Van Oaken

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(2013 - Réalité : Van Oaken)

 Sa langue nécrosée par le gel tombe de sa bouche dans un bruit humide et répugnant. Son sang coagulé a cristallisé autour de ce qu'il reste de ses lèvres. Ses viscères et son crâne cryogénisés le font atrocement souffrir. Il convulse et s'écroule au sol, à l'image d'un pantin dont on aurait coupé les liens le séparant de son manipulateur.

 Les deux collègues en blouse blanche franchissent la vitre et s'arrêtent à ses pieds, arrivant trop tard, constatant le décès de leur sujet, l'air désolé, presque énervés.

 Van Oaken quitte alors soudainement la pièce et se dirige à l'autre bout de la clinique pour se rendre dans une chambre bien spécifique. C'est là que sont deux autres sujets secrètement liés au projet de rêve selon la variable parentalité. Pendant qu'il parcourt la clinique, ces deux sujets sortent de leur chambre. Ils restent plantés là, les yeux clos, ne sachant pas quoi faire. C'est alors que les flammes jaillissent, gravissant les murs, s'infiltrant dans le faux plafond. Il n'y a qu'une chose à faire, fuir. Ils quittent le couloir et parcourent silencieusement la clinique à la recherche d'une échappatoire à cet enfer qui rugit derrière eux. C'est une course effrénée qui les guides dans les méandres de ces laboratoires. Les deux individus luttent et ne désespèrent pas. Rapidement, ils atteignent le cœur de la clinique et tombent nez à nez avec le maître des lieux. Ce dernier s'empare d'une tablette tactile, entre quelques codes avant d'accéder à son programme de contrôle.

 Alors, en silence, le jeune couple s'approche de lui puis ils s'arrêtent brusquement, les yeux vides. Comme possédés, ils ne semblent plus décisionnaires de leurs actions. C'est Van Oaken qui leur imposent quoi faire. Désormais, il a l'emprise sur eux et leur rêve toujours en cours.

 Ils se laissent alors manipuler par cette force extérieure qui les incite à grimper sur un brancard qui stagnait dans le hall, avant de laisser ces quelques mots s'échapper :

  — Je …

  — Moi non plus.

  — Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Est-ce que … ?

 Un court silence s'installe, puis l'un d'eux reprend :

  — J'ai l'impression qu'il faut qu'on …

 Il s'arrête, comme prisonnier de son propre esprit. Ils se regardent l'un l'autre avant de se placer côte à côte, séparés d'approximativement un mètre, debout sur ce brancard. Ils regardent dans la même direction, tournant le dos à ces flammes écarlates qui progressent derrière à eux, face à Van Oaken. Ils agissent comme des clones, dans une parfaite synchronisation. Ils tendent simultanément leurs bras gauches au ciel et attrapent chacun une des baguettes en ferraille qui maintiennent le faux plafond. Ils les rapprochent de leur abdomen, les plaçant à l'horizontale, la partie tranchante la plus proche de leur main sur leur ventre. Puis, sans un mot, ils tirent avec une parfaite harmonie leurs lames qui entament profondément leurs abdomens d'un simple mouvement linéaire, lentement, mais avec force. Ils laissent alors pendre leur bras, baguettes en mains, laissent tomber à terre leurs armes de fortune, avant de s'effondrer sur le carrelage. Leur chute violente due à la hauteur du brancard permet à quelques brides d'intestins de s'extraire des corps. L’hémoglobine est abondante et la flaque de sang progresse maintenant entre les carreaux.

 Alors qu'ils dépérissent lentement, Van Oaken saisit ces deux victimes par les cheveux, les traînant jusqu'à la cage d'escalier la plus proche. Toujours maintenues par le cuir chevelu, il les tracte et les fait descendre, leurs corps frappant les marches. Arrivé dans les sous-sols de la clinique, il parcourt les couloirs, les corps des victimes toujours maintenus tels des sacs de pommes de terre. Il les entrepose enfin dans une sorte de pièce bunker alors qu'ils commencent à reprendre connaissance. Au même moment, deux pompiers factices arrivent avec le sujet de référence. Trois assistantes de soins et un chirurgien les prennent en charge. Les trois victimes resteront en vie.

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