“Suis le vent et la foudre”. Ces mots le menaient toujours au même endroit. Du haut de la montagne, son vieux maître guettait la mer. Au pied d’un arbre millénaire, ils partagèrent une dernière fois, le nectar anisé.

 Les jambes et la tête lourdes, ils discutèrent. Son mentor lui rappela une dernière fois les leçons primordiales : la quiétude, l’attente, la magie, l’épée et la tempête. Il écouta comme il l’avait fait aux premiers jours.

 Le feu éclaira leurs visages toute la nuit, seul spectateur des débats qu’ils eurent cette nuit-là. Les parois, parcourues d’arabesques et de glyphes rituels guidaient les sages paroles que la brise se chargea de dissiper. Au petit matin, ni le feu, ni le vent ne les virent s’endormir.

 Le vieil homme comprit lorsqu’il vit Kairos : son temps n’était plus. Il tendit sa main gercée, la paume vers le ciel. Son élève y posa sa tête. Serein, ses yeux embrumés s’éclipsèrent en imaginant au loin sa dernière demeure.

 Les chagrins passèrent en trombe, sans jamais l’écraser. Les rites furent accomplis et c’est avec un deuxième fardeaux qu’il se décida à retrouver ses pairs, et bientôt, la quiétude d’un paisible voyage l’enivra.