Chapitre 8

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Meubles dépoussiérés. Vitres essuyées. Chambres rangées. Cuisine nettoyée.
Je vérifie à nouveau toutes les pièces de l'appartement. Aujourd'hui Madame Dupont vient chez nous. Après l'entretien de la dernière fois, il a été décrété qu'une visite à notre lieu de résidence était essentielle. Ce jour là est arrivé et je ne veux rien laisser au hasard. Monsieur Lebrun qui était resté dans le salon, regarde lassement sa montre, désirant en finir le plus rapidement possible. Il a arrêté de me suivre après mon deuxième tour de vérification de la maison.

Cet homme aux cheveux grisonnants est un avocat que Raphaël m'avait présenté. "Il nous aidera dans notre affaire." M'avait-il affirmé. Effectivement dès son arrivée, il avait rédigé un mémoire en défense, exposant l'altercation de l'école sous un autre angle. Ce dernier justifie mon comportement, assigne les propos et agissements de la mère de Zack et regroupe les témoignages de mes collègues et voisins concernant ma relation avec ma fille.

Monsieur Lebrun est compétent. Je n'en doute pas. Mais je ne peux m'empêcher de me méfier. Cette histoire de compromis dont m'a parlé mon frère m'inquiète. Je ne connais pas les détails mais tout cela m'a l'air louche.

D'ailleurs, mi mellizo n'est pas là à cause de son stage d'avocat qui lui prend beaucoup de temps. Sa présence me manque. Mais je sais que même de loin, il veille sur moi. Ses paroles et son soutien sont ma plus grande force.

Dix minutes plus tard, Madame Dupont arrive et l'inspection de notre appartement commence. Elle examine chaque pièce de fond en comble. Elle prend des clichés, écrit des notes, pose des questions tout en décortiquant le moindre mot prononcé. Pour la plupart du temps je laisse Monsieur Lebrun gérer la conversation et répondre aux interrogations de l'assistante sociale.

La visite touchant à sa fin, je vois l'avocat me faire signe que tout vas bien. Chaque membre de mon corps fourmille d'excitation. Si cette visite tourne en notre faveur, la garde de Maevis m'est assurée. Ce passage de ma vie clos, je pourrais enfin souffler un coup et reprendre mon quotidien.

Mais alors qu'on raccompagne Madame Dupont à la porte. J'entends un crépitement provenir de la cuisine. Je crois d'abord à une hallucination. Mais le bruit recommence et cette fois ci je ne suis pas la seule à l'entendre. Mon sang se glace. Un pressentiment grandit en moi. Et voir l'assistante se dirigeait vers la source de ce grésillement ne fait qu'augmenter mon malaise.

Arrivée sur le seuil de la porte, un nouveau crépitement se fait entendre accompagné cette fois ci d'une panne d'électricité et suivi de près par le son d'une explosion. Madame Dupont crie en se couvrant le visage, Monsieur Lebrun a un mouvement de recul et moi je me pétrifie sur place. Ça ne vient pas vraiment d'arriver. Non. C'est impossible.

- Que vient il de se passer? Demande l'assistante ayant repris ses esprits.

N'attendant pas une réponse, elle se dirige à nouveau vers la cuisine et y pénétre. Des bouts de verres sont éparpillés au sol. C'est la lampe qui a explosé.

- Est-ce la première fois ou cela vous ai-t-il déjà arrivé ? Questionna Madame Dupont à mon intention.

- Ce n'est jamais arrivé, je vous le jure. M'empressai-je de répondre.

- C'est évident qu'il s'agit d'un incident isolé, Madame Dupont. Il n'y avait aucun problème au début, et vous en êtes témoin. Tout cela est survenue soudainement. Je peux tout de même vous assurer que le concierge sera informé immédiatement et que tout sera réglé très vite.

Le discours de l'avocat semble calmer les soupçons de l'assistante sociale mais cette dernière ajoute quand même :

- Peut-être. Mais par précaution, je vais demander qu'un électricien vienne vérifier l'installation. Il faut s'assurer que tout est conforme aux normes de sécurité. Tant que le rapport n'est pas rendu, je ne peux donner d'avis définitif sur la garde de votre fille. Si le logement est déclaré sûr, cela jouera en votre faveur. Sinon... il faudra envisager une solution temporaire, le temps de tout remettre en état.

Elle range son carnet, un léger soupir entre les lèvres.

- Je vous recontacterai dès que le contrôle sera planifié.

Sur ces paroles, elle quitte l'appartement. Mes yeux fixent le sol. Là où se trouve les bouts de verres cassés de la lampe. Je me laisse glisser le long du mur, les jambes repliées, j'enfuie ma tête dans mes bras. Je visualise dans mon esprit l'image de Maevis et Raphaël. Imaginant ce que mon frère me dira s'il était là. Il me lancera sûrement un "bruja".

Je me souviens de la première fois où il a utilisé ce surnom pour me désigner. On avait huit ans à l'époque. Après une énième dispute, je m'étais lancée à sa poursuite pour régler nos comptes. Mais arrivée à son hauteur je trébuchais et l'entraînais dans ma chute.

Nous étions tombés dans une mare située pas loin d'où est ce qu'on habitait. Cette étendue d'eau était connue pour être une des places favorites des grenouilles. Donc lorsque en tombant dedans j'avais sentie quelque chose effleurer mes lèvres, je m'étais relevée aussitôt en criant

- Beurk je crois que j'ai embrassé une grenouille!

Mon frère avait aussitôt répondu :

- Puisqu'aucun prince n'est apparu, cela prouve bien que t'es une bruja.

Et c'est avec toute la répartie que j'avais que je lui hurlais un :

- Cretino!

Depuis ce jour, ces surnoms nous ont suivi. Si au début je n'aimais pas le mien , j'avais fini par l'apprécier avec le temps, me disant que de toute façon, les sorcières avaient des pouvoirs et étaient plutôt fortes.

Le seul détail que j'avais oublié c'est qu'elles n'avaient jamais une fin heureuse.

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