6 - Le dragons des eaux (Partie 2/2)

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Le dragon des eaux se réveilla en douceur pour le plus grand soulagement du lutin des bois. Encore légèrement endormi, il soupira d’aise et un nuage de fumée s’échappa de ses narines. La légère brume chaude balaya le visage de l’esprit de la forêt. Pour que sa voix soit reconnue par l’esprit ancien, le lutin continua de chanter et avança d’un pas lent vers les profondeurs de la caverne.

- Est-ce bien toi lutin des bois ? demanda le dragon en se déplaçant vers lui.

- C’est bien moi. Je te salue dragon des eaux, répondit le lutin en effectuant une révérence.

Le dragon renifla l’air et remarqua que le lutin avait une odeur différente. Il sentait l’humain. Les habits qu’avaient confectionnés Méline étaient imprégnés de son odeur. Le dragon ne demanda pas d’explication car il connaissait le lutin et il devait bien avoir ses propres raisons pour sentir ainsi.

- Lutin, mon vieil ami. Pourquoi viens-tu me déranger pendant mon repos ? demanda le dragon d’un air un peu agacé.

- Enfant de l’astre lunaire, maître et gardien des eaux, commença le lutin. Je viens à toi pour te demander ton aide. Le lutin marqua une pause. Il devait bien faire attention à utiliser les bons mots pour expliquer au dragon la situation au village.

- Mon aide ? Maintenant ? J’espère que ton effronterie sera justifiée ! cracha le dragon qui commençait à s’énerver.

- Tu as donné vie aux sources d’eaux de la région et par ta création, nombreux sont les créatures et humains venues s’établir ici, continua l’esprit de la forêt. Cette précieuse ressource est un trésor pour tous les habitants de cette contrée. Mais malheureusement, elle a été fragilisée par une mauvaise décision et beaucoup de villageois en sont morts. Une des sources n’est plus potable, termina le lutin en reculant d’un pas. Il savait que la réaction de l’esprit ancien pouvait être assez violente et elle était de toute façon inévitable. On pouvait simplement espérer qu’elle puisse être gérable.

Les yeux du dragon s’agrandirent à l’annonce du lutin des bois. La colère monta en lui, on pouvait apercevoir sur sa cage thoracique la boule de chaleur montée. Il l’expulsa en ouvrant sa gueule vers le haut, un puissant feu ardent s’étala sur le plafond doré. L’or fondu forma des gouttes et elles tombèrent sur le sol comme des larmes qui représentaient la tristesse de la destruction d’un dur labeur d’antan. L’esprit ancien n’arrêtait pas de gesticuler sur place. Ses pensées lui bousculèrent et il n’arrivait pas à se calmer. Le lutin s’approcha et posa sa main velue sur une écaille du dragon.

- Acceptes-tu d’offrir ton aide pour réparer cette erreur et rétablir la potabilité de l’eau ?

- Je suis le gardien et par ce rôle, il est de mon devoir de rétablir l’ordre et ce seulement pour éviter le chaos et la mort. L’équilibre doit être réinstauré.

Au village, Méline reprit ses esprits et pouvait à présent se tenir assise dans le lit. Amélie lui avait préparé une tisane pour lui redonner des forces et un succulent plat chaud. La jeune fille était embarrassée d’être le centre de l’attention mais elle devait bien se l’avouer, elle était épuisée. Elle se demanda aussi ce que pouvait bien faire le lutin à cet instant. Elle se rappela de ses dernières paroles : « Demander de l’aide auprès de celui que je protège ». Le lutin des bois était un être rempli de surprises pour Méline. Qui pouvait-il bien protéger, se questionna-t-elle.

- Amélie, te rappelles-tu des histoires de grand-mère Dana sur les êtres qui peuplent la forêt ?

- Quelques-unes, pourquoi ?

- Qui pourrait bien vivre là-bas et qui soit important ?

- Pourquoi me demandes-tu ça ?

