Ses pas la guidèrent dans la haute ville, où la noblesse citadine ne tarda pas à faire sentir sur elle son regard de plomb. Elle comprit qu’elle serait étrangère en tout lieux désormais mais qu’importe, dès sa prière finie, elle se fera à nouveau engloutir par la masse.

    Un petit sanctuaire niché sur la colline se dessina. Elle n’avait pas besoin du faste d’un temple ou de celui d’un palais. Juste une petite statue de calcaire, de granit ou même de bois. Bientôt, elle sera acquittée de sa fuite. Aussi absurde que cela soit, elle devait un tribut à sa liberté.

    À croire que le destin lui en veux ! un garde qui croisa son chemin l’interpella de sa voix d’autorité, sous prétexte que ses lambeaux ne seyait pas aux lieux. Aussi absurde que cela soit, elle devait porter la soie et le satin pour montrer sa gratitude.  

    La soie et le satin… qu’ils meurent dans les feux de sa révolte ! Elle s’en était libérée ! Jamais elle n’aura à les revêtir de nouveau. Remercier les dieux dans les habits qu’elle a elle-même déchirées ! Au moins retourna-t-elle dans la basse ville faire quelques libations parmi les profanes.

    Les effluves des ambres parfumaient la petite pièce bondée. Suivant l’exemple du satyre, elle s’y était rendue en se laissant guider. La tête brumeuse, elle laissa la soirée s’en aller en se demandant s’il fallait mieux être libre parmi les profanes, que croire aux êtres qui nous refusent et qui nous enchaînent.