Chapitre 13

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- Attends tu plaisantes ? S'exclame Raphaël.

- Écoute je ...

- Tu te maries Nessa ! Tu te maries !

Sans même me laisser parler, mon frère enchaîne.

- Non mais sérieusement à quoi tu penses ? À quoi tu t'attends ? Les histoires de princes charmants n'existent pas !

Hors de lui, Raphaël n'arrête pas de faire des allers retours dans la chambre. Il est très rare de voir mon frère perdre son calme.

- C'est ton ami et alors ? À quel point tu le connais ce mec ? Hein ! Et si ce n'était qu'une ordure ?

Tout en tournant en rond, mon frère serre puis desserre les bras, passe une main dans ses cheveux, me fixe puis se retourne. Enfaite il fait n'importe quoi. L'esprit en ébullition, tous ses gestes sont désordonnés, à l'image des pensées qui le traversent en ce moment.

- Et s'il te fait du mal ? S'il fait du mal à Maevis ? Et si au lieu d'arranger les choses tu ne faisais que les empirer ? Et puis c'est quoi cette histoire de dettes ? Et si c'était dangereux ?

Assise sur le lit, je laisse mi mellizo déverser toutes ses craintes et peurs.
"Et si", je connais très bien cette introduction. Elle m'a toujours accompagné et m'accompagne encore aujourd'hui. Pour une fois les rôles s'inversent. Je suis calme, Raphaël non. Pour la simple raison que j'ai déjà passé et repassé toutes ses questions encore et encore dans mon esprit.

- Non mais dit quelque chose ! S'écrie mon frère en se laissant tomber sur le sol.

- Enfaite non ne dit rien. Reprend-t-il en prenant cette fois-ci sa tête dans les mains.

Son déchaînement passé, je pars le rejoindre à même le sol. Mes mains chaudes retrouvent naturellement les siennes froides.

- On trouvera une solution. Murmure-t-il. On réglera ça melliza. Tu n'es pas obligée. Ne fait pas ça.

Mes yeux retrouvent les siennes pleines de craintes et d'inquiétudes.

- On trouvera une solution et on réglera ça. Affirmai-je dans un sourire. Ce mariage n'est pas la fin, ce n'est qu'une étape. Ça me permettra de gagner du temps. La chose dont on manque terriblement ces derniers jours.

Je le regarde se débattre avec des fantômes que je connais trop bien. Pas le moindre du monde convaincu, il proteste :

- Ce n'est pas une affaire d'un ou deux jours Vanessa, tu penses vraiment que le juge se dira Ah elle est mariée, elle a un domicile fixe, laissant lui la garde. C'est du délire. Tu es déclaré célibataire, dans ton dossier. Aucun signe de relation amoureuse n'a été mentionné. Cela relève plusieurs questions. Depuis combien de temps cette relation existe ? Pourquoi ne pas l'avoir mentionné ? Ce mariage est il précipité pour influencer le jugement ? Ton conjoint est il apte à prendre les responsabilités de Maevis ? Et j'en passe. À la moindre incohérence, tout sera remis en cause, la garde de Maevis aussi. Si cela est découvert, tu perdras toute crédibilité face au juge, il considérera que tu n'as pas agi dans l'intérêt de ton enfant mais pour servir ta propre cause. Ce sera vu comme manipulation du jugement et tout cela se retournera contre toi.

- Oui. Mais à condition qu'on soit découvert. Une fois mon mariage déclaré, il retardera le jugement et ordonnera un suivie plus long. On aura alors le temps de tout peaufiner pour s'assurer la garde.

Mon frère est décontenancé. Ma réponse calme contraste fortement avec son discours long et sans répit. Il fronce les sourcils, perdu, dépassé face à ce qui est entrain d'arriver. Il ne comprends pas. Il ne me comprends pas. Et ce n'est jamais arrivé avant.

- Je suis au courant de l'enjeu de mes actes, soupirai-je, j'ai parlé à maître Lebrun et...

- Quoi ? Me coupe-t-il hors de lui.

Ils retirent brusquement ses mains des miennes et me prend vigoureusement par les épaules.

- Qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est ce que tu lui as dit ? Merde Vanessa ! Non mais qu'est ce qui te prend !

Agacée par son ton et ses gestes, je me défait de son emprise et me relève d'un coup.

- T'as bientôt fini de me traiter comme une idiote. Ce n'est pas parce que tu es avocat que tu dois considérer les autres comme des imbéciles.

Mon calme perdu, ma patience à bout je ne contiens plus mes mots.

- Tu penses vraiment que je n'ai pas pensé à tout cela. Que je me suis crû dans un compte de fée " ils se marirent et vécurent heureux". Mimai-je avec les doigts. Non mais pour qui tu me prends ? Tu crois vraiment que je prendrai à la légère un sujet comme la garde de Maevis. J'y ai pensé des nuits entières. Je n'arrive plus à dormir à force de réfléchir. Ce n'est pas une décision que j'ai prise à la légère.

Le souffle court, je fixe Raphaël qui a revêtu son masque de froideur. En face de moi se trouve l'avocat, pas le frère. Et dans ces moments là, même moi je n'arrive pas à lire en lui.

Cette fois-ci d'une voix maîtrisée et froide, il me lance :

- Qu'as tu dis à Lebrun ?

Son ton me glace l'échine. Il n'a pas l'habitude de me parler de cette façon. Je n'ai pas l'habitude de faire face à ce Raphaël. Son attitude me trouble plus que je ne le veux. Mon cœur s'emballe mais je me résonne. C'est Raphaël, mi mellizo. Dissimulant mon tourment je lui réponds :

- Il ne sait rien du mariage arrangé, si c'est ce qui t'inquiète. Je lui ai simplement dit que j'entretiens une relation depuis un moment et quelles conséquences aurait notre union si elle arrivait dans un moment pareil. Tu as beau ne rien me dire, je vois bien qu'il y'a quelque chose qui cloche entre cet avocat et toi. Comme quoi, je ne suis pas la seule à cacher des choses et prendre des risques.

Aucune réaction, aucune émotion, pas un seul geste. Raphaël se contente simplement de se relever et me dire :

- Je récupère Maevis de l'école.

Il s'en alla, alors que moi j'étais pétrifiée. Debout, seule dans cette chambre mon monde s'écroulait. J'essaye de me convaincre que j'ai pris le bon choix que j'ai raison. Raphaël finira par me comprendre, il l'a toujours fait. Mais mon cœur se serre quand même. J'ai l'impression de le trahir, de l'abandonner en plein milieu de la route, de le lâcher.

Je me sens minable, mauvaise et totalement effondrée. Ce mariage est temporaire. Ce n'est qu'une étape, qu'un moment de ma vie avant de retrouver mon quotidien. Avant d'être réunis à nouveau avec Maevis et Raphaël. Et pourtant ma tête vacille, une question que je n'aurai jamais pensé me poser un jour, apparaît dans mon esprit.

Et si en mon chemin pour garder Maevis je perdais Raphaël ? Ma fille ou mon frère ?

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