La nuit s’annonçait, bientôt les loups appelleront à la chasse. En bas, les fiers paysans éreintés de leur journée, savourent sikaru et zythum en chantant. Ainsi se passaient leurs longues soirées d’hiver.

 Alors que les libations profanes continuaient à être professées en cœur, il s'interrogea sur sa vie de vagabond. Servir les dieux et les hommes en les protégeant du chaos, des êtres sombres et les empusas, avec comme seul arme la rage qu’on lui avait transmise.

 Ses doutes disparurent. Il avait une mission et sa tâche était de la mener à bien. Ainsi soit-il : il retrouvera la gardienne, où qu’elle soit. Il n’y avait pas de place pour le questionnement qui n’est d’une perte de temps qui ne sied qu’aux félons.

 Une fois la tempête intérieure apaisée, il descendit affronter le tumulte. Il se présenta sans arme à la foule devenue muette un instant alors que brave aubergiste lui tendit son tribut, dissipant l’inquiétude de la masse.

 Il écouta longuement les conversations où ni les dieux, ni la beauté n’avaient leurs places. Triste moment que celui où il se rappela pourquoi il avaient fait ce choix il y a si longtemps : ce n’est pas eux qu’il protégeait, mais lui. Ce soir là, il comprit pourquoi la magie était la barrière et non le pont.