Le Don

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Ses sens sont exaltés, sa peau est bouillante, elle titube presque tandis que son odorat la guide jusqu’à la maison des hôtes. Le vent mord sa chair, mais elle ne sent rien. La neige craque vaguement sous son pas avant de fondre. Elle salive, elle tremble d’excitation, un désir brûlant consume ses entrailles. C’est une torture de ne pas succomber et de répondre elle-même au besoin de son corps, aussi presse-t-elle le pas.

Lorsqu’elle arrive enfin à destination, la raison l’a quitté. Elle ne ressent rien d’autre que son besoin d’être touchée, d’être caressée, d’être honorée. Elle n’est que feu et désir. La porte s’ouvre sous le souffle des ténèbres qui l’ont accompagnée. Tous les hommes du village, tous les fidèles sont présents, du moins tous ceux en âge de pouvoir l’honorer. Les noms sont interdits, le Don est unanime et anonyme. De toute façon, à cet instant, dans son état, elle ne se souvient plus de personne ! Guidée par son odorat et les vagues de chaleur de son corps, elle touche l’épaule des élus, un par un. Quand soudain, consumée par la faim, ses jambes cèdent sous son poids à son trente et unième touché. Les rebuts s’écartent aussitôt d’elle, leur tour viendra probablement, mais pas ce soir.

L’un des premiers élus, un homme à la forte carrure s’approche de Thalia et la prend dans ses bras, elle sursaute aussitôt au contact de sa peau contre la sienne, un gémissement plaintif s’échappe de ses lèvres.

— Plus… plus…

Ignorant ses suppliques, il la porte d’un pas rapide jusqu’à la pièce adjacente, suivi de près par les autres élus ; le sol a été entièrement recouvert de matelas, de coussins et autres tissus. L’homme la pose délicatement au milieu de la chambre et s’affaire aussitôt à effleurer son corps. Très vite, d’autres mains s’ajoutent, parcourant doucement l’Offrande, apprivoisant ce corps ingénu, testant ses réactions, appréhendant ses besoins. Son cœur bat plus vite, ses yeux clignent à une vitesse folle, elle se mord les lèvres, savourant chaque contact, chaque touché. La torture est divine, elle supplie d’en avoir davantage. Des baisers et des coups de langue viennent très vite se mêler aux caresses. Ils savent qu’ils doivent y aller progressivement, ne pas la brusquer malgré ses demandes d’en avoir plus, malgré ses injonctions d’être honorée. Ils doivent attendre le bon moment. Aucune zone de son corps n’est négligée : ses mains sont massées, ses doigts léchés, ses poignets embrassés, ses bras caressés, son ventre cajolé, ses cuisses malaxées, ses mollets couverts de baisers ; quant à ses pieds et orteils, ils subissent les mêmes privilèges que ses mains. Un homme se tient à genoux derrière sa tête et masse langoureusement ses épaules, son buste et ses seins. Une myriade de mains et de lèvres s’activent et se démènent pour tenter de calmer sa faim.

Thalia sent chaque main posée sur elle. Elle reconnaît malgré elle les mains sèches et rocailleuses du bûcheron, leur délicatesse compense largement leur sécheresse. Les mains du boulanger sont si douces, si merveilleusement sensuelles sur ses cuisses, plus jamais elle ne pourra manger du pain sans rougir ! Mais ce sont les mains du forgeron qui la nourrissent le mieux, ses gestes hâtifs trahissent son désir, il est le premier à oser pincer son mamelon avant de le lécher, de le mordiller. Son cœur bat plus fort, ses gémissements sont la plus douce des mélodies pour ceux qui ont l’honneur d’être présents. Son corps se découvre une nouvelle vigueur, des formes commencent timidement à émerger, ses seins s’arrondissent, ses hanches se galbent.

Ce n’est que lorsque les dessins sur son corps se mettent à sillonner et serpenter son corps que les élus se permettent de devenir plus audacieux. L’un d’entre eux se glisse sous le corps de la jeune femme, la faisant légèrement se cambrer, offrant mieux sa chair aux autres, mais s’offrant ainsi également le plaisir de laisser son érection frotter contre les fesses de plus en plus rondes de l’Offrande.

Les gestes deviennent plus rapides, plus fermes, voire plus agressifs. Thalia n’est plus la seule à être en transe ; en la touchant, en la goûtant ils ont tous absorbé les toxines des herbes consommées plus tôt.

