Obole
Leurs ombres s’étalaient fièrement sur la terre battue. Elles avançaient vers les hauts, là où, quelques heures plus tôt, l’une d’elles fut repoussée. Cette fois-ci, le garde eu à peine le temps de goûter l’orichalque mordant. Une gerbe de sang, une fine brume brune, s’envola avant de s’écraser comme un crachin sur le sol encore sec.
Le bruit de leurs pas s’ancra dans les voûtes nacrées du sanctuaire. Quelques instants, elle put remercier les dieux. L’enragé, le seigneur, le guérisseur, le fier, l’ivre et la protectrice. Puis elle maudit quelques hommes et en s’en remémora d’autres. Satisfaites, elles reprirent leur chemin, et pour la première fois, aucun garde ne vint leur couper la route.
Telle fut la première leçon. À la fois violente et rapide mais aussi concise et claire. Toujours aussi impassible, la hiérophante savait déjà quel était le contenu du prochain apprentissage. Toujours impassible, le pas décidé.
Elles arrivèrent dans un lieu bouillonnant, une émulation perpétuelle, une sourde tempête où chacun forge en se forgeant, où le fer inlassablement torturé devient, ici, la matière d’un monde nouveaux. La guerrière nourrie le feu du meilleur de la terre, puis le frappa, encore et encore, créant, modelant, ciselant le divin alliage. Elle reposa les outils et laissa derrière elle quelques pièces d’argent, la somme des esclaves.
Elle tendit son tribut, la paume tournée vers le ciel. Encore chaud, l’autre s’en saisi doucement, glissant ses doigts agiles autour de la poignée enroulée de cuir. Elle cacha rapidement son trésor, se jurant de ne s’en servir que pour être utile aux Hommes.
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