Vélo
Mes matins étaient plutôt simples : balade de Gutalax l’Immonde, puis direction chez Max avec le portable de ma sœur, nouvellement réparé, une routine qui me plaisait énormément.
Sur la terrasse, disproportionnée à côté de la piscine, toujours installée sur un transat, la mère de Max lisait en sous-vêtements, ce n’était clairement pas un maillot de bain. Je fis mine de ne rien voir… enfin, je l’espérais
- Bonjour Isaac, pas de valise aujourd'hui, juste un sac ?
- Je voyage léger.
- T'as survécu sans ton ordi ?
- J'ai réparé le portable de ma sœur, je l'ai dans le sac.
- Un zeste de motivation, et te voilà réparateur d’ordis.
Je me dirigeai dans la chambre de Max, il etait déjà sur notre serveur Minecraft, et au vue de ce que je voyais, il avait bien avancé.
- Je suis dessus depuis sept heures : l’infirmier m’a réveillé, et je n’ai pas réussi à me rendormir. Par contre, j’ai bien avancé.
- T'as bien raison, bon faudra qu'on regarde pour ouvrir le serveur comme ça je pourrais jouer dessus depuis chez moi aussi.
- Carrément, vas-y, va dans les paramètres réseaux, ça doit pas être sorcier, un port à ouvrir, un mot de passe et c'est parti.
On a bidouillé un moment, et avec quelques tutos trouvés sur internet, notre serveur était accessible depuis l’extérieur. Trop facile.
Je partis chercher deux cafés après toutes ces manipulations, pour enfin pouvoir commencer à jouer. On se lançait dans notre univers virtuel, bien loin de notre vie avec nos discussions sans grands intérêts.
- T’as des idées pour après le bac ? me demanda Max.
- Déjà faut qu'on l'ait.
- Tout le monde l'a.
- C'est pas faux, je sais pas, il y a l'IUT pas loin avec un truc d'info je crois.
- Ouais, pareil, je crois aussi.
- C'est sur concours ?
- Non, sur dossier je crois.
- Et merde, ils nous prendront jamais.
- Oui, ou il faudra bosser l'année prochaine.
- Aucune chance.
- C'est sûr ça. Putain fait gaffe le creeper!
- Et merde...
Vers midi, Max s’endormit sans demander son reste, manette à la main. Je descendis pour aller manger la cuisine élaborée de sa mère : des lasagnes surgelées, aujourd’hui.
- Alors comme ça on a ouvert son serveur Minecraft à l'extérieur ?
- Comment vous savez ?
- J’ai eu une vie avant d’être prof de techno : je gère les réseaux de toute ma maison, et je vois tout. Débrouillards… quand vous êtes motivés.
- Des génies incompris, je vous dis, madame.
- Ça reste juste un serveur avec plein de tutos sur Internet, faut pas s'enflammer.
- Ça, c'est votre côté professeur qui revient, madame.
- Le côté, j'aimerais éviter d'avoir une porte d'entrée sur mon réseau non sécurisée par des gamins qui n'y connaissent pas grand-chose.
- J'ai réparé un PC hier.
- Trop de poussière et il démarrait plus ?
- Comment vous savez ?
- C'est très souvent trop de poussière.
- Vous êtes balèze en informatique en fait.
- Je me débrouille.
- Vous êtes une geek caché?
- Sois pas insultant jeune homme, l'informatique est un vaste monde. Glace et livre ?
- Pourquoi pas, je ramène tout ça, je m'en occupe.
Je débarrassai les assiettes et ramenai un plateau avec les glaces et les livres. Elle était déjà sur son bain de soleil et me regarda, ne pouvant me détacher de sa culotte un peu transparente, laissant apparaître ses poils intimes. Je posai le plateau sur une table basse, faisant mine de ne rien voir. J'enlevai mon t-shirt et appliquai la crème solaire. En vrai, je n'en avais pas besoin dans le dos, étant allongé sur le transat.
- Les jambes, ça bronze aussi, tu sais.
- J'ai pas de maillot.
- Je suis en petite culotte, fais comme chez toi.
- Dans ce cas-là, il faudrait gueuler pour parler, c'est le seul moyen communication viable chez moi.
Elle explosa de rire.
Je fis glisser mon short qui m'arrivait aux genoux. C'était presque intimidant en vrai, elle ne me lâchait pas vraiment du regard et ne s'en cachait absolument pas.
