“Quelle question idiote !”. Ce murmure chaud la glaça, pénétrant son esprit dodelinant. Une lourde main d’orichalque terni se posa fermement sur son épaule voilée par quelques lambeaux. Sa tête virevolta alors pour faire face. Encore un garde ? Non, une puissante guerrière au noble visage. Sereine, sans arme à la main.

    Sans se présenter, elle s’assit à côté de l’agile fuyante. “Ta réflexion, en plus d’être idiote, est fausse”. Ces mots, comme autant de flèches, la transpercèrent et la forcèrent à rester muette. “Si tu crois qu’ils sont libres, alors j’ai pitié de toi. Et si tu crois que nous sommes tes geôliers, alors je dois t’instruire. Suis moi et tes maux ne seront plus”. La promesse ! Faites avec autant de certitude, d’aplomb, de dédain ! Que savait elle de plus ? Elle, une espèce de grande amazone, une mercenaire ! Non.

    “Tu restes sans mot, soit, mais ne me crois pas aussi ignorante. Je suis bien au-dessus de toi. Et surtout, ne m’insulte pas, même pas dans tes songes. Considère cette rencontre comme fortuite et alors tu stagneras ici, sans direction, perturbée à jamais par la foule qui bouge sans jamais se mouvoir. Ou alors, devient l'élève, non pas du savant, mais du hiérophante”.

    Elle, qui s’était rendue ici en suivant le dieu des ivrognes, sorti au côté de la protectrice du seigneur. À la fois perplexe et intriguée par son arrogance solaire. Elles ne se connaissaient pas, pourtant l'élève suivi l’augure, aveugle, perdue et hébétée. Son chemin se révéla sous ses yeux encore embrumés.

    Les premières paroles du maître à l’élève sont d’habitude réservées aux idiots adages, à la description des maux ou à l’étalage des titres et des honneurs. Mais pas ici. La première leçon commencera maintenant.