5 - La source (Partie 2/2)

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Pendant que Méline essayait de trouver des réponses à ses interrogations, le lutin était enfin arrivé au cimetière. Il avait suivi les hommes pendant un certain temps car malgré la force de Félix et de son ami, transporter un corps mort n’était pas de tout repos. Ils durent s’arrêter à plusieurs reprises avant d’arriver au lieu de repos des défunts.

L’esprit de la forêt fut horrifié par la vision du cimetière qui se dévoilait devant lui, composé de plusieurs tombes fraîchement recouvertes de terre. Il constata les dégâts de cette épidémie et comprit pourquoi les hommes l’avaient jugé coupable de ce chaos. Il devait absolument mettre fin à cette atrocité.

La pluie cessa lorsque le prête se dirigea vers Félix. Il les avait attendus sous le petit porche qui était attelé à l’église, juste à côté du cimetière.

- Qui avons-nous perdu cette fois-ci ? demanda le prête en serrant sa bible contre son cœur.

- Le vieux Marcel. Il allait fêter ses septante ans le mois prochain. Sa femme est dévastée, articula difficilement le compagnon de Félix. Il fallait le comprendre, il en avait transporté des corps avec Félix et cette situation lui était devenu intenable.

- Bien. Nous allons le mettre dans la troisième allée, il reste encore quelques trous vides. À ce rythme, nous allons devoir en faire d’autres, déclara le prête faisant le signe de la croix.

Le rouge-gorge s’installa sur une des branches du noyer qui s’élevait au milieu des tombes et observa silencieusement les hommes mettre le corps en terre. Le prête recita une prière et bénit la tombe avant de retourner à l’église. Les deux amis, quittèrent l’endroit, tête baissée.

- Félix, je ne supporte plus ça ! Quand est-ce que cela va s'arrêter ? Enterrer nos voisins chaque jour, ça devient insoutenable !

- Je sais Ludo. C’est difficile pour moi aussi mais pour l’instant j’ai l’état de santé d’Amélie qui me préoccupe le plus. Je ne veux pas qu’elle soit la prochaine, tu comprends ?

- C’est à cause de ce lutin ! Il n’y a que lui qui puisse nous jeter ce mauvais sort !

- Je sais que beaucoup de villageois pensent cela mais ma belle-sœur dit le contraire et j’aimerais la croire. Il est possible que ce qui nous arrive ne soit pas la faute du lutin mais bien de quelque chose d’autre.

- Tu crois vraiment à cette histoire ? répondit Ludo, sceptique aux mots de Félix.

- Je l’espère, car sinon, nous sommes perdus.

Le lutin avait entendu toute la conversation des deux hommes et retourna sur la place du village. Il se percha à nouveau sur la statue d’Arduinna et observa minutieusement l’endroit, à l’affût d’un détail qui sortirait de l’ordinaire. Les hommes quant à eux, s’arrêtèrent à la taverne du village pour boire un coup avant de rentrer. Un remontant n’était jamais de refus pour les gaillards.

Pendant que l’un était en observation et les deux autres en train de boire un verre. Méline montait les escaliers avec une tasse fumante pour rejoindre sa sœur. Elle l’a déposa sur la table de chevet et commença son interrogatoire auprès de sa sœur.

- Amélie, j’ai quelques questions à te poser, informa Méline en s’asseyant sur le coin du lit.

- Ah bon ? Pourquoi ? se demanda Amélie en prenant la tasse en main.

- J’aimerai comprendre et découvrir à la fois la cause de cette épidémie qui touche le village.

- Oh tu sais, le plan du Divin n’est pas facile à comprendre quelquefois, il faut juste l’accepter.

- Arrête ! Ne mêle pas le Divin à ça ! Les villageois disent que c’est le lutin le fautif. Que dis-tu à ça ?

Amélie ne savait pas quoi répondre, si les villageois pensaient au lutin au lieu du Divin, c’est que ce n’était aucun des deux qui étaient en cause.

- Vas-y, je t’écoute.

- As-tu constaté un changement dans le village avant qu’arrive la maladie ? Même le plus infime détail, demanda Méline soucieuse d’entendre la réponse de sa sœur.