- Tu vas finir bronzé à la fin de l'été, je te l'assure.
Et je lus le livre entre deux cuillerées de glace vanille avant d'entendre Max hurler pour m'appeler. Je connaissais mieux cette méthode de communication. Et je me rendis compte que les pages du livre passaient à toute allure.
- T'en fais pas, c'est pas les livres qui manquent ici, oublie pas ton short.
Ah oui, merde, je le remis et filai dans la chambre de Max.
- Pas trop relou, ma mère ? Des fois, elle est chiante.
- Non, ça va, elle me nourrit.
- Surgelés power.
- Oui, c'est ça, chez moi, c'est pâtes power, c'est pas mieux.
- Elle va passer son été à poil à bronzer et lire.
- On est pas beaucoup mieux.
- On est pas seul au moins.
Étonnamment, cette phrase me sembla d’une violence inouïe envers sa mère. On reprit notre partie de Minecraft jusqu’à ce que les médicaments fassent effet et qu’il sombre dans le sommeil. En redescendant, elle était toujours là, en bas, sur son transat, plongée dans sa lecture. Et soudain, cette image me frappa : si je ne connaissais pas Max, on serait chacun de notre côté – moi devant mon écran, lui devant le sien. On serait seul pareil . Je n’avais pas d’autre pote. Lui non plus
Le Bavax 3000 attendra un peu pour sa balade du soir. Je me dirigeai vers le transat.
- Je peux finir mon chapitre ?
- Tu peux rester autant de temps que tu veux, par contre, c'est des transats où seuls les maillots et les sous-vêtements sont autorisés. Il faut forcément bronzer pour être dessus.
Je mis en caleçon et lus bien une heures ou deux à côté de la mère de Max avant de me relever.
- Merci, c'est gentil d'être resté un peu avec moi à côté pour lire.
- Je voulais surtout finir mon chapitre.
- Oui, bien sûr.
Aucune chance qu'elle croie à mon histoire. Je rentrais chez moi pour ma routine du soir : promenade du chien, Minecraft sur le serveur avec le PC portable, porno, dodo. Et il n’y avait plus qu’à recommencer.
Le lendemain matin, il y avait un petit vent pas désagréable du tout pour contrer la chaleur. Et mon Bavax favori ne se fit pas prier une seconde, il semblait ravi de ce petit vent pour sa balade matinale.
En arrivant chez Max, elle était là sur son transat à lire un livre.
- Bonjour Isaac, ça va ?
Cette question me surprit, c'est bien la première fois qu'elle me la posait, je crois.
- Oui, madame, et vous ?
- Pas vraiment, Maxou n'est pas en forme, il a eu mal toute la nuit, et aucun médecin ne veut venir, l'infirmier l'a shooté, il dort.
- Je peux appeler mon médecin, il dira jamais non à moi.
- Je voudrais pas abuser, tu sais.
- Oh non, il est gentil, docteur Meccard.
Je sortis mon téléphone et appelai sur son téléphone directement.
- Bonjour docteur, c'est Isaac, je peux vous demander un service pour un ami ?
- Oh bonjour Isaac, ça va mieux ton mal de dos ?
J’avais oublié ce mensonge éhonté pour allonger mes vacances. J’étais sûr que le doc se rappelait de toutes les maladies que j’avais eues depuis ma naissance.
- Oui, beaucoup mieux, j'ai fait un peu d'étirements et du sport.
La mère de Max n'en revenait pas de mon mensonge.
- J'ai un ami qui est bloqué chez lui suite à un accident et aucun médecin ne veut venir alors qu'il semble pas en forme.
- Je peux venir à onze heures si c'est pas trop loin.
- C'est aussi loin que chez moi.
- Envoie-moi l'adresse par message alors, à tout à l'heure, Isaac.
Il raccrocha aussi sec.
- Onze heures, madame, il est vieux mais il est bien.
- Merci beaucoup.
- Je suppose qu'il dort du coup ?
- Oui.
- Lecture alors.
Elle avait déjà posé le livre sur la table basse. Je fis tomber mes affaires, passai la crème solaire et me mis à lire. L'heure passa à toute vitesse et la voiture pourrie du docteur arriva. Je remettais mes affaires et elle passa une longue robe. Elle accompagna le doc en le remerciant mille fois, et il réapparut près d’une heure plus tard. Le docteur Meccard était une vraie piplette intarissable.
