Chapitre 5: Réveille explosif !

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Un bruit sourd et puissant résonne dans l'ensemble du palais, secouant les lustres et faisant trembler les murs. Ashrilm, alerté par le fracas, se précipite vers l'origine du bruit : la chambre d'Etsuke. En approchant, une odeur âcre de brûlé envahit ses narines, et une légère volute de fumée s'échappe par-dessous la porte. Le cœur battant, il ouvre la porte avec fracas. Ce qu'il découvre le laisse sans voix.

Etsuke gît sur le sol, inerte, ses draps légèrement carbonisés et des traces de brûlure marquant son écharpe qu'il ne quittait jamais. Le contraste entre l'immobilité du corps et les signes de l'incident était saisissant.

— Etsuke... Etsuke ! s'écria Ashrilm, sa voix brisée par l'inquiétude. Réveille-toi !

Il se précipite pour soulever son ami et le pose sur le lit, ses mains tremblent légèrement. En vérifiant son pouls, il constate avec horreur que le cœur d'Etsuke ne bat plus.

— SAHAVA !!! hurla-t-il, sa voix résonnant dans les couloirs du palais.

Sahava, la secrétaire et compagne d'Ashrilm, arrive en courant, le visage marqué par l'inquiétude après avoir entendu l'appel désespéré.

— Vite, de l'eau et des remèdes ! cria-t-il, sa voix teintée de panique.

Il entame un massage cardiaque, essayant de raviver son ami. Sahava revient, un seau d'eau dans une main et dans l'autre, un pot rempli d'une pâte visqueuse et des sachets de poudre opalescente.

— Pousse-toi, Ashrilm, ordonna-t-elle d'un ton ferme.

— Que fais-tu ? demanda-t-il, hésitant.

— Je le sauve, répondit-elle sans détacher les yeux d'Etsuke. Laisse-moi faire.

Ashrilm recule, laissant Sahava se concentrer. Elle place les sachets à divers endroits du corps d'Etsuke, ses gestes précis et rapides. Quelques secondes passent dans un silence pesant. Lentement, la poudre à l'intérieur des sachets commence à briller d'une lumière douce avant de s'assombrir soudainement. Sahava frappe alors le torse d'Etsuke à plusieurs reprises, au niveau du cœur, avec une force mesurée mais déterminée. Finalement, le torse d'Etsuke se regonfle alors que ses poumons se remplissent à nouveau d'air, et il ouvre les yeux, les paupières battantes, paniqué et haletant.

— Tu nous as fait une frayeur monstre, dit Sahava, essoufflée mais soulagée.

Ashrilm encore un peu sous le choc, se penche vers son ami.

— On a cru que tu étais mort.

— Où est Ahketaka ? demanda Etsuke, la voix faible et confuse.

Les regards de Sahava et Ashrilm se croisèrent, marqués par une inquiétude palpable.

— Reprends-toi, c'était sûrement un cauchemar, dit Sahava doucement, posant sa main sur le front d'Etsuke comme pour le rassurer.

Ashrilm, cependant, semblait moins convaincu.

— Ses traumatismes sont bel et bien revenus, murmura-t-il, mais je n'aurais jamais imaginé que ça affecterait autant son flux.

Sahava fit avaler à Etsuke la pâte visqueuse, une potion apaisante qui semblait l'apaiser rapidement. Son souffle s'adoucit, et il retomba dans un sommeil profond.

— Ouf, il est de retour parmi nous, et il semble relativement en forme, dit-elle avec un soupir de soulagement, son regard doux contrastant avec son habituelle froideur envers lui.

Ashrilm l'observa longuement, la gratitude et la perplexité se mêlant sur son visage.

— Dis-moi, que contenaient ces sachets ? demanda-t-il.

Sahava détourna les yeux, une lueur d'hésitation passant dans son regard.

— Ne t'inquiète plus pour lui. Il va bien, c'est tout ce qui importe, répondit-elle évasivement.

Ashrilm fronça les sourcils, reconnaissant le tissu des sachets, rare et précieux, qu'ils ne possédaient qu'en petite quantité.

— Je reconnais ce tissu. Nous n'en avons que quelques-uns. Tu as mis du temps pour revenir, alors dis-moi, pourquoi savais-tu que ce remède fonctionnerait ? demanda-t-il, insistant.

Sahava lui lança un regard perçant.

— Tu le sais déjà, Ashrilm. Ne fais pas semblant d'ignorer ce qui vient de se passer, dit-elle avant de se tourner pour partir.

— J'ai ma petite idée, mais je préfère en discuter, viens avec moi...

— Plus tard. Helga m'attend, je l'ai laissée seule pour venir ici. Elle doit être inquiète, répondit Sahava en s'éloignant.

Elle retourna auprès de la petite Helga pour finir de lui raconter son histoire, tandis que Ashrilm restait auprès de Etsuke, veillant sur lui avec une vigilance accrue.

Les heures passèrent, et le jeune anélien finit par se réveiller, les yeux vides, l'air égaré. Sans un mot, il se leva, ignorant les draps brûlés et son ami endormi sur la chaise à côté du lit. Il quitta la chambre et se dirigea d'un pas mécanique vers la bibliothèque du palais, le regard fixe, comme s'il était en transe.

