversation se termina-là. Emma n'est pas une fille spécialement jolie, on le lui avait dit mais elle n'y croyait pas. Du haut de ses vingt-huit ans, elle avait eu, certes, des copains et des aventures d'un soir, mais elle se trouvait simplement dans la norme et le fait qu'elle s'accepte comme étant « normale » et non « moche » avait été un gros travail travail personnel, et, c'était déjà beaucoup...

Brune aux cheveux bouclés courts et épais qu'elle se coupait, d'ailleurs, seule - tondeuse + ciseaux + deux miroirs = quarante euros d'économie et tu n'as pas à t'en prendre à quelqu'un si tu te loupes - un mètre et cinquante cinq centimètres, un nez en trompette. Une petite bouche, la lèvre du bas légèrement pulpeuse, des grands yeux marrons et cernés un peu cachés par des lunettes rondes - oui, myope comme une taupe - et des sourcils en forme d'accent circonflexe. Petits seins donc pas de soutien-gorge - pourquoi faire ? - oreilles percées (six à gauche et cinq à droite) et seize tatouages (un sacrilège au Japon qu'elle cachera au mieux). Ses tatouages sont très précieux pour elle, ils racontent tous plus ou moins une histoire. Bien qu'elle révèle rarement leurs significations et ils n'en ont pas tous une, elle n'éprouve aucune gêne à les montrer quand on le lui demande. Elle les a fait faire par sept artistes différents et en a dessiné la plupart.

Emma est quelqu'un de gentil et à un petit côté innocent sur quelques facettes de la vie... Souriante, presque toujours,  il le faut , la vie est quand même plus agréable quand on sourit ! Elle a un fort caractère tout de même, elle se défend quand c'est nécessaire tout en restant diplomate tout de même... Elle n'aime pas l'injustice, elle est écologiste et engagée, elle aime les animaux et défend leur cause - mais pas au point d'être végétarienne, non non, la chaîne alimentaire « respectueuse » joue un grand rôle dans l'écologie.

Elle est féministe et avec ça, elle en voit de toutes les couleurs... Elle ne le dit pas, ses visions ne regardent personne mais si elle a le malheur de l'exprimer, de suite, les gens partent dans les tours en l'accusant de manifester seins nus et de détester les hommes... En fait, ce que certains ne comprennent pas, c'est que tout le monde n'est pas extrémiste, sauf ceux qui se revendiquent comme tel bien sûr... Mais le plus beau, c'est lorsqu'elle dit qu'elle l'est et que les personnes font des amalgames tels que « Ah je comprends mieux les cheveux courts et le non-port du soutif ! » , « C'est vrai que tu as un côté masculin très exacerbé, tu es lesbienne du coup si tu es féministe ?! » , « Ce qui veut dire que tu ne t'épiles pas du tout, non ? ». Oui oui, et ça, ça arrive très souvent... Donc oui, Emma a les cheveux courts, un côté masculin assez fort, son épilation ne regarde qu'elle et elle ne porte pas de soutien-gorge car franchement, c'est hyper inconfortable pour son bonnet B. Quant à sexualité, ça ne la regarde qu'elle. Elle veut simplement l'égalité et être libre, ne pas avoir à se justifier et dans la société actuelle, c'est parfois trop demandé. Heureusement il y a une évolution positive depuis quelques années !