— Plus ! Honorez-moi, par pitié…

Malgré la fièvre qui les possède, ils parviennent à ne pas céder à ses suppliques. Ils se succèdent pour lui offrir toute l’attention qu’elle mérite. Le maraîcher remonte sa main le long de sa cuisse et se met doucement à masser ses lèvres, accentuant de légers mouvements rotatifs juste au-dessus de son clitoris, tandis qu’un autre masse consciencieusement son anneau de chair. Déchirée entre désir et plaisir, Thalia gémit de frustration. C’est ce moment que choisit l’homme de paix pour se glisser entre ses cuisses et goûter à ses lèvres pourpres. Le premier coup de langue déclenche une décharge électrique le long de la colonne vertébrale de la jeune femme et lui arrache un petit cri de plaisir.

C’est à la fois trop et pas assez, le plaisir ressenti parvient tout juste à garder sa faim à un niveau tolérable. Ses propres gestes sont erratiques, glissant ses doigts dans la chevelure de l’un, avant de griffer le torse d’un autre, tout en caressant le membre d’un troisième. Elle se sent proche de la folie, sachant pertinemment la raison de cette retenue, mais refusant pourtant de comprendre pourquoi nul ne lui obéit. Quand finalement : une marque rougeâtre apparaît enfin sur l’épaule du forgeron, là où elle l’a touché pour le choisir. C’est à lui que revient le premier Honneur.

Les yeux de l’homme brillent avec une férocité presque animale, elle peut le voir malgré le voile et cela accroît son excitation. Elle se mord les lèvres, ils se toisent mutuellement tandis qu’on lui laisse la place entre ses jambes. La frêle jeune femme est devenue voluptueuse, les courbes parfaites de son corps sont un appel à la lascivité, à la débauche, au plaisir charnel. La pâleur de sa peau offre un contraste saisissant avec le rose de ses mamelons délicieusement pointés vers le ciel et avec le carmin de ses lèvres luisantes et gonflées de désir.

Hypnotisé par la danse serpentine des marques sur sa peau, le forgeron saisit fermement ses hanches, le peu de lucidité qui lui reste l’oblige à s’insérer doucement en elle, lui permettant de s’adapter à sa taille, lui permettant de mémoriser cette première fois. Un sourire féroce et arrogant se dessine dans la barbe du forgeron à mesure qu’il s’enfonce en elle, il ne rencontre pas la moindre résistance ; son sexe est un écrin de perfection. Lentement, il entame les va-et-vient, mais bien vite les gémissements cristallins de l’Offrande et la chaleur qui se dégage d’elle effacent toute retenue. Ses mains s’agrippent sur ses fesses généreuses, tandis qu’il la martèle avec une sauvagerie bestiale. Les autres fidèles ne sont pas en reste, caressant, massant et léchant tout ce qu’ils peuvent. Malgré sa vigueur et sa volonté, le forgeron ne tient pas longtemps et finit par jouir dans un long grognement sourd. Lorsqu’il se retire, il est pâle, à bout de souffle, les traits tirés. Il titube et parvient tant bien que mal à s’éloigner pour s’allonger, épuisé. Thalia n’a pas le temps de se languir, un autre fidèle s’active déjà à l’honorer. De qui s’agit-il ? Peu importe, son membre est plus large que le précédent, la forçant rapidement à s’adapter, ce que son corps s’applique à faire avec délice. Rapidement, elle sent aussi l’homme sous elle s’agiter, avant de le sentir s’introduire par son autre entrée. Thalia se mord les lèvres et s’abandonne avec un large sourire. Elle ne compte pas les mains posées sur elle, mais sent chacune d’entre elles. Elle ne compte pas les baisers sur sa peau, mais se languit de ne pouvoir répondre à chacun d’entre eux. Elle ne compte pas ses orgasmes, mais s’impatiente du prochain. Un par un, ils font don de leur corps, de leur vitalité. Quelques-uns, des jeunes, ont même l’audace de l’honorer deux fois ! Les plus anciens les regardent avec nostalgie, ils aimeraient retrouver cette vigueur !

Enfin, le corps luisant de sueur, le dernier fidèle termine son don. Il embrasse doucement le ventre rond de l’Offrande et se laisse tomber à ses côtés. La frénésie a laissé place à une douce torpeur. La faim de Thalia est apaisée, sa tête repose sur les genoux du forgeron qui caresse doucement ses cheveux à travers le voile. Les marques sur son corps ont cessé de bouger depuis un moment maintenant. En revanche, elles sont beaucoup plus larges et comme boursouflées, sa peau semble peiner à les contenir.

Trois coups à la porte viennent mettre un terme à ce moment de douceur.

— Dame ! Le printemps ! S’il vous plaît ! supplie une voix grave.

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