Avant qu'il n'atteigne la porte, une main douce mais ferme se posa sur son épaule. Etsuke s'arrêta brusquement et se retourna pour voir Sahava, surprise de le trouver ici.

— Vous allez bien ? demanda-t-elle, scrutant son visage confus.

— Je... je suis où ? balbutia Etsuke, les yeux écarquillés.

— Au palais, devant la bibliothèque. Vous semblez encore troublé. Prenez l'air, ça vous fera du bien, répondit-elle avec douceur.

Etsuke acquiesça faiblement et sortit. Dehors, il leva les yeux vers le ciel, cherchant des réponses dans l'immensité bleue. Une voix douce mais légèrement inquiétante résonna dans sa tête, une voix qu'il avait déjà entendue auparavant.

— Encore toi. Cela fait trois fois que nous nous rencontrons. Le destin ne te gâte pas, à ce que je vois. Fais attention à toi, la prochaine fois pourrait bien être la dernière. Je ne peux pas te laisser jouer indéfiniment avec moi, mais tu m'es encore un peu utile.

Etsuke se massa les tempes, essayant de se rappeler où il avait entendu cette voix. Une angoisse sourde montait en lui, la même voix résonnant dans son esprit comme un écho incessant, impossible à chasser.

— Je connais cette voix... mais d'où ? murmura-t-il pour lui-même, déconcerté par la persistance de cette présence invisible.

Il resta là, debout dans la cour du palais, luttant contre l'étrange sensation d'être observé, alors que le mystère de cette voix continuait de le hanter.
Alors qu'Etsuke contemple le ciel nocturne, encore hanté par les échos de la voix mystérieuse, Ashrilm sort du palais, l'air soucieux.

— Qu'est-ce que tu fais dehors ? Tu dois être mort de faim, tu n'as rien mangé depuis hier.

Etsuke, les yeux toujours dans le vague, hoche la tête comme pour chasser ses pensées.

— Ce n'est rien, juste un mauvais rêve qui me hante. Mais ça va. J'ai déjà affronté ces démons, ils ne m'atteignent plus comme avant.

Ashrilm observe son ami avec scepticisme, voyant bien que ses paroles masquent une douleur plus profonde. Mais il se retient de pousser plus loin.

— Tu sais que je suis là si tu as besoin de parler. Sur ce, je vais manger. Tu te joins à nous ou tu préfères rester ici à parler seul ?

— Je viens. Un peu de compagnie et de nourriture me feront le plus grand bien.

Après un repas silencieux mais réconfortant, Ashrilm mène Etsuke dans la salle de réunion, une pièce austère remplie de cartes, de documents et de vieux manuscrit presque noir d'information. Le chef du district politique de la G.U.I.L.D. a une mission urgente et il ne peut plus se permettre de la retarder.

— J'ai besoin de ton aide.
— Oui, je me souviens. Tu m'as dit que si je te rendais un service, tu m'aiderais en retour. Et voilà que le destin m'a guidé ici. "répond Etsuke avec un sourire en coin, retrouvant un semblant d'humour."

Ashrilm esquisse un sourire de soulagement.

— La G.U.I.L.D. m'a envoyé ici pour négocier avec le conseil de Ghalsah. Nous voulons établir un relais fixe dans la région, mais ils posent une condition : enquêter sur la disparition mystérieuse des caravanes provenant du nord.

— Des caravanes qui disparaissent ? Ça semble curieux, mais rien de plus. Je ne vois pas en quoi cela est si étrange.

— Au début, je le pensais aussi. Mais en enquêtant, j'ai appris que des groupes de mercenaires du Balsham ont été repérés dans les montagnes de Grynberg, qui longe la mer Neddal au nord d'ici.

Etsuke fronce les sourcils.

— Que feraient des mercenaires du Balsham aussi loin au nord, et si près de la Skandibalnie ?

— Je pense savoir. Il y a peu, durant mes recherches, j'ai trouvé en suivant une caravane arrivant du nord, un marché nocturne dans le désert. C'est plus ou moins proche d'ici, dans une vieille mine abandonnée, mais ce que j'y ai vu m'a tellement retourné l'estomac que je m'en suis vidé de tout mon repas. Ce marché se livre à de la vente d'esclaves, mais le pire c'est qu'ils y vendent des enfants, à en juger de ce que j'ai vu, il semble être tous humains et de même ethnie, des Skandibalnéen. Je n'ai vu aucun enfant d'une autre espèce.
Ils sont retenus dans des conditions atroces, J'ai vu comment ils les gardent et comment ils les font obéir. Ils sont battus, affamés et certains torturés, c'était... "Il serre les poings, ses yeux brillants d'une colère contenue"

— Tu veux que je t'aide à sauver ces enfants et détruire ce marché, c'est ça ?

