Chapitre 7: Dans l'ombre du dédale.

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Pendant ce temps, en ville, Etsuke commence ses recherches afin de retrouver les trois truands avec qui il eut une petite échauffourée.

— Bon, si je me souviens bien, c'est d'ici que je suis sorti des ruelles. Tentons notre chance pour voir s'ils sont toujours là.

Il s'enfonce à nouveau dans les ruelles labyrinthiques de Ghalsah en quête des trois brutes et retourne assez facilement sur le lieu de leur rencontre.

— Il n'y a personne. Voilà pourquoi il ne faut jamais trop espérer... Bon, il doit bien y avoir des traces de leur départ, cela ne fait que trois jours. Je devrais pouvoir trouver une piste quelconque !
Hmm... Pas de traces de pas sur le sol, il est entièrement pavé donc pas de boue séchée non plus, surtout dans le désert. La porte devant laquelle ils se trouvaient m'a l'air fermée. Voyons voir par ici...

Etsuke examine le mur effrité par l'impact avec le crâne de l'homme qu'il y avait jeté.

— J'y suis peut-être allé un peu fort, dit-il, un sourire en coin.
Ah ! Il semblerait qu'il y ait du sang séché sur le mur.

Il gratte le sang sur le mur, le met dans un petit flacon où se trouve un liquide translucide, et l'agite jusqu'à dilution du sang coagulé, donnant une teinte rose au liquide. Après quelques secondes, le liquide mousse et passe du rose au jaune.

— L'odeur du sang est plus forte... Je devrais pouvoir le flairer avec ça.

Etsuke renifle le contenu du flacon et se concentre sur l'odeur, la laissant emplir son nez jusqu'à saturation de son odorat. Il se lance donc à la poursuite de l'homme qu'il avait encastré dans le mur.
L'odeur le mène plusieurs mètres plus loin dans une autre partie des ruelles, bien plus sombres et étroites que les précédentes. Là, il aperçoit un des trois hommes qui, en voyant Etsuke, entre précipitamment dans le bâtiment devant lequel il se trouve, puis referme la porte.

— Bon, eh bien ça n'a pas été trop long !

Il s'approche de la porte et toque plusieurs fois, entendant des murmures à l'intérieur.
Il se colle à la porte et écoute attentivement.

— Les mecs, le chien fou de la dernière fois est de retour.
— Merde, pas aujourd'hui.
— Dépêchons-nous de prendre ce qu'il faut et tirons-nous avant l'arrivée du boss.

Etsuke se prépare à enfoncer la porte, mais s'arrête quand le remue-ménage se stoppe brutalement.

— Vous partez où, les amis ?
— Nulle part, Zahir. Pourquoi cette question ?

L'homme venant de parler semble avoir été pris à la gorge ; il essaie de parler, mais les seuls sons qu'il produit montrent à quel point la poigne de son agresseur est puissante.

— Ne fais pas le malin avec moi. Le boss est très énervé, et il a besoin que le soleil brille dans ce désert... alors je viens chasser les nuages.
— S'il te plaît, laisse-nous une dernière chance...
— La déesse du désert, tout comme notre boss, n'est pas très clémente. Alors garde ta salive pour lui expliquer tes fautes et expier tes conneries dans l'au-delà.

Un craquement résonne dans le bâtiment, suivi du bruit lourd de quelque chose qui se fracasse contre le sol.

— Vous n'êtes que des déchets. Vous n'imaginez pas la merde dans laquelle vous avez mis le patron.
— Excuse-nous...
— Des excuses ? hurla l'homme avant de commencer à rire. Le boss a une réputation à tenir. Vous ne travaillez pas pour un vulgaire marchand sale de passage en ville.
Mais d'accord, je vais m'excuser...

Deux petits bruits d'explosion retentissent à l'intérieur.

— Je m'excuse d'avoir sali votre repaire miteux.

Etsuke enfonce la porte, celle-ci se dégonde sous la force du coup de pied.

Une fois à l'intérieur, il se jette dans la direction d'où venait la voix de l'homme nommé Zahir.
Il fonce droit vers lui, saisissant l'opportunité de l'attaquer par surprise. Dans un mouvement fluide, Etsuke se jette sur le dos de Zahir, ses bras enserrant son cou avec la force d'un étau, cherchant à le maintenir au sol. Mais cette armoire à glace, même un genou à terre, reste stoïque.

Zahir grogne mais, au lieu de se débattre violemment, il semble garder un calme magistral.

— Descends de là, l'acrobate.

Etsuke serre un peu plus fort.

— Chut. Tu vas d'abord satisfaire ma curiosité.

Le jeune homme sent que quelque chose cloche. Zahir se contracte. Etsuke relâche légèrement la prise l'espace d'une fraction de seconde, et l'homme en profite pour le saisir par le bras et l'envoyer valser à travers la pièce.

— ARGH !!
— J'y ai presque cru un instant, mais apparemment tu n'es pas suffisamment fort.

Zahir s'approche d'Etsuke, encore légèrement sonné, et l'attrape par le col. Il le soulève comme s'il s'agissait d'un vieux vêtement.

— Alors dis-moi : comment veux-tu que je satisfasse ta curiosité ? En répondant à une question, ou bien en t'envoyant dans l'au-delà, pour que tu ailles demander aux trois incompétents qui viennent de résilier leur allégeance à la vie ?

Etsuke respire profondément et lance un regard vide et meurtrier à Zahir, tel un prédateur ayant décidé que la chasse était sur le point de finir.
Il utilise toute son agilité pour se plier et envoyer un coup de pied en pleine tête de l'imposant mastodonte qui le menace.

