Chapitre 4

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« Les descendants des douze Dieux de l’Olympe ? Et donc toi tu descends de Zeus c’est ça, demanda June d’une voix où le sarcasme était clair.

— C’est exactement ça, répondit James d’un sérieux implacable. Madeline est celle d’Athéna, Paul, que tu as vu hier, est celui d’Hadès et Mark celui d’Arès.

— Donc Paul et ton frère et il est le mal incarné c’est ça ? Et moi je descends de qui ? Et puis comment ça se fait qu’on n’ai jamais entendu parler de vous ? Et dans tous les cas qu’est-ce que ça peut faire que je te croie ou pas ?

— Oh là, doucement, s’interposa Marie mais elle se tut en croisant le regard noir de James.

— Je vais répondre à chacune de tes questions ne t’inquiète pas. Mais d’abord la plus importante, si tu ne nous croies pas c’est un désastre. Sans exagérer. Ça veut dire que le cercle ne sera pas complet et là ça va être moche pour nous. Le seul cercle qui n’a pas été complété a été le second plus chaotique après celui où un des descendant à rejoint le côté des méchants.

— Parce qu’il y a des méchants en plus ?

— Oui mais laisse-moi finir s’il te plaît. Donc, la période où ce cercle n’a pas été complété a connu un massacre, il y a eu plusieurs morts, des emprisonnements, ce qui est extrêmement rare chez nous. Toute la cité était plongée dans un climat de peur et d’anxiété absolue. Pour ce qui est de Paul, oui c’est bien mon frère, au même titre que Nathan que tu n’as pas encore vu et qui descend de Poséidon. Et non Paul n’est pas le mal incarné, ce n’est pas un ange mais il ne fait pas partie des méchants parce que sinon comme je disais ça serait encore pire que si tu ne nous rejoins pas. Là c’est tout le cercle sans exception qui plonge dans le mal. C’est arrivé une fois aussi et la cité a eu de la peine à rester debout.

— Quelle cit…

— J’allais y venir. La cité c’est là où nous vivons tous, le cercle et d’autres personnes qui descendent des habitants de la Grèce antique. C’est pour ça que tu n’as jamais entendu parler de nous. Personne ne peut accéder à la cité sauf ceux qui l’habitent. De plus elle est cachée aux yeux des autres, sur une île en plein milieu de la mer Egée. Et avant que tu me demandes, il y a des portails qui nous permettent de voyager dans certains endroits clés dans le monde. Comme ici à la Nouvelle-Orléans. Il y en d’autres autre qui vont à Paris, Bombay, Louxor ou encore Tokyo. Voilà, je pense que j’ai fait un bon résumé. Tu as encore des questions ?

— Et les méchants, demanda June dont le sérieux était arrivé avec peine au fil du récit du jeune homme.

— Ah oui les méchants. Il s’agit en réalité de créatures mythologiques grecques comme le Sphinx, le Minotaure ou même Méduse. On les appelle les Siks, en référence à celui à qui ils ont prêté allégeance. Ça fait des siècles que nous et nos ancêtres, les combattons mais sans arriver à les anéantir complètement. Ils n’arrêtent pas de revenir sans qu’on sache pourquoi. »

  June leva les yeux au ciel avec un sourire narquois. Des créatures mythologiques se baladeraient tranquillement dans le monde sans que personne n’en ai jamais croisé. Elle avait eu du mal à se retenir de rire mais là c’était là goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Elle avait commencé à penser qu’il y avait peut-être un tant soit peu de réalité dans ce qu’il racontait, aussi fou que cela puisse paraître. Peu de gens pouvaient avoir une imagination aussi débordante. La théorie d’une secte lui semblait bien plus probable. Elle rit intérieurement en se disant qu’elle commençait un peu trop à penser comme Alex.

« Alors je suis désolée, votre petit jeu de rôles à l’air sympa mais c’est vraiment pas ma tasse de thé. Et si c’est comme ça que vous recrutez des gens, je pense qu’il n’y en a pas beaucoup qui doivent vous rejoindre.

— Ce n’est pas un jeu de rôle June c’est la réalité.

— Mais bien-sûr. Et tu peux le prouver alors ?

— Je… Oui en fait. Laisse-moi un instant. »

  James se tut et parut se concentrer. June ne décrocha pas son regard de lui, un sourcil levé en signe de suspicion. Un vent violent se leva brusquement, secouant les arbres, faisant tomber quelques branches. L’horizon clair jusque-là se chargea de nuage sombres. Une odeur d’ozone lui emplit les narines. Un violent coup de tonnerre retentit, la faisant sursauter. Elle regarda le ciel et la foudre frappa le bitume de la route à quelques mètres d’eux, immédiatement accompagné d’un nouveau bruit assourdissant. L’orage repartit aussi vite qu’il était venu. Le soleil revint et les bourrasques se stoppèrent net. La jeune femme resta muette un instant. Elle tourna la tête vers James légèrement abasourdi. Les orages étaient fréquents dans la région mais il ne durait pas aussi peu de temps. Et surtout on le voyait arriver et repartir. Mais là il était venu de nulle part, il n’y avait eu que deux éclairs et il s’était évaporé sans laisser de traces.

« C’était quoi ça ?

— Ça, c’était moi.

— Ce n’est pas possible. Personne ne peut… Comment…

— Tous les descendants ont des particularités. Ça peut être des pouvoirs ou des dons. Étant le descendant de Zeus, je peux contrôler les intempéries.

— Non. C’est pas possible. C’est… Non… »

  La brune se leva brusquement et se jeta sur la porte en fouillant pour chercher sa clé. Elle sursauta en sentant la main de James se poser sur son bras. Elle le regarda terrifiée.

« Dégagez ! Tous les deux ! Dégagez ou je vous jure j’appelle les flics ! »

  La main du blond retomba mollement contre lui et il soupira en baissant la tête. Il voulut prendre la parole mais il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que la jeune femme s’était déjà réfugiée à l’intérieur en refermant la porte à double tour.

« Bon. La bonne nouvelle c’est qu’on ne se fera pas arrêter aujourd’hui, entendit-la brune à travers le battant contre lequel elle s’était adossée pour reprendre son souffle.

— Ça ne me fait pas rire Madeline. Allez viens on rentre. »

  June ferma les yeux en poussant un soupir de soulagement alors qu’elle distinguait des bruits de pas qui s’éloignaient. Elle ne savait pas combien temps était passé depuis que les deux jeunes étaient partis mais elle se décida enfin à se redresser pour quitter la porte. Toujours aussi tremblante, la brune se dirigea vers la cuisine. Le verre se secouait au même rythme que sa main sous le robinet. Les quelques gorgées que June réussit à boire sans en mettre de partout lui permirent de retrouver quelque peu ses esprits. Elle posa le verre sur le comptoir, avec plus de violence qu’elle ne l’aurait voulu, et ferma les yeux pour inspirer longuement. Tout