- Je vous ai mis les nouveaux médicaments ça devrait aller Madame, un petit coup de moins bien. Bonne journée. Ah et Isaac, on n'oublie pas la crème solaire avec ce soleil.
Et il repartit dans son tacot.
- Rien de grave ?
- Non, il pense à une mauvaise réaction à un médicament, il en a mis un autre sur l'ordonnance. Je peux te laisser, je vais les chercher. Max est réveillé.
- Pas de soucis, madame.
Je me dirigeai vers sa chambre : il n’avait clairement pas l’air en forme, à voir sa tête.
- Tu douilles ?
- Ta gueule.
- Je vais prendre ça pour un oui, tu veux un truc ?
- Plus avoir mal, bordel.
- Là, je vais pas trop pouvoir t'aider, je le crains.
- Ramène la manette, ça sera déjà un bon début.
Et on joua jusqu'à ce que sa mère lui donne un nouveau médicament qui fut radical, il s'endormit manette à la main. Même le plus vaillant des geeks sombre !
En redescendant, sa mère avait déjà enlevé sa robe.
- Merci infiniment pour le médecin.
- De rien.
- Du coup, congelés de luxe pour toi, du saumon.
Dit-elle en rigolant, surtout soulagée qu'un doc soit passé voir Max.
- Vous savez, il va s'en remettre.
- Oui, mais être mère, c'est compliqué quand on voit son bébé dans cet état.
- Sacré morceau, le bébé.
- Il restera toujours mon bébé, pour ta mère aussi, je te l'assure.
- Si seulement ou elle ne le montre trés différemment alors.
- Être parent, c'est la merde, lui en veux pas.
- Ça, je veux bien le croire.
Le petit vent agréable du matin avait cédé la place à une chaleur écrasante. On termina de manger avant de reprendre nos livres et nos glaces respectives.
- Je peux squatter la piscine ?
- Elle est là pour ça.
- Ah merde, faut que je sorte mon maillot de la chambre de Max.
Elle leva les yeux au ciel, posa son livre avant de se glisser dans la piscine.
- Oh non, je suis dans une piscine en sous-vêtements, terrible.
- Vous vous foutez de moi là, j'ai l'impression.
- Non, j'oserais pas, jeune homme.
Je me jetai dans l’eau, et ça faisait un bien fou
- Vous n'aimez pas les maillots de bain ?
- Ça serre trop, je trouve, j'espère que ça ne te dérange pas ma lingerie.
Je ne sus trop quoi répondre, quelque peu gêné de la situation.
- Décrispe-toi Isaac, c'est qu'une culotte et un soutien-gorge. Ça t'en aurais eu du succès à la plage si dès qu'une fille vous parle de culotte, tu sembles choqué.
- C'est que vous êtes prof.
- Appelle-moi Isabelle et tutoie-moi si ça peut t'aider.
- Avec le lycée, je préfère pas madame.
- Comme tu préfères, jeune homme.
On ressortit assez vite de l'eau, mais ça faisait un bien fou. Elle faisait comme si elle ne voyait pas que son soutien-gorge et sa culotte trempés étaient presque transparents. je restais bloqué sur sa poitrine et son sexe.
- Un problème ?
- Non, rien, je cherchais une serviette.
- Avec cette chaleur, pas besoin je pense.
Clairement la tentative d’esquive la plus nulle au monde… mais elle fit semblant de rien. J’étais sec en cinq minutes.
Je retrouvai Max vers quatorze heures. Il était à moitié groggy : on fit une partie, mais il était trop dans le gaz. On lança un film,il s’endormit en cinq minutes. Alors je retournai à mon transat.
Je finis mon premier livre de ma vie hors école et j'avais même un début de bronzage au coté de sa mère.
- Maintenant que tu es expert en livres, demain on passe à un pavé sauf si tu veux la suite de Fondation.
- Y'en a beaucoup?
- Oui, c'était juste le premier cycle, là.
- Essayons autre chose.
- La Compagnie noire, cycle un, mille pages.
- Je risque de vous tenir compagnie un petit moment.
- C'est pas pour me déplaire, bonne soirée, Isaac.
- Bonne soirée, madame.
Je montait sur mon vélo et avant de partie elle m'interpella.
- Oh, je sais parfaitement que mes sous-vêtements étaient transparents en sortant de la piscine, tu feintes mal l'innocence, jeune homme.
Elle retourna sur son transat, fière de sa provocation, me laissant béat sur mon vélo.
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