Chapitre 8: Un changement inattendu.
Le soleil s'était levé depuis maintenant quelques heures. Les membres du groupe ayant veillé rentraient se coucher dans la cahute du camp, tandis que les autres émergeaient de leur sommeil… enfin, si un vacarme ne durait pas depuis plusieurs minutes dehors.
— Qu’est-ce qu’il se passe ?
— C’est le chef et son chien de garde qu’ils n’arrivent pas à trouver de compromis sur un changement dans le plan.
— Vous voulez dire que le tocard en second cherche à changer les détails de l’opération ?
Evaal, la chasseuse du groupe et figure d’autorité dans sa branche de la G.U.I.L.D., arrive derrière les trois ignorants et leur met un délicat coup en plein sur leurs crânes d’abrutis avec la garde de son arme.
— Respectez un peu Etsuke. Il ne paie pas de mine comme ça, mais il s’agit d’un ancien membre de l’unité Alpha de l’organisation. Puis pour une fois, c’est Ashrilm qui décide de n’en faire qu’à sa tête.
— Dans l’unité Alpha ? Les standards de l’époque étaient moins stricts ?
— Aniesse, calme ton jumeau ou je le fais. Après un tragique incident, il a accepté l’offre que lui a faite l’ancien directeur. Et il est devenu le plus jeune membre à n’avoir jamais intégré l’unité. Il était au poste d’explorateur, mais il a énormément de talent dans plein de domaines.
— Continue, tu peux pas juste balancer qu’il était un membre de l’élite et juste nous laisser sans au moins une ou deux anecdotes.
La jeune femme regretta aussitôt d’en avoir trop dit, mais préféra leur livrer ce qu’elle savait plutôt que d’être harcelée de questions plus tard., elle accepte de partager ce qu’elle sait.
— Par où commencer… Il était chargé de l’exploration des zones sauvages confiées à l’Alpha, mais il s’est illustré au sein du groupe pour ses découvertes archéologiques majeures et sa connaissance des millénaires perdus.
— Vous savez quelle était son surnom ?
— De tous les membres de l’organisation qui ont fait partie de ce groupe, il a le pire pseudonyme, dit-elle en ricanant.
— Allez, crache le morceau.
— Le Loup Alpha.
Toutes les personnes dans la cahute explosent de rire à l’écoute de cette révélation.
— C’est sûr qu’à côté du Sabre Solaire, ça fait ridicule.
— Tu m’étonnes. Tu sais pourquoi il ne fait plus partie de l’unité ? Je veux dire, par exemple, que Ashrilm a été promu directeur de branche, qui est le meilleur poste qu’un membre puisse atteindre. Mais lui, il est devenu simple explorateur.
— C’est vrai ça. Il ne peut pas avoir été autant rétrogradé pour rien.
— C’est une bonne question. Personne ne le sait. Du jour au lendemain, il a juste disparu du groupe.
Pendant qu’à l’intérieur de l’abri les membres de l’expédition discutent, dehors, cela continue de s’exciter pour de simples détails… enfin, peut-être pas.
— C’est n’importe quoi. Enfin, je sais à quel point tu n’aimes pas jouer la réussite de tes plans sur des suppositions. Alors que tu proposes une chose qui pourrait compromettre l’opération, ça me dépasse.
— Je te dis simplement que j’ai toutes les preuves et que ce ne sont pas des suppositions maladroites.
Quelques heures plus tôt, avant que le soleil ne dépasse l’horizon.
La lune commençait à s'effacer dans le ciel, l'aube allait pointer le bout de son nez dans quelques heures.
— Vous êtes extrêmement matinal, Evaal.
— Tout autant que vous, monsieur Ashrilm.
— Une raison particulière ?
— Je suis allé voir le nid de dumorgh que nous avons découvert hier. Je réfléchis toujours à comment le préserver en évitant une catastrophe.
— Il est vrai que si nous suivons mon plan à la lettre, nous finirons forcément par le provoquer, même si cela n'est pas notre but.
— J’ai une idée mais j’ai besoin de préparatif particulier, cela serait un contretemps si je m'absente quelques heures pour rassembler ce dont j’ai besoin ?
— Absolument pas j'ai moi aussi quelque chose en tête, mais cela implique de modifier le plan et de prendre quelques risques.
Evaal reste bouche bée, entendre cet homme dire qui faudrait prendre des risque est plus d'inhabituel lui qui planifie toujours tout afin de ne jamais perdre le contrôle sur les événement d’une mission.
—vous entendre raisonner de la sorte est surprenant, chef. Vous êtes quand même connu comme un homme qui n’a jamais échoué à accomplir une mission.
Ashrilm rigole un peu en entendant ça.
— C’est exactement pour cela que je dois modifier le déroulement de cette opération. Je peux vous demander quelque chose Evaal ?
— Bien sûr.
— Si je ne suis pas revenue dans deux heures, envoyez Etsuke en direction de la mine.
Ashrilm part du camp en direction de leur objectif. Quant à la raison de ce départ, la jeune femme n’en sais rien et préfère ne pas trop e nsavoir pour l’instant, laissant son supérieur prendre les décision difficile.
