Chapitre 9

4 minutes de lecture

(point de vue Raphaël)

- Suite aux pluies abondantes de ces derniers temps, l'eau a infiltré les murs et les câbles électriques ont été touchés. Cela a causé un court circuit qui a mené à l'explosion de la lampe.

La tête entre les mains, je rapporte à Lebrun le diagnostic de l'électricien.

- À quel point les dégâts sont-ils graves ? Et combien de temps les travaux dureront ? Me demande-t-il pour mieux évaluer la situation.

- Il nous faut d'abord, trouver un maçon pour régler l'infiltration d'eau. Ensuite, un électricien qui changera les câbles, une fois qu'ils auront séchés.

Je soupire en me laissant aller contre le dossier du fauteuil.

- Mais ce qui pose réellement problème, c'est les pluies qui continuent. Ni le maçon, ni l'électricien ne peuvent travailler tant que le mur n'est pas sec. Eau plus électricité, ce n'est pas la meilleure formule à essayer.

Faisant rouler un stylo entre ses doigts, Lebrun conclue :

- En clair, vous n'avez plus de logement.

Je souris ironiquement et confirme :

- Vacances à l'hôtel, depuis deux jours.

On devait donc, trouver un nouvel appartement et vite. Mais malheureusement l'hiver n'est pas la meilleure saison pour déménager. Surtout si le budget est limité.

- Tout cela tombe mal. Si d'ici le jour d'entretien de suivi, vous n'avez pas un domicile fixe, l'assistante sociale risque de demander aux autorités un retrait temporaire de la garde de Maevis. Précise notre avocat.

Je sais, d'où l'urgence de la situation. Entre le dossier de Maevis et les frais de l'hôtel et du nouveau loyer, je ne sais plus où donner la tête.

Je n'imagine pas qu'on puisse perdre la garde de Maevis. Depuis ma naissance, la personne qui comptait le plus pour moi était Nessa. Je n'aurais jamais pensé, que je puisse aimer une autre autant.

Un raclement de gorge me fait relever la tête. Lebrun qui jusque-là m'avait laissé un moment de répit, finit par me rappeler notre accord :

- Dans un autre temps j'aurais peut-être compati avec toi Sanchez, mais tu vois, moi aussi j'ai un frère à qui je dois penser.

Je ferme les yeux un court instant. C'est donnant donnant. Je me convaincs d'avoir fait le bon choix.

Chaque bouffée d'air me brûle la trachée. Ce que je m'apprête à faire est considéré comme violation du secret professionnel. Je vends des informations confidentielles concernant mon lieu de travail.

Si on le découvrait, je serai suspendu avec interdiction d'exercer le métier. Je pourrais même être suivi juridiquement. Et vu le caractère de Dominique, cela serait même probable. Je ne pense pas qu'il appréciera le fait de divulguer les dossiers de son épouse.

- Alors ? M'incite Lebrun, agacé par mon mutisme.

Je ne réponds tout de suite, faisant durer encore un peu le silence. J'ai beau avoir les pensées en vrac, je préfère tout de même garder la face. Sinon je serai l'auteur de ma propre défaite.

De toute façon je n'ai pas le privilège du doute. Je ne peux plus reculer, maintenant. Si je ne lui donne pas ce qu'il veut, il racontera notre petit accord à Dominique. J'ai une chance sur deux de réussir, et je la saisie.

- Ton frère n'est pas le seul fautif de l'accident. Finis-je par préciser.

Lebrun se redresse sur son fauteuil et pose les coudes sur la surface de son bureau.

- Comment ça ? Demande-t-il impatient d'en savoir plus.

Je tapote l'accoudoir avec mes doigts laissant le temps filer. Dans notre situation je suis en position de faiblesse mais cela ne m'empêche pas d'avoir un minimum de contrôle.

- 23h30, Traverse Sainte-Madeleine. Afin d'éviter la circulation, ton frère emprunte le sens interdit. Mais quelques mètres plus tard dans la pénombre de la nuit, il finit par percuter un autre véhicule dont le conducteur est à l'hôpital en ce moment. Si on regroupe ces informations, ton frère risque jusqu'à deux ans de prison, 30 000 € d'amende et retrait de permis.

J'expose à nouveau les faits pour rappeler à Lebrun l'enjeu de la situation et souligner par la même occasion mon importance.

Tout en guettant sa réaction, je continue :

- Un détail a été dissimulé, dans cette affaire. Le deuxième conducteur était en excès de vitesse. Si tu arrives à prouver que la victime a sa part de responsabilité dans l'accident, ton frère pourra bénéficier d'une réduction de peine.

Aussitôt dit, Lebrun bondit de sa chaise et lance un appel téléphonique en faisant des vas et viens dans son bureau.

Jugeant que notre conversation était fini, je prends le chemin de la sortie. Mais arrivée au seuil de la porte, Lebrun me lance :

- Je compte sur ta collaboration, Sanchez.

Mon dos se raidit mais je garde une posture droite. Mon visage à moitié retourné, je l'aperçois me sourire.

Ma collaboration était obligatoire c'est ce qu'il insinuait. Au cas contraire j'en assumerai les conséquences. Je lui retourne son sourire en hochant la tête.

Pour l'instant j'accepte mon infériorité. Je dois rester discret, le temps de trouver une faille, soit chez Lebrun, soit chez Dominique.

Je ne suis pas prêt à m'exposer. Donc, je me fonds dans l'ombre, jusqu'au jour où je pourrais enfin assumer la lumière.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Aria_06 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0