Il y arriva enfin. Ce grand château perché sur la montagne blanche, comme un nid en équilibre, au bord du vide. De loin, il se distinguait aussi de par sa noirceur, une tâche d’anthracite parmi les nuages.

 La porte grinçante pivota de toute sa lourdeur, dévoilant un long couloir embelli de bustes d’ébène aux motifs ciselés. Le sol illusoire était veiné de reflets blancs. Ses pas devinrent ceux du loup, et c’est la lame dressée qu’il s’avança.

 Les échos d’un rictus malsain le guidèrent jusqu’au maître de maison. Capé d’un éclat d’obsidienne, il montra sa face blême, étonné mais pas offusqué de la témérité de son invité qu’il salua bien bas avant de présager de sa mort. La rigole de sang rouille s’anima et des êtres maculés jaillirent.

 Des constellations vermillons éphémères s’envolèrent. Son corps se mut dans cet éther miasmatique, fondant sur le vampyr. De sa lame, il lui coupa la tête, dévoilant sa chair sclérosée. Puis le calme retomba avec son corps devenu poussière.

 Seul se faisait entendre le ruissellement du sang. Il ne restait plus que la cape, encore intacte, sur le marbre. Il n’avait pas besoin de trophée ou de récompense. Demain, les habitants de la région l’auront déjà oublié, eux qui avaient tant prié pour qu’on les délivre.