3 - La rencontre

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Méline aperçut le lutin des bois et s’arrêta de marcher. Était-ce la bonne solution ? Aurais-je mieux fait de prendre le détour ? se demanda-t-elle. Elle secoua sa tête en signe de négation. Non, elle avait pris la bonne décision, se rassura-t-elle. Il fallait prendre le sentier pour se rendre au plus vite chez sa grande sœur. Le lutin pour sa part n’avait pas bougé de son rondin de bois et il avait observé la jeune fille depuis le début. Méline arriva enfin à sa hauteur et serra sa besace, comme pour se donner du courage.

- Bonjour monsieur le lutin des bois, dit-elle d’une voix tremblante.

La peur se lisait dans ses yeux. C’était que les êtres du petit peuple n’avaient pas bonne réputation et, il valait mieux ne jamais les offenser.

- Monsieur ? répéta le lutin. Il se leva et se dressa sur le rondin de bois. La respiration de Méline se coupa, avait-elle dit quelque chose de travers ? Elle avait pourtant été polie, se dit-elle. D’un coup, le lutin des bois éclata de rire. Je ne m’attendais pas à ce qu’un jour quelqu’un me nomme comme un homme, dit-il entre deux fous rires. Un simple « Bonjour lutin des bois » était suffisant.

- Excusez-moi, je ne voulais pas vous offenser, c’est que…, c’est la première fois que je rencontre un esprit de la forêt, articula Méline avec prudence.

Le lutin n’était pas un mauvais bougre et il voyait bien que la pauvre fille n’était pas à son aise. Elle avait l’air d’une poupée en porcelaine, si fragile.

- Qu’est-ce qui t’amène ici par une journée aussi maussade, demanda le lutin ayant repris son sérieux.

Avant de lui répondre, Méline l’observa à son tour et le trouva bien comique avec sa tignasse en pétard. Elle toucha son visage pour s’assurer que le lutin ne lui avait pas jeté un sort. Rien. Il était intact.

- Je dois emprunter le sentier pour aller rendre visite à ma sœur qui est tombée gravement malade. Le lutin avait l’air indifférent. Vous n’êtes pas au courant ?

- Au courant de quoi ?

- Qu’une maladie mystérieuse touche les habitants, là-bas. Méline désigna le bout du sentier avec son doigt.

- Ah ! je comprends mieux pourquoi je ne vois plus personne, s’indigna le lutin. Ma bourse ne se remplira pas de sitôt.

Méline pinça ses lèvres, comment allait-elle annoncer au lutin qu’elle n’avait pas un sou.

- Mon… Lutin des bois, commença Méline. Je dois vous avouer que je n’ai aucune pièce d’or pour vous payer le passage. D’habitude, j’utilise l’autre chemin qui est plus long. Malheureusement, la santé de ma sœur est très alarmante et je dois m’y rendre en urgence.

Le lutin des bois écarquilla ses yeux aux paroles de la jeune fille. Ce n’était pas la première fois que quelqu’un se présentait auprès de lui sans argent mais c’était il y a bien longtemps maintenant. Au fil des années les villageois et même les voyageurs avaient entendu parler de ses sorts qu’il jetait sur les pauvres fous qui osaient venir ici sans une pièce. Depuis lors, il n’avait que des bons payeurs.

- Tu dois bien être folle pour être venu ici, marmonna le lutin.

Petite, folle ou bien pauvre, Méline n’était pas idiote pour autant. Elle avait une idée au coin de sa tête depuis qu’elle avait quitté la maison.

- Et si je vous offrais quelque chose en échange ?

Une étincelle traversa le regard du lutin. Méline avait piqué sa curiosité. Il faut savoir que les lutins sont des êtres très curieux de nature et on peut facilement les attendrir avec quelque chose qui sorte de l’ordinaire, mais n’allez surtout pas le crier sur tous les toits.

Méline fouilla dans sa sacoche, elle en sortit un morceau de tissu et un fin ruban. Dans sa petite boîte métallique, elle prit une aiguille et du fil. Elle était devenue habile dans la couture, à force de raccommoder ses vêtements en lambeaux. En quelques minutes, elle avait cousu une petite cape pour le lutin des bois.

- Elle est magnifique ! s’émerveilla le lutin. Il l’enfila et sauta de joie sur le rondin de bois. Je te laisse prendre le sentier pour te rendre chez ta sœur.

- Merci ! répondit Méline heureuse d’avoir pu trouver un compromis avec le lutin.

Elle ne s’attarda pas et avança sur le sentier pour enfin se rendre au village voisin.

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