4 - La menace

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Méline traversa le sentier en toute sécurité et se trouva rapidement aux abords du village. Elle était ravie car grâce à la bienveillance du lutin des bois elle avait gagné beaucoup de temps. Elle continua sa route en empruntant un chemin en pavé qui menait jusqu’au centre du village. Sur la place, une magnifique fontaine y était dressée. Le soleil venait tout juste de pointer son nez et ses rayons venaient caresser le haut du buste de la déesse qui y était sculpté. C’était la Déesse Arduinna. Non loin, se trouvait le puits où les villageois prenaient l’eau potable. Méline trouva l’endroit désert et un silence y régna. Il n’y avait que le vent qui jouait dans les ruelles à faire voler et tourbillonner les feuilles. Elle pressa le pas et tourna dans la rue où habitait sa sœur. Elle toqua à la porte et ne voyant personne ouvrir elle entra à l’intérieur.

- Amélie ? Je suis là, c’est moi, Méline, hurla-t-elle dans le couloir. Une voix à peine audible vint de l’étage.

- Je suis en haut. Méline sauta sur les marches et accourut de toute vitesse dans la chambre.

- Amélie ! s’écria-t-elle en se précipitant sur sa sœur. Elle était fiévreuse et n’avait pas du tout bonne mine. Méline posa sa main sur front. Il était bouillant.

- Je suis contente de te voir, lui dit Amélie dans un souffle.

- Je vais aller te chercher de l’eau fraîche, il faut que ta température baisse. Où est Félix ? s’enquit Méline

- Il vient juste de partir avec les autres villageois encore en bonne santé pour aller enterrer les morts de cette nuit. La maladie se propage très vite. J’ai peur Méline, d’être la prochaine…

- Ne dis pas ça, je suis là maintenant. Je vais m’occuper de toi et en un rien de temps tu guériras, d’accord ?

Amélie acquiesça et referma ses yeux, les quelques mots qu’elle venait d’échanger avec sa sœur l’avaient fortement épuisée. Méline s’activa, elle prit un sceau à la cuisine et se dirigea vers le puits. Quelques visages se dessinèrent derrière les fenêtres, curieux de voir qui pouvait bien se promener dans les rues vides. Les villageois ne sortaient plus et restaient cloîtrés chez eux depuis plusieurs jours pour soigner leurs malades ou pour éviter d’attraper la maladie à leur tour.

A son retour, Méline trempa une serviette et épongea le visage d’Amélie. Elle fit de même pour ses mains et ses pieds. Elle aéra la pièce et laissa une serviette fraîche sur son front.

Après ce petit brin de toilette elle alla préparer une décoction et laissa sa sœur se reposer. Elle mit le lait à chauffer et lorsqu’elle rajouta les branches de thym et de sauge la cloche de l’église sonna midi. Il y avait encore quelques œufs et Méline décida de faire des œufs brouillés pendant que les herbes infusaient dans le lait. Quelques minutes plus tard, le plat était prêt, elle versa la tisane dans un bol où elle ajouta une bonne cuillère de miel.

Le plateau garni de bons aliments fumant, Méline monta rejoindre sa sœur. Elle l’aida à s’installer correctement dans le lit pour qu’elle puisse manger et boire. L’infusion réchauffa Amélie.

-Tu aimes ? lui demanda Méline. C’est la recette secrète de grand-mère Dana.

- Un vrai délice comme toujours, répondit Amélie en buvant quelques gorgées.

- Ça me fait penser qu’il faut que je te réapprovisionne en herbes, tu en es à court dans plusieurs pots, rajouta Méline.

Après avoir terminé son repas, Amélie s’endormit rapidement. Elle n’avait avalé que quelques bouchés mais c’était toujours mieux que rien, et puis elle avait bu toute la tisane se rassura Méline.

Félix entra peu de temps après, le jeune bûcheron était bel homme et très costaud. Ses bras étaient aussi larges que ses cuisses et il mesurait deux mètres. Il était follement amoureux d’Amélie et il fut heureux de voir que sa belle-sœur était là pour s’occuper de sa bienaimée. Avant qu’il n’arrive, Méline avait remis un peu d’ordre en bas, elle avait dépoussiéré les meubles et rangé la vaisselle dans les armoires de la cuisine. Félix se versa une chope et but une grosse gorgée.