Seulement une trentaine de minutes après son départ, il arrive à destination et commence à analyser les lieux et chercher le moindre détail suspect. En tant que membre de l'élite, il ne lui faut que quelques minutes pour se rendre compte que la mine est vide. Aucun être humain ne semble y être présent, aucun bruit, à part celui du vent frais du matin, pas non plus de lumière, seulement une longue ligne d’empreinte de pas variées se dirigeant vers… Une sortie qui mène vers le nord du site.
— Je crois que je tiens quelque chose.
Le jeune homme s’aventure plus loin que prévu, il contourne l’énorme trou qui donne sur le cœur des souterrains et arrive vers ce qui est un passage étroit d'où sort le chemin d’empreintes. Un peu plus loin, les empreintes s'effacent là où commencent trois sentiers marqués de traces parallèles.
— Si c'est ce que je pense et au vue de toutes les traces, j’ai déjà tout ce qu’il me faut pour. Le marché est protégé par quelqu’un d'assez important pour qu’il n’ai pas peur de s'installer aussi près de la ville, mais en plus de cela il ne s'en cache même pas. C'est une chance inespérée, cela réduit considérablement les risques… dit-il, un grand sourire menaçant sur son visage. Par contre j’aimerais bien savoir pourquoi et où il part la journée.
Il jeta un œil à sa montre.
-Dommage,je ne pense pas avoir le temps d’aller vérifier. Il faut en profiter, je dois vite retourner au camp.
Pendant ce temps le soleil enfin levé tire de son sommeille Etsuke, son instinct bestial ne le laisse que rarement profiter d’une grasse matinée.
Le tissu râpé de l’abri bruisse doucement alors qu’il en pousse le pan d’un geste las. La lumière pâle du matin, déjà vive mais encore douce, caresse son visage tiré par le sommeil. Il s’étire longuement, les bras levés, les os craquant avec satisfaction, tandis qu’un soupir profond s’échappe de sa poitrine.
Mais alors que ses yeux s’habituent à la clarté, quelque chose le frôle. Une sensation fugace, étrange, comme une note dissonante dans une mélodie familière. Une tension imperceptible dans l’air, un pincement au creux de l’estomac, comme si quelque chose, ou quelqu’un qu’il avait connu jadis, rôdait tout près.
Il tourne lentement la tête, les sens aux aguets, le regard fouillant les ombres encore longues du campement endormi. Rien. Et pourtant…
Soudain, une bourrasque brutale surgit, soulevant un tourbillon de sable et de poussière. Etsuke recule d’un pas, le bras levé pour protéger ses yeux. Le vent siffle autour de lui, puis disparaît aussi vite qu’il était venu.
Dans le silence retombé, une plume tournoie lentement devant lui, noire, longue, d’un éclat presque métallique. Elle se pose à ses pieds avec une légèreté irréelle.
Le regard d’Etsuke se lève aussitôt. Là-haut, dans la lumière blafarde, une silhouette s’éloigne à tire-d’aile, un oiseau ? Non. Trop grand, trop… étrange. Il plisse les yeux, mais la forme se dissout déjà dans l’horizon, là où de lourds nuages noirs s’amoncellent et avancent vers le camp.
Le malaise s’enracine dans sa poitrine, froid et familier. Quand il n'a pas une présence derrière lui.
— Bonjour mr Okaena. dit Evaal fraîchement rentré au bivouac.
— Vous m’avez presque surprise. dit la peau pâle et le regard distrait.
— Vous allez bien ?
— Oui, il n’y a rien, je vais aller faire quelques exercices dans mon coin.
Entre Ashrilm et Etsuke, la jeune chasseresse trouve qu’ils ont un comportement assez différent de d’habitude mais n’y prête pas plus attention.
— Bon j’ai du boulot je ferais mieux de m'y mettre.
Le une petite partie des membres du groupe s’éveillait dans une ambiance tamisée, presque tranquille. Le soleil, encore bas, dessinait de longues ombres sur les tentes de toile rugueuse et les quelques abris improvisés entre les pierres. L’air du matin portait une fraîcheur agréable, rare dans cette région.
Une fumée fine s’élevait d’un petit feu où mijotait une cafetière cabossée. Quelques membres de l’expédition, emmitouflés dans leurs capes, partageaient des regards ensommeillés en buvant de longues gorgées silencieuses. Personne ne parlait fort. On entendait simplement le bruissement discret du sable glissant pousser par un léger vent, le bruit de divers outils et par moments, le cri lointain d’un oiseau solitaire.
Evaal était agenouillée près d'une caisse de matériel, les mains plongées dans celle- ci. Elle inspectait minutieusement des fioles, absorbées par ces préparatif. Chaque geste était précis, mécanique, mais l’œil restait vigilant.
De temps en temps, elle levait les yeux vers la ligne d’horizon, là où Ashrilm devait bientôt reparaître. toujours inquiète de cette demande inhabituelle — « Si je ne suis pas revenu dans deux heures… » — et elle sentait, sans se l’avouer, une légère tension lui nouer l’estomac. Pas de peur. Juste un instinct qu’on n’ignore pas.
