Les murs d’un millier de couleurs pastel dessinaient son horizon clos. Le ciel blanc de chaux était le seul qu’elle connaissait, les zelliges tournoyant ses seules lectures , la soie et le satin ses seuls linceuls.

 Chacun de ses mouvements était une symphonie lascive aux tintements d’argent, d’or et de platine, rythmée de soupir. Et alors qu’elle se déplaçait à l’ombre des arches, ses hanches d'albâtre s’imprimaient de gracieuses oscillations.

 Assoupie et tranquille dans le sofa duveteux, avec pour seuls habits ses drapés, elle attendait de devenir une fille de l’air, farouche à l’idée du premier geste galant. Mais les eunuques veillaient, sentinelles infatigables.

 Ces inflexibles golems d’ébène à la tête ceinte de blanc, portes invisibles et pourtant omniprésentes en ces lieux confinés. Ils étaient esclaves et gardiens de leurs propres chaînes.

 Que lui voulaient les dieux ? pas encore femme mais déjà convoitée. Les ficelles, divin jeu, étaient tirées, soulevées avec minutie et celle qui voulait s'échapper retrouvera sa liberté tant aimée.