Chapitre 15: Une révélation éclair.

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La nuit est tombée sur le camp, enveloppant les tentes dans les ténèbres de la nuit. Le calme n’est que de surface : derrière les ombres, l’opération a enfin commencé.
Ashrilm a envoyé le premier duo au marché, déguisé en marchands nomades, avec pour mission d’observer, de cartographier discrètement l’intégralité de la mine, enfin la partie occupée par le marché noir.
Mais son esprit n’est plus entièrement tourné vers la mission.
Ses pas le mènent à la cahute où Etsuke, enfin conscient, attend.
L’intérieur est faiblement éclairé, parfumé d’herbes séchées et de sable chaud.
Ashrilm pousse la toile d’entrée, puis s’agenouille près de la couche. Etsuke est là, éveillé, les yeux ouverts, ses iris d’habitude d’un gris pur et profond sont légèrement teintés de violet, sa respiration est stable. Il semble à la fois éveillé et encore ailleurs.

— Tu es revenu parmi nous, souffle Ashram.

Etsuke tourne lentement la tête vers lui, l’air épuisé mais lucide.

— Je... Je me souviens... d’une étrange sensation... comme un feu froid dans mes veines. Une déchirure brûlante mais indolore. J’ai senti ma conscience disparaître.

Ashrilm ne répond pas tout de suite. Il le regarde, grave, puis s’assoit en tailleur.

— Tu ne t’es pas trompé. Ce que tu as ressenti, c’était ton Éveil.

Un silence. Le mot résonne comme une clé qu’on insère dans une serrure.

— Éveil ? répète Etsuke, la voix basse.

— C’est comme ça qu’on appelle ce moment. Celui où quelque chose en toi décide de survivre à tout prix. Même au prix de ta propre nature.

Etsuke se redresse légèrement, intrigué. Ses muscles tremblent encore.

— Et c’est... quoi exactement ?

Ashrilm croise les bras. Son regard devient plus dur, plus précis. Pas sévère, mais chargé de poids.

— Ce que tu as en toi n’est pas commun. C’est hérité, profondément ancré dans ton sang. La plupart des gens ne savent rien dessus, mais d'autres font tout pour garder ce secret enfoui aux yeux du monde.

Il marque une pause, cherchant ses mots.

— Ce que tu as éveillé est un pouvoir lié à un gène rare et de moins en moins héréditaire au fil des générations. Le tien, pour faire simple, est lié à l’électricité. Et ce n’est que le début. L’Éveil est une fracture de ton âme. Un mécanisme de défense qui t’aide à survivre à son activation mais te dévore petit à petit s’il n’est pas maîtrisé.

Etsuke fronce les sourcils.

— C’est le même genre de pouvoir que tu possèdes, non ? Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé comme aujourd’hui ?

Ashrilm le regarde droit dans les yeux.

— Parce que ce sujet est tabou. Officiellement, il n’existe pas. Même au sein de la G.U.I.L.D., seuls quelques initiés connaissent la vérité. Le reste n’est que légendes, fragments, censures.
Pour ma part, je t’ai révélé que de vagues éléments parce que nous sommes amis. Mais moi-même j’ignore certains détails sur cet aspect de moi. On ne peut pas vraiment en parler à n'importe qui, et on nous enseigne seulement ce que l’on a besoin de savoir.
— Mais toi, tu dois en savoir plus, tu es quand même haut placé dans l’organisation...
— Même à mon niveau, on me cache des choses. Pour mon bien, je suppose. Je sais surtout les détails importants, comme par exemple ce que tu risques. Ce pouvoir peut être une arme ou une condamnation. Tu peux y perdre ton corps, ton esprit… ou pire.
— Pire ?

Ashrilm détourne le regard un instant. Puis il murmure.

— L’Élémentialisation. Si tu pousses trop loin, trop vite, ton âme peut se briser. Et ton corps s’évapore sous forme de résidu élémentaire.

Un silence lourd s’installe. Le genre de silence qui griffe.
Etsuke ferme les yeux un instant. Il inspire.

— Et maintenant ?

Ashrilm s’approche légèrement, adoucissant son ton.

— Maintenant, tu dois apprendre à canaliser. Trouve en toi un axe, une discipline. Une manière de concentrer ton énergie, de la stabiliser. Sans ça, tu seras un éclat d’orage en équilibre instable.
— Et si je n’y arrive pas ?
— Tu y arriveras. Mais pas seul. Et pas sans chute.
Ashrilm se lève lentement, puis pose une main sur son épaule.
— Pour l’instant, repose-toi. Tu es encore trop fragile pour porter ce fardeau. Mais quand tu seras prêt, je t’apprendrai ce que je peux. Le reste, tu devras le découvrir par toi-même.

Il se dirige vers la sortie, puis s’arrête une dernière fois.

— Encore une chose. Ce pouvoir n’est ni une bénédiction, ni une malédiction. C’est un reflet. Ce que tu en feras définira ce que tu deviendras.

Puis il disparaît sous la toile, laissant Etsuke seul avec ses pensées, son souffle, et l’écho de l’orage qu’il sent encore couler sous sa peau.

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