Un jeune éclaireur vint s’asseoir non loin, mâchonnant un morceau de pain.
— On a eu du calme cette nuit, dit-il simplement.
— Pas sûr que ça dure, répondit Evaal sans détourner les yeux de son travail.
— Vous avez pas vu le chef ? Je trouve ça étonnant de ne pas le voir avec nous pour le déjeuner, lui qui aime partager du temps avec sessubordoné.
— Il ne devrait pas tarder… enfin j'espère.
Il hocha la tête, puis il repartit, laissant Evaal seule.
Elle s’arrêta un instant, le regard perdu. Son esprit vagabonda vers le nid de dumorgh, aux abords du site et aux implications si leur présence réveillait cette espèce farouche. Puis elle secoua la tête, reprit son travail tout en se disant qu’elle réussirait à régler ce problème.
Un instant suspendu, comme le calme avant un changement. Le camp respirait encore dans une sorte de flottement entre nuit et jour, entre routine et décision.
C’est là qu'une voix joviale vin brisé le calme de la matiné.
— Bonjour tout le monde ! Bien dormi, prêt à s'attaquer à la suite de l’opération.
— Bonjour chef ! répondit tout le monde
— Voulez-vous un peu de café demande Nehel le benjamin du groupe.
— Non ça ira. Avez vous vu Etsuke ou il dort encore ?
— Il est parti vers le nord pour s’exercer de je que j’en sais.
Remercient Evaal pour l’information et se dirige vers la position de son bras droit.
Il s’approche sans bruit. Il connaît le rythme de son ami. Il sait qu’il s’exerce toujours les yeux bandés en arrivant à côté de lui, il marche lentement autour admirant ses lents mouvements, gestes mesurés. Sa lance trace dans l’air des courbes invisibles, comme s’il écrivait quelque chose que lui seul pouvait lire.
Ashrilm dégaine son sabre et se lance à l'assaut. En quelque fraction de seconde Etsuke bouge son corps subtilement vers l’arrière comme s’il dansait et d'un geste simple bloque la lame de son ami avec la pointe de son arme.
— Tu t’ennuies au camp ou tu viens me surveiller ?
Ashrilm sourit doucement.
— Je vien dancer, il est rare que je puisse m’entrainer avec toi..
— Tu n’attaque pas si sournoisement d’habitude.
D’un coups sec il dégage la lance de son compagnon et l’attaque de manière noble un bras dans le dos comme s' il pratiquait une chorégraphie d’escrime, mais à chaque coup, à chaque pas, Etsuke avait la réponse parfaite. Les deux hommes se livrent à une prestation magnifique entre esquive et attaque, soulèvent du sable à chaque mouvement.
Ils marquent une pause.
— Nous devons parler de quelque petit changement.
Etsuke baisse sa lance , s'étire légèrement et enlève son bandeau.
— C’est grave ?
— Pas encore. Mais on va entrer dans la partie du plan où tout peut le devenir.
Ashrilm s’approcha, tapota l’épaule d’Etsuke.
— Retournons au camp.
— Le café est prêt ?
— Il n'attend plus que toi.
Bien réveillés et pleins d’énergie les deux amis de nouveau au camp se mettent autour de la table de planification un café à la main
Ashrilm se pencha en avant, scrutant la carte déployée devant lui, tandis qu’Etsuke, les yeux fixés sur la tasse entre ses mains, dont il peine à distinguer l’odeur à cause de son odorat toujours défaillant.
— Bien, commençons, dit Ashrilm en effleurant du doigt un marqueur rouge posé sur la carte.
J’aimerais retarder d’une journée l’intervention.
Quand il entend ça Etsuke avale son café de travers et se met a tousser, choqué de cette décision.
— Garde ton calme, je sais que je suis le premier à presser tout le monde pour sauver au plus vite les enfants, mais…
— Il y a pas de mais ! Après tous tes beaux discours c’est plus que normal de ne pas être d’accord avec ce changement de plan.
— Ecoute moi ! Je n’ai pas plus envie que toi que cela dure, mais j’ai de solides preuves pour penser que le marché nocturne c’est pas le vrais problème qui plane sur Ghalsah.
— C’est n’importe quoi. Enfin, je sais à quel point tu n’aimes pas jouer la réussite de tes plans sur des suppositions. Alors que tu proposes une chose qui pourrait compromettre l’opération, ça me dépasse.
— Je te dis simplement que j’ai toutes les preuves et que ce ne sont pas des suppositions maladroites .
Ashrilm frappe du poing sur la table. la queue et les oreilles de loup d’Etsuke se dressent, comme si il se sentait menacé.
Il voit que son collègue ne rigole pas, c’est une des rares fois où il le voit réellement énervé, agacé par l'entêtement de Etsuke qui au départ ne l'aide que pour obtenir son aide et qui maintenant s'implique de manière trop rigide dans le plan de base.
Le jeune anélien respire un coups et essaye de faire preuve de bonne foi.
— Ce changement est-il nécessaire ?
— Non mais il nous éviterait sûrement des problèmes dans le cas où j'ai raison.
— Expliquez-moi en quoi il consiste.
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