Ah oui, ça aussi, elle est musclée donc ça laisse place aux préjugés, mais pas Schwarzy non plus... Faut pas exagérer... Au moins de quoi soulever des choses lourdes et se débrouiller seule. Elle fait de la gymnastique deux fois par semaine pour se renforcer musculairement. Elle a donc de bonnes jambes, des petits abdominaux juste légèrement dessinés, en revanche, les bras, le dos et les trapèzes sont bien marqués. Dans « ses » métiers, elle a besoin de muscles et de force. En effet, Emma fait plusieurs métiers en même temps. Elle travaille dans la fleur et la poterie (pour le côté artisanat et ce pourquoi elle se rend au Japon). Elle travaille un peu le bois, elle a fait ébénisterie. Mais aussi, elle est aide à domicile, elle aime apporter son aide aux personnes qui en ont besoin, jeunes ou âgées, isolées ou non. Plutôt que de travailler pour les lobbyistes, les capitalistes et être traitées comme une moins que rien en faisant la caisse dans un supermarché. Elle a eu l'opportunité (et elle remercie son père chaque jour qui passe, car c'est lui qui l'a poussée à le faire...). Ce qui lui permet aussi de payer ses factures le temps de se faire une clientèle dans son art, et d'exercer de « l'art thérapie », bien qu'elle ne se revendique pas thérapeute comme elle n'a pas les diplômes qu'il faut, cela permettrait de stimuler les personnes et leur donner un intérêt qu'ils ne connaissaient pas forcément afin de chasser le petit nuage gris au dessus de leur tête...

Emma n'est pas très causante en temps normal, tout dépend de la personne et du sujet. Elle préfère écouter l'autre (parce que parler de la pluie et du beau temps ça ne la gêne pas mais elle préfère ne rien dire du tout).

Boulimique de lecture, elle dévore tout ce qui passe, thriller, romance, philo, art, manga, BD, biographie, pièce de théâtre, poésie, fantastique, magasines, journaux,articles internet, bref, tout. Avec un esprit critique tout de même, il ne faut quand même pas lire tout et n'importe quoi sans avoir un avis (du moins c'est son point de vue).

Elle aime rire, l'humour c'est la vie ! Son père était d'ailleurs un excellent conteur de blague, même si la blague était royalement nulle, il la racontait de telle manière, que vous ne pouviez que rire. Grâce à lui, Emma apprécia d'autant plus l'humour, et n'importe lequel, bien que l'humour noir passe de moins en moins bien, étant donné que maintenant on peut vous faire un procès si vous racontez une blague sur une blonde, un français idiot, Trump, Poutine, un juif, un noir ou un handicapé... Bref, encore un autre débat...

Plus sérieusement, elle aime l'art dans sa totalité, de la littérature (qu'elle considère comme un art, tout dépend du bouquin, car certaines biographies, non merci...) à la peinture et au dessin, le cinéma, en passant par la musique et la danse. D'ailleurs, sa passion première, c'est la danse. Elle en a beaucoup fait, dès l'âge de quatre ans. De la danse classique, du Modern Jazz, du Hip-Hop, de la danse contemporaine, un peu de salsa, du rock en soirée et aussi du Shuffle, tout ceci pendant des années. Elle chantonne aussi, même si ce n'est pas toujours juste, en voiture, sous la douche et quand elle fait le ménage - Non non, pas au point de Cendrillon !

Emma écrit aussi, depuis toujours, c'est son exutoire. Elle a entreprit de tenir un petit journal pendant son voyage.

Lorsqu'elle regarda sa montre après s'être extirpée des pensées qui la submergeaient depuis un moment, elle s'aperçut qu'il était trois heures du matin et qu'elle n'avait toujours pas sommeil.

« C'est ainsi, je vis vraiment Lost in Translation mais sans Bill Murray et sans Whisky... » pensa-t-elle.

Elle avait déjà subit  un petit décalage horaire en allant sur la cote Est des Etats-Unis mais ce n'était pas à ce point. En même temps, elle était au bout du monde, donc pas étonnant qu'il y ait un impact sur son horloge biologique. Elle tourna et retourna dans sa chambre. Seule, heureusement... Elle décida de contacter sa famille par Skype en calculant qu'en France il était vingt heures et quelques, elle n'allait pas les déranger.

Après avoir raccrochée avec son frère aîné, très bavard, elle trouva enfin le sommeil vers 5h du matin. Afin de ne pas être complètement décalée, elle avait mis un réveil à 11h pour se fatiguer la journée et partir au lit tôt le soir suivant.

Elle s'endormit, imaginant l'aventure qui l'attendait derrière ses murs jaunâtres.

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