Le premier mont des géants. Elle était là, seule, suspendue devant le soleil rougeoyant, au dessus du vent et du vacarme des hommes. Armée, elle défiait le temps et les étoiles de sa lance, les maudissant de l’avoir bannie sans son parèdre.

 Quelle importance pour elle, fière combattante et gardienne des vents et des eaux, a la mort ? seul compte son devoir. À qui pouvait-elle soumettre son étendard ? qui avait la vertu assez haute pour être protégé ? D’une divine protectrice, son exil l’avait-elle déchue en pauvre mercenaire sans combat ?

 Un minuscule point d’ivoire se dessina. Son regard impérieux le fixa. Qui allait oser se moquer de sa nouvelle condition ? Elle l’empalera comme elle l’avait déjà fait pour les oiseaux de Pazuzu. En s’approchant, la tâche s’avoua paladin et l'insupportable attente de la guerrière se dissipa.

 Présenté dans le sable, il se releva. Sa lame, missive intacte, luisait doucement. La main divine la parcourue et le rire sonore de l’amazone qui connaît sa quête retenti. Avant de partir, elle déclara son tribut au dévot.

 Jamais il n’avait imaginé avoir à se battre en duel avec elle. Elle était plus forte, plus agile et plus maligne que lui. Leurs fers s’entrechoquaient avec âpreté, chaque coup en appelant un autre et le tumulte retenti jusqu’aux oreilles d’Aurore, fâchée de voir son œuvre ainsi troublée.