Chapitre 10

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- C'est chaud, c'est chaud ! S'exclame Maevis en sautillant sur place.

- Non! C'est froid, riposte Lucas, on a changé de cachette.

- Ah oui! Enfaite non mama, c'est froid! Se corrige ma petite fille.

Je rigole en continuant à chercher la voiture qu'ils avaient cachée.
Sophie m'a invité à passer la soirée chez elle. Elle m'a même proposé de m'héberger le temps que je trouve un nouvel appartement. Cette femme est la définition de la bonté. Mais je décline tout de même son offre, je ne veux pas les déranger, son mari et elle. Surtout que leur maison n'est pas aussi spacieuse.

- Oh c'est brûlant ! S'exclame le fils de la rouquine, lorsque je m'approche du meuble d'entrée.

Je brandis le jouet dans l'air en lançant un :

- Trouvé ! C'est à votre tour maintenant, fermez les yeux.

Cette fois-ci, c'est moi qui cache le jouet et les deux enfants se mettent à sa recherche. Lucas a sept ans, Maevis et lui s'entendent à merveille.

Je me souviens de leur première rencontre il y'a deux ans. Ne trouvant personne pour garder mi querida, Amanda m'avait proposé de la ramener à la pâtisserie. Cela ne lui posait aucun problème, au contraire, elle adorait les enfants. Pour que Maevis ne se sente pas seule, Sophie avait demandé à son mari de ramener Lucas aussi. Le petit en avait déjà l'habitude.

Je souris en me rappelant la stupeur de ma fille face à la couleur de cheveux du garçon et sa mère.

"Mamá, mamá, mira su cabello!" ( Maman, maman, regarde ses cheveux). M'avait-elle dit les yeux grands ouverts.

C'est vrai que Le petit palais n'était pas en reste, niveau diversité du personnel. Entre Amanda, qui a une jolie peau foncée et de ravissantes frisettes. Sophie, sa chevelure flamboyante et ses yeux azur. Audrey notre blonde aux yeux noisettes. Et moi la brune aux yeux verts. On formait plutôt une belle équipe.

Mais ce jour là, mon petit ange était resté fascinée face aux cheveux roux du garçon. Par la suite, elle avait même essayé de colorier les cheveux du pauvre enfant avec son crayon blanc, qu'elle utilisait pour la première fois. Elle voulait voir si ça deviendrait rose, sa couleur préférée. Je n'ai jamais vu ma collègue rire autant que ce jour là.
De retour à la maison, ma fille toujours sous le charme, avait essayé de se dessiner des tâches de rousseur qui ressemblaient plus à une représentation d'éclairs qu'autre chose.

- C'est chaud. Dis-je à l'intention des deux petits chercheurs.

- Pas autant que mon délicieux dîner. Intervient l'hôte de la soirée. Tout le monde à table.

Ce moment de légèreté me donne du baume au cœur, comme une bouffée d'oxygène après avoir été en apnée. J'en profitais ne sachant pas à quel moment je devrais reprendre ma lutte.

***
Deux jours plus tard, je me retrouve assise à une table de restaurant en compagnie d'Eden. On examine ensemble toutes les annonces de location pouvant me convenir. J'organise tout une liste de loyers à visiter plus tard. Je ne sais plus à quel nombre on en est Raphaël et moi. Mais c'est soit trop cher, soit inadéquat pour nous.

- L'annonce deux et cinq semblent pas mal, tu ne trouves pas. Fais-je remarquer à mon ami.

Mais ce dernier ne répond rien. Je relève la tête et l'aperçois entrain de fixer les piétons, perdu dans ses pensées. Je claque des doigts devant ses yeux et lui dis :

- Ne t'avise pas de faire ce regard à l'hôpital, on risque de t'emmener au service psychiatrique et pas autant que médecin.

Le châtain souri et me répond :

- Si toi tu es toujours libre, je n'ai rien à craindre alors.

Je lui jette un bout de papier et on rigole ensemble. Eden s'apparente plus à un frère qu'à un simple ami pour moi. Je l'ai connu peu après la naissance de Maevis. On s'est rencontré dans une bibliothèque, l'endroit où il m'a aidé à apprendre le français. Ces derniers temps, il n'a pas l'air dans son assiette et je m'inquiète pour lui :

- Est ce que tout va bien ? Lui demandai-je. Ça fait un moment que je te trouve absent.

Eden a un petit moment d'hésitation puis il soupire enfin et me dit :

- Je ne veux pas te fatiguer avec mes problèmes, tu en baves déjà assez comme ça.

- Les relations se basent sur la réciprocité. T'écouter et t'aider ne sera jamais un comble pour moi. Tu es mon ami Eden.

Le châtain souri. Rassuré par mes propos, il se lance enfin :

- Tu te souviens d'Arnaud? Mon camarade à la faculté. Précise-t-il.

Je hoche la tête en signe d'affirmation. Il continue :

- Son cousin Georges ouvrait un café, mais manquant de fond, il avait besoin d'un partenaire.

Il se tait à nouveau, replongeant dans ses pensées.

- Je ne vois pas où tu veux en venir, lui dis-je pour le relancer.

Il soupire puis complète :

- Je m'étais proposé, je me suis dit qu'avoir mon propre projet me permettra de prendre une indépendance financière vis à vis de ma famille. Je n'aurai pas à attendre la fin de mes études et cela m'aiderait à affirmer ma relation avec Anna face aux parents. L'argent étant leur atout majeur il n'aurait plus rien à nous dire.

- Ça m'a l'air d'être une bonne idée, qu'est ce qui ne vas pas avec ça ? Je l'interroge.

- Ce qui ne vas pas c'est que ça à mal tourné et qu'au lieu d'assurer mon indépendance financière je me retrouve avec des dettes.

- Aïe. C'est vrai que le résultat est un peu différent de ton intention initial. J'espère que ce n'est pas aussi grave. Lui demandai-je soucieuse.

- Je pourrais régler les dettes si je demande aux parents mais cela reviendrait à leur donner le bâton pour me battre.

- Et ton frère ? Lui fais-je remarquer. Tu m'avais dit avoir une bonne relation avec lui.

- Matthieu est fiable. Je peux compter sur lui, mais il vient juste d'acheter un appartement et je me sens gêné de lui demander son aide.

Je reste muette face à sa réponse. Je ne savais pas comment l'aider. Eden travaille déjà à temps partiel et son emploi du temps d'étudiant de médecine est assez chargé.

- Enfaite... Dis Eden avant de se taire un moment. Mon grand père m'a légué quelques biens avant sa mort.

- Et ce n'est pas assez suffisant ? Demandai-je.

- Si. Mais la condition pour que je touche à ces biens c'est mon mariage.

Je reste un moment interdite. Dépassée par ce qui était entrain d'arriver.

- Tu veux épouser Anna ?

- Oui, mais pas dans ces conditions, je veux que se soit dans les bonnes règles.

- Alors à quoi penses-tu ? Je ne comprends pas. Dis-je perdue.

Je ressentais comme un bourdonnement s'immiscer dans ma tête. Cette discussion prenait une tournure bizarre qui m'embrouillait. Eden fait tournoyer sa tasse de café entre ses mains et après un long soupir, il fini par dire d'un ton mal assuré :

- On pourrait s'aider mutuellement, toi et moi.

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