Il n’avait jamais vu le désert. De toute sa vie, il n’avait connu que les pierres polies des docks, puis le bois et le métal du laboratoires et de ses alambics. Jamais le sable, les jours brûlants et les nuits glacées.

    La première nuit, il tremblait, transi. Son guide, impassible, veillait. Sans un mot, il écarta son khopesh de sa ceinture, laissant apparaître une bourse attachée. Il se mit à genoux, non loin du savant, avant de planter ses mains dans le sable. Un brasero se forma sous ses gestes. Il y déposa une poignée du contenu de sa bourse. Il s'arrêta, pria son Dieu un instant et tendit le bras vers le foyer. Un éclair jaillit du ciel. Des craquements se font entendre et la nuit se réchauffe dans un fin voile blanc.

    D’un coup, il se relève, abasourdi par sa vision. Comment ?!... Il observe alors le ciel sans nuage. La foudre ne tombe pas sur demande ! Alors, comme au temps d’avant, il demande. Le paladin répond, grave, que c’est la dernière manifestation de son Dieu, et que son Dieu avant de s’éteindre, fait naître un dernier enfant.

    Il se tut, ne sachant pas quoi répondre. Il observa le dévot perdu qui ne pouvait plus contempler les étoiles sans regret. Homme de science, s’exclama-t-il finalement, nous devons nous dépêcher. J’ai déjà vu des pères et des frères mourir, mais jamais de Dieux.

     Il n’avait jamais vu d’homme atteint à ce point. De toute sa vie, il n’avait connu que les rires des mendiants ivres, puis les méditations de son maître. Jamais les pleurs, les doutes brûlants et les larmes glacées.