— Je prendrais la troisième option, si cela ne vous dérange pas.

Le jeune homme bondit vers sa lance et commence à assaillir son opposant de coups, mais celui-ci encaisse comme un bœuf. Après des dizaines de coupures, il réussit enfin à saisir la lance d'Etsuke. Ce dernier, fermement agrippé à son arme, échange un dernier regard avec l'homme avant que celui-ci ne lâche l'arme.

— Tu as du cran, mais j'ai d'autres chats à fouetter.

Il Brise une fenêtre et un puissant courant d'air se crée entre celle-ci et la porte fracassée par Etsuke, entraînant toute la poussière et le sable des rues alentour.
Profitant de cette diversion qu'il a lui-même provoquée, Zahir disparaît.

— Ce n'est pas fini... dit Etsuke en reprenant une posture de combat, mais son adversaire semble lui avoir faussé compagnie.

— Fais chier !

Une fois le courant d'air dissipé et son esprit calmé, Etsuke fait un état de la situation et reprend sa mission de base, cet affrontement lui avait tout de même laissé un arrière-goût amer.
Il se penche sur le cas des trois hommes qu'il était venu chercher. Il les regarde et analyse les blessures causées par Zahir.

— Bordel, quel genre d'arme fait des blessures pareilles ? Elles sont remplies d'éclats de métal fondu et de brûlures. Snif... Hmm... du soufre, du chlore et du métal oxydé ? Ça empeste, j'ai les narines qui piquent ! Jamais je n'ai eu à sentir un explosif aussi agressif pour le nez.
Snif... Fais chier, je ne sens plus que cette merde !
Ah... AH... Atchoum... C'est horrible, je vais devoir me passer de mon nez. Fais chier.

L'odorat bousillé, Etsuke se met à fouiller les corps et trouve ce pourquoi il était venu, mais aussi une lettre jointe à eux. Il récupère tout puis lit la lettre.

Rendez-vous à minuit, le cinq de ce mois-ci. Je vous paierai après la livraison de mon achat au marché de la Lune. En attendant, gardez la marchandise hors de vue. Faites-en ce que vous voulez, mais ne l'endommagez pas. Toute défaillance de votre part entraînera des conséquences.
O.K.A.

— Il semblerait qu'ils aient été chargés de livrer des esclaves à un certain O.K.A. Helga devait être la marchandise dont il est fait mention dans la lettre.
Ça devrait plaire à Ashrilm... Direction le campement. Vu l'heure qu'il est, je devrais arriver en pleine nuit.

Avant d'ouvrir la porte d'entrée, il s'arrête et remarque quelque chose sur celle-ci.

— Mmmh... Je vais prendre ça. Qui sait, la chasse n'est peut-être pas encore finie.

Quelques heures plus tard, au campement.

La nuit s'installe et, plus l'obscurité prend de l'ampleur, plus l'on distingue depuis le camp un trou au milieu du désert, duquel sort une légère lumière.

— Monsieur Ashrilm ! La lumière là-bas ?
— Exactement. Écoutez-moi tous ! Vous voyez cette lumière ? C'est l'ancien cœur de la mine dans lequel se trouve le centre du marché. Soyez vigilants, nous ne devons sous aucun prétexte nous faire repérer.
— Chef, regardez là-haut !

Proche du cœur de la mine se pose un petit aéronef. Ashrilm prend ses jumelles et observe l'appareil.

— Qu'est-ce que... ?
— Tu regardes quoi ?

Ashrilm sursaute.

— Etsuke, content de te voir ! Tu as mis un peu plus de temps que prévu.
— Je ne te savais pas si peureux, dit-il, un sourire en coin. Sinon oui, j'ai mis un peu de temps à les trouver, mais bref, les voilà.
— Excellent !
— J'ai aussi ça pour toi : une lettre qui parle d'une livraison d'esclaves au nom de O.K.A.
— Donne-moi ça pour voir ! dit-il, intrigué.

Ashrilm saisit la lettre et la lit. Une grande incompréhension se lit sur son visage.

— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Les initiales de la lettre me disent quelque chose... mais je dois me souvenir exactement quoi. Ça va me revenir. Cette lettre pourrait m'être d'une grande utilité pour condamner l'auteur si jamais je le trouve.

Etsuke se masse l'arête du nez en grimaçant.

— Je suis crevé... Je suis crevé et j'ai encore le nez irrité.
— Que t'est-il arrivé ?
— Les hommes à qui j'ai pris la petite ont été assassinés par un certain Zahir à l'aide d'un explosif dont l'odeur me ronge le nez.
— On a de l'huile d'Ormopnea. Mets-en dans le nez avant d'aller dormir, ça aidera à calmer l'irritation et t'aidera à mieux respirer.

— Génial.
— Sinon tu a apris d'autre chose qui serais intéressante ?

—Non, aussitôt les pass en main j'ai quité les lieux.
— Tu aurais pu faire l'effort de fouiller leur cachette. dit-il, dépité.
— Surement, sur ce je vais dormir.
— Repose-toi Etsuke et à demain.

Ashrilm, toujours aussi soucieux des détails, est inquiet. Il sait qui a écrit la lettre et cela l'empêchera sûrement de dormir cette nuit.

— Un certain Zahir... et une lettre signée par l'émir, le gardien de la cité et son bourreau, client de ce marché. Pourquoi ? Je crains que le marché ne soit que le début des problème et on auras surement plus a faire d'ici à ce que le Conseil me fasse confiance.

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