- Comment va-t-elle ? demanda Félix en serrant son godet. Il était très préoccupé par l’état de santé d’Amélie. Quelques voisins étaient déjà veufs et il ne voulait pas connaître le même sort.

- Pour l’instant, elle dort. J’ai pu lui faire descendre un peu sa fièvre mais son état reste encore inquiétant. Il va falloir que je rentre à la maison pour prendre des herbes médicinales qui se trouvent dans la remise.

- Il est déjà tard, tu ne vas pas prendre le détour à cette heure-ci !

- Ne t’inquiète pas pour moi, j’ai pris le sentier du lutin des bois au matin et je compte le reprendre pour le retour. Félix regarda Méline avec de gros yeux, il savait bien que la famille d’Amélie était très pauvre et ne pouvait pas se permettre de prendre le sentier du lutin.

- Comment as-tu fait ? lui demanda Félix intrigué. Le lutin des bois n’accepte que des pièces d’or…

Méline hésita à lui dire la vérité. Il n’est pas bon de divulguer les petites affaires qu’on a avec les êtres du petit peuple.

- J’ai un arrangement avec lui, menti Méline. C’était plutôt du troc mais elle se le garda bien pour elle.

-Tu devrais t’en méfier, ça reste un esprit de la forêt ! Les villageois parlent et beaucoup pensent qu’il est le fautif pour la maladie qui touche notre village. Qu’il nous aurait jeté un de ses mauvais sorts, expliqua Félix.

- Le lutin des bois ne s’occupe pas de nos affaires. Son but est d’amasser de l’or pour je ne sais quelle raison. Il n’a rien à gagner à faire tomber malades les villageois, rétorqua Méline.

- Va expliquer cela auprès des familles qui viennent de perdre un de leur membre. Les villageois tombent tous comme des mouches et nous n’avons pourtant pas changé nos habitudes, ça ne peut venir que de lui. Si l’épidémie ne s’arrête pas, les villageois iront le trouver pour l’anéantir, menaça Félix.

Méline était perplexe, elle savait au fond d’elle que ce n’était pas le lutin des bois, ça réaction du matin l’avait bien prouvé. Mais si ce n’était pas lui, qui ou quoi rendait les villageois malades ? J’en parlerai auprès du lutin à mon retour, il aura peut-être une idée, se dit-elle.

L’après-midi avait déjà bien avancé et il était l’heure de partir pour Méline. Félix fouilla dans sa bourse et lui donna une pièce d’or.

- Je ne veux pas qu’il te fasse du mal, Amélie ne me le pardonnera jamais s’il devait t’arriver quelque chose. Méline ne contesta pas les dires de son beau-frère, car il avait déjà forgé son opinion sur le lutin des bois et il était inutile de tenter de le faire changer d’avis. Elle prit la pièce et la fourra dans sa besace.

De retour sur le sentier, le lutin des bois était là avec sa belle cape sur le dos. Un sourire marqua le visage de Méline, elle était heureuse de voir que le lutin portait toujours son œuvre.

- J’ai une pièce pour ma traversée !

- En voilà, une belle surprise, s’étonna le lutin.

- Ne vous réjouissez pas trop vitre, je n’ai pas de bonnes nouvelles. Le lutin arqua un sourcil et se demanda ce que pouvait bien lui annoncer cette petite. Les villageois disent que c’est vous qui les avez rendus malades en leur jetant un mauvais sort. Il y a eu des morts… Méline s’arrêta de parler et observa la réaction du lutin.

- C’est villageois sont tous aussi bêtes que des veaux ! Ils ne font que beugler dans le vide, cracha le lutin.

- Mon beau-frère m’a dit aussi que si les villageois continuaient à mourir, les familles viendront se rebeller contre vous. Le regard du lutin s’assombrit à ces mots.

- Rentre petite, la journée touche bientôt à sa fin.

Méline n’osa pas contredire le lutin des bois. Elle lui donna la pièce d’or et accéléra le pas pour rentrer chez elle. Le lutin pour sa part avait de vrais soucis à se faire. Il ne pouvait pas prendre le risque que les villageois viennent perturber les alentours du sentier en voulant le chasser. Car là-bas, tapis au fond de la forêt vit un esprit très puissant, le dragon des eaux, et il ne doit jamais être dérangé.

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