Amélie essaya de se souvenir mais ne trouva rien qui avait pu attirer son œil. Le visage de Méline se décomposa. Quand soudain, sa sœur se rappela d’un petit détail.

- Je me souviens de quelque chose mais ce n’est presque rien. Je me suis même dit que mon odorat m’avait joué un tour ce jour-là. Méline observa sa sœur et l’écouta attentivement. Avant de tomber malade, je suis allée au puits pour remplir un seau et j’ai senti une odeur assez étrange dans l’air, différente de d’habitude. La rue de la Triperie ne se trouve pas loin, alors j’ai pensé qu’elle venait sûrement de là-bas.

- La rue de la Triperie, dis-tu ?

- Oui. Tu as une idée ? s’enquit Amélie.

- Pas vraiment, elle existe depuis de nombreuses années et lors de forte chaleur, l’odeur a toujours été insupportable, répondit Méline.

Les sœurs étaient toutes deux penaudes. Elles ne trouvèrent aucun lien entre la rue de la Triperie et la maladie. Méline ne baissa pas facilement les bras et ses efforts payèrent, car quelques minutes plus tard, une étincelle jaillit. Elle avait trouvé la cause de cette épidémie. Pour s’en assurer, elle posa une dernière question à sa sœur.

- Les déchets de la rue de la Triperie, où se déversent-ils maintenant ?

- Si je ne dis pas de bêtise, avant, ils étaient déversés directement dans la rue, mais depuis peu, les tripiers les jettent dans le petit ruisseau qui contourne le village, répondit Amélie sans vraiment comprendre la question de sa petite sœur.

Méline devait retrouver le lutin des bois pour vérifier son hypothèse et agir vite. Elle enfila sa cape qui n’était malheureusement pas complètement sèche et quitta le domicile de sa sœur pour se rendre sur la place du village. Elle trouva le rouge-gorge aux cotés d’Arduinna. Quand il vit Méline, il poussa un petit cri et s’installa sur son épaule.

- J’ai trouvé ! Je sais pourquoi les villageois tombent malades. Mais nous devons d’abord aller vérifier une chose à la rue de la Triperie, chuchota Méline en prenant la direction de la rue.

Avant de s’y rendre, elle s’arrêta au puits et renifla l’eau, elle ne sentit rien. Le rouge-gorge fit de même et tapa son bec sur l’épaule de Méline. Elle avait une petite idée de ce que le lutin essayait de lui dire. En revanche, à peine arrivée à la rue de la Triperie que l’odeur était déjà insoutenable et ce, même à travers le mouchoir. Méline fila au ruisseau et eut envie de vomir à la vue macabre qui s’offrait à elle. Les déchets de viandes et de graisses jonchaient le ruisseau et ses abords. L’odeur de putréfaction était l’une des pires odeurs après celle de la chair brûlée.

Le lutin retrouva sa forme initiale et pris la main de Méline pour l’emmener loin d’ici. À quelques ruelles du ruisseau, il trouva une petite place déserte avec un banc. Il fit asseoir la jeune fille pour qu’elle puisse reprendre ses esprits.

- Un jour, ma grand-mère Dana m’avait dit que l’eau devait toujours être pure, et si par malheur elle ne l’était plus, la maladie s’abattrait sur ceux qui en boiraient, expliqua Méline.

- J’ai senti la même puanteur dans le puits que celle dans le ruisseau, moins fort, mais je l’ai senti.

- Je dois avertir Félix, il faut que les villageois cessent de boire l’eau du puits.

- Oui jeune fille mais avant il faut que tu reprennes des couleurs. Tu es pâle comme le calcaire.

Méline écouta le lutin des bois et inspira plusieurs bouffés d’airs frais. Après quelques minutes, son visage retrouva sa légère teinte rosée. Avant de quitter cette jolie place, le lutin interpella Méline.

- Je dois aller voir quelqu’un jeune fille, on se reverra assez rapidement. Va prévenir Félix et les villageois.

- Où vas-tu ? demanda Méline

- Demander de l’aide auprès de celui que je protège, répondit le lutin. Il ne pouvait pas dévoiler à Méline la vérité, pas totalement.

Chacun pris une direction différente, le lutin vers le bois et Méline vers la place du village.

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