Parfois, il y a des matins où Cyrus ne veut pas prendre son petit-déjeuner chez lui. C'est pourquoi il se rendait dans le café du coin de temps à autre. Et ce fut encore le cas aujourd'hui. Avant de partir, il s'observait dans le miroir avant de s'attarder sur sa corne gauche dont le bout était brisé. Il la caressa un instant et finalement, il prit son sac, ses clés et ferma la porte.

Après quelques minutes de marche, il était à destination. Or, il ne fallait pas qu'il s'attarde, car il avait encore du trajet pour se rendre sur son lieu de travail. Étant arrivé tôt, il n'y avait quasiment personne dans l’endroit. Et mis à part la télé et ce qui passait derrière le comptoir, il y avait très peu de bruit.

Mais pour Cyrus, rien d'extraordinaire, il était familier à cette ambiance. Cela l’aidait même à l'apaiser avant d'aller travailler. Dès qu'il était assis à sa place quotidienne, un tigre vint à rencontre et le salua : « Ah. Bien le bonjour, Cyrus.

- Oh ! Bonjour m’sieur Simon, réagitait-il, assoupi.

- Je te sers comme d'habitude ?

- Oui, s’il vous plaît. »

Pendant que le serveur préparait sa commande, le mouflon se frottait les yeux. Bien qu’il soit encore un peu somnolant, il devait rapidement se réveiller, car sa journée allait être longue.

- Et voilà.

- Merci.

Croissant, jus d’orange, et chocolat chaud. Tel était le menu comme il avait coutume de prendre ici. Une fois le repas payé, il prit soin de souffler sur sa tasse, puis porta le liquide à ses lèvres. Et cette fois encore, il se délectait de ce doux nectar. Selon lui, il n’y a rien de mieux comme boisson pour se remonter le moral. Même s'il savait qu’on le comparerait à un enfant pour boire ceci, il n'enviait pas à ses collègues qui vénèrent une toute autre mixture, aussi sombre que leurs costumes.

Pendant qu'il savourait son breuvage, son regard était concentré sur l’écran accroché au mur. Dans le poste, on pouvait voir le présentateur énoncer les titres. Puis les images défilaient avec une voix-off aussi insensible que son animateur. D'un coup, on voyait des corps dans un décor en ruine. Ensuite, des hommes et femmes en costumes, en train de discuter à pleine voix. Après cela, une inondation submerger les maisons et routes d'un village. Successivement, un docteur rappelant aux spectateurs quelles précautions prendre pour éviter toute contamination concernant une récente épidémie.

- Hé ben. Plus le temps passe, plus j'ai l'impression que ce monde finira bientôt en cendres, constata-t-il, maussade, en reposant sa tasse.