- Si je te le dis, tu me promets que tu ne me sermonneras pas ? Méline connaissait bien sa grande-sœur. Elle s’inquiétait vite pour rien et elle voulait éviter de la voir faire une crise. Amélia acquiesça.

- Pour faire court, j’ai rencontré le lutin quand j’ai emprunté le sentier et il m’a aidé à trouver la cause de la maladie. Je pense qu’il est parti demander de l’aide à quelqu’un de très important dans la forêt.

- Quoi ? Comment ? Tu as pris le sentier au lieu du détour pour venir me soigner ? Combien de fois, il faudra te le dire Méline ! Il faut éviter les esprits de la nature ! Ce sont des êtres sournois !

- Tu m’avais promis de ne pas me sermonner ! Et puis, le lutin des bois est quelqu’un de gentil ! Que tu le veuilles ou non le croire ! C’est mon ami !

Amélie resta bouche-bée et ne savait pas quoi répliquer.

- Alors ? Tu te rappelles des histoires ?

- Attends que j’y réfléchisse un peu, répondit Amélie encore sous le choc des révélations de sa petite sœur. Grand-mère nous a tellement raconté d’histoires sur le petit peuple. Il y avait celle avec la reine des fées, les sublimes dryades de la forêt, les esprits vengeurs. Ah, oui, il y avait aussi celle de la création de notre monde avec les quatre gardiens. C’était ma préférée.

­- Je me souviens de celle-là. Lors de la création de la Terre, quatre gardiens furent envoyés pour façonner la terre, lui permettant ainsi de devenir le berceau de la vie. C’étaient des esprits d'une très grande puissance, prenant la forme de majestueux dragons. Chacun était maître d’un élément ; l'eau, la terre, le feu et l'air.

­- Une magnifique histoire, grand-mère la racontait d’une manière si joyeuse et empreint de respect pour ces êtres magiques, informa Amélie en souriant vers Méline.

­- Penses-tu qu’ils existent réellement et que l’un d’eux vivrait dans la forêt ?

­- Je ne pense pas. Grand-mère adorait édulcorer certaines histoires.

La journée toucha à sa fin et Méline décida de rester chez sa sœur, encore trop épuisée pour prendre la route du retour. Félix rentra à la maison peu de temps après que la nuit soit tombée. Ça n’avait pas été facile de convaincre les villageois que l’eau était la cause de leurs maux. Beaucoup ne croyaient pas à ses paroles, mais à force d’explications, ils se résignèrent et acceptèrent la réalité. La famille ne tarda pas aller se coucher, car ce fut une journée assez chargée en émotions.

Pendant que tout le village dormait paisiblement, c’était le moment où le dragon des eaux et le lutin avaient décidé d’entrer en action. Le puissant esprit avait détecté immédiatement l’endroit souillé, l’odeur était tellement envahissante et putride qu’aucun être magiques ne pouvaient l’éviter. De son œil, il pouvait distinguer une couleur orange qui représentait le cheminement de l’eau impropre.

Le maître et gardien des eaux commença son labeur. Pour commencer, il dévia l’eau du ruisseau qui s’infiltrait dans le puits alimenté par une source pure. Il élimina l’eau impropre qui s’y était accumulée et le puits fut à nouveau rempli d’eau fraîche.

Pour ce qui était du ruisseau, il ne pouvait pas y faire grand-chose tant que les humains continueraient de jeter leurs déchets dedans. Il veilla simplement à ce que cette eau soit évacuée loin et ne puisse plus contaminer aucune autre source pure sur son chemin. Le ruisseau terminerait sa route dans les profondeurs de la terre, le seul endroit capable de la purifier. L’eau ainsi propre retournerait dans son cycle, vers les nappes souterraines.

Le lutin décida d'aller jeter un coup d'œil dans la maison de la sœur de Méline et fut surpris de la trouver endormie dans l'un des lits. Il avait supposé qu'elle serait rentrée chez elle après avoir prévenu son beau-frère. Après le départ du dragon, il resta perché sur l'épaule de la déesse Arduinna en attendant le lever du soleil. Il avait une bonne nouvelle à annoncer à la jeune fille !

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