Chapitre 3
( point de vue Raphaël)
- Émilie a mangé le goûter de Romain aujourd'hui. Après elle a couru et Romain a couru derrière elle mais il ne l'a pas attrapée. Après la maîtresse est venue, elle a dit à Émilie de dire pardon mais Émilie a commencé à pleurer....
Tout en dessinant un nuage rose et un ciel violet j'écoute ma nièce me raconter ses péripéties de la journée. Maevis alterne des moments de concentration où elle s'applique du mieux qu'elle peut à ne pas dépasser les bords de son dessin. Et des moments où elle rebondit sur ses pieds, toute excitée de me raconter que finalement Nora, l'amoureuse de Romain a tiré les cheveux d'Emilie pour que cette dernière s'excuse. Je m'amuse à lui poser des questions tout en coloriant avec elle ce petit paysage aux couleurs douteuses, choisi par les soins de ma nièce en personne.
Je relève la tête pour voir ma sœur toujours et encore dans la cuisine. C'est son refuge, sa façon de s'extérioriser. Son regard est loin, ses gestes sont mécaniques. Elle agit comme un robot en marche. Mon regard balance continuellement entre Vanessa et mi princesa. Un œil sur l'une, un sourire pour l'autre.
L'idée qu'on puisse douter du dévouement de ma sœur en tant que mère me révolte. Elle est formidable. Elle est prête à tout pour le bonheur de sa fille. Et moi je compte bien l'accompagner et la soutenir dans cette période.
Hélas, il me faut encore six mois, six mois pour finaliser mon stage, prêter serment et devenir avocat. Cela aurait été tellement plus simple si c'était déjà le cas. On n'aurait plus de problèmes financiers et je pourrais concrètement défendre ma sœur vu que je suis spécialisé en droit de famille. Mais ironie du sort, je passe ma journée à écouter les différents problèmes familiaux des autres. Arrivé aux notre, je me retrouve bloqué, incapable, manquant encore de six mois pour pouvoir agir définitivement.
J'essaie de peser le pour et le contre, de dresser une liste de tout ce qui peut être en notre défaveur. Mais il n'y a plus difficile jugement que celui de soi-même. Je n'arrive pas à faire la part des choses. Nessa et Maevis sont mes merveilles.
Je me remémore encore la naissance de Maevis, un an après notre arrivée en France. Nessa avait le teint pâle, les cheveux collés au front, les sourcils froncés, mais paradoxalement son visage rayonnait plus que jamais.
On avait emmené notre petit ange pour le laver et l'habiller. Vient alors le moment où une des infirmières demanda à Vanessa quel nom voulait-elle donner à son enfant. Les pupilles vertes de ma sœur remontèrent subitement vers moi . Son accouchement est arrivé plus tôt que prévu et faute d'avoir fait plusieurs listes de prénoms, elle restait toujours indécise, désirant que ce dernier soit parfait.
L'infirmière avait à présent elle aussi les yeux braqués sur moi , s'impatientant d'obtenir enfin une réponse à écrire dans le bracelet. Aucun examen n'avait jamais été aussi crucial que celui-ci.
Moi, j'avais déjà ma petite idée contrairement à ma sœur. Mais je désirais tout de même m'assurer d'avoir l'autorisation de cette dernière. Je ne voulais pas lui voler ce droit. Comprenant sûrement mon hésitation, Nessa hôcha la tête en ma direction. Elle me donnait le privilège de nommer cette petite merveille.
On a toujours tout partagé, mais ce moment était exceptionnel. C'est alors avec un sentiment d'honneur et de fierté que mes lèvres prononcèrent le mot "Maevis".
Un prénom qui mélange "Mavis" dérivé de "amabilis" et signifiant "qui mérite d'être aimé" , avec le prénom "Maëva " qui veut dire en Polynésien "bienvenue" .
Le sourire de ma moitié me confirmait qu'elle approuvait ce choix. Et c'est dans cette ambiance douce et paisible qu'on accueilli cette nouvelle membre de notre famille.
Une notification apparaît sur l'écran de mon téléphone, m'arrachant ainsi à mes pensées. Maevis tend la tête pour voir ce que c'est mais je l'en empêche en lui faisant une pichenette sur le nez. Elle proteste en lançant un "tio!" réprobateur, mais son sourire plein de malice lui enlève toute crédibilité. Je consulte mon téléphone me répétant une des règles de bases : Un dossier solide fait un bon avocat. Plus j'ai d'informations, plus les chances de gagner une audience augmente. Donc si je veux défendre Nessa, il me faudra les bonnes sources.

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