— Je vois que tu as vite compris. Les mercenaires enlèvent des enfants dans les pays de la Skandibalnie, actuellement en guerres de territoires, puis les envoient au marché dans des convois caravaniers, dans le but de les vendre à d'abjectes personnes.
— Tu as un plan ?
— Oui, pour les sauver, il nous faut infiltrer le marché pour analyser la mine, ses galeries, sortie potentiel et cachettes pour une éventuelle attaque embusquée. Or pour cela, il nous faut un pass. Les esclavagistes du Balsham ont une vieille coutume établie à l'époque de l'esclavagisme entre tribus dans leur pays, avant la guerre d'unification. Ils utilisent ces laissez-passer pour contrôler les personnes qui venaient acheter ou profiter des esclaves sur place. À l'entrée de la mine j'y ai vu des gens se faire contrôler avant d'entrer, j'en ai donc déduit que la coutume se perpétue encore et que les client en ont besoin d'un pour entrer. Je pensais donc te demander de retrouver les personnes à qui tu as repris Helga.

— Tu comptes te servir du leur pour entrer et exfiltrer les enfants, simple et efficace comme toujours, mais j'ai une question. S'il faut un pass comment as-tu pu voir ce qu'ils faisaient ?

— Une partie de la mine est à ciel ouvert, le centre du marché se situe à cet endroit, je n'ai pas pu voir plus que le centre du marché, mais il y a sûrement beaucoup plus de choses dans les galeries qui se situent sous terre plus loin dans la mine.

— Je vais t'aider, mais je fais ça uniquement pour obtenir ton aide. Demain j'irai à leurs recherches.
— De mon côté, je vais rejoindre un camp d'expédition de la G.U.I.L.D, caché au sud-est d'ici dans le désert. Je vais rassembler des renforts. Je reviendrai dans deux jours, sur ce je te dis au revoir.

— Je vais essayer de me changer les idées aujourd'hui pour être en forme demain, on se voit dans deux jours.

— Fais attention à toi !

— Ne t'inquiète pas.

Ashrilm part vers le relais, tandis qu'Etsuke encore tourmenté part se promener en ville une fois la nuit tombée. Il n'y a presque personne, les rues sont silencieuses, elles paraissent presque figées dans le temps. Le vent sillonnant les ruelles ajoute à cette ambiance un sifflement mélodieux et légèrement effrayant. Une fois arrivé au centre de la ville inférieure, il décide de monter vers la ville supérieure située sur une strate de roche dure plus haute dans le rocher taillé. En s'y aventurant, il a une impression assez déconcertante d'être épié de toute part.

Un homme s'approche, une odeur âcre d'alcool et de transpiration envahit la rue. Plus il s'approche, plus celle- ci est forte.

— Hey jeunot ! Hic. Comment vos tu ça soir !

Etsuke recule légèrement, grimaçant devant l'odeur.

— Bordel vous puez l'alcool, c'est insupportable !

— HOO ! ça vos pas de parler comme c'est des jons, hic!

— Vous êtes complètement torché surtout.

— Eh c'est pos gentil, puisque ça comme c'est je pars sur mon bateu faire dodo! bon nuit le méchant loup, Wahahaha hic!

Le capitaine rit et titube avant de continuer sa route en chantant, complètement ivre mais heureux.

— Il a dû bien s'amuser le capitaine poivrot.

— Et toi, tu t'amuses bien ici?

Etsuke se retourne brusquement, mais ne voit personne.

— Qui est là ?

— Répondre à une question par une question, je vois que tu as bien plus changé que père ne le pense.

Etsuke regarde autour de lui, cherchant l'origine de la voix.

— Montrez-vous, monsieur je me la joue caché dans l'ombre.

La voix ricane.

— Peut-être plus tard, en attendant profite de pouvoir te reposer dans le luxe, au revoir.

— Hey revenez ! Bordel, entre l'ivrogne et ça, cette balade nocturne commence bien.

Etsuke reste immobile un instant se demandant qu'a-t-il fait pour mériter autant de galères. Il continue à se promener un long moment avant de finir dans un bar à thé ou il passe un petit moment. Quand il sort il est presque minuit et Etsuke décide de rentrer en pressant le pas, par peur que Sahava ait fermé les portes du palais, sachant qu'elle ne lui ouvrirait pas, la connaissant.
À son grand soulagement, les portes sont encore ouvertes. Il entre discrètement, mais une voix douce l'accueille.

— Messire Etsuke votre balade c'est-elle bien passé ?
— Si on veut.

La petite Helga qui était cachée derrière Sahava s'approche de lui et le remercie timidement de l'avoir aidé.

— Mr le loup, merci de m'avoir sauvé!

Etsuke sourit brièvement.

— De rien petite.

Il monte à l'étage, silencieusement et se retire dans sa chambre, ses pensées encore embrumées par la rencontre étrange de la nuit. Dans le hall, Sahava observe sa silhouette disparaître.

— Madame, qu'est-ce qu'il a ? demande Helga.

— Il a eu une journée difficile, c'est tout. Allez, viens, il est temps de dormir, ma petite.

Etsuke s'allonge, fixant le plafond. Le poids de ses traumatismes, le mystère de la voix et la rencontre étrange de cette nuit continuent de le tourmenter, mais il sait qu'il doit se ressaisir pour la mission que lui a confiée son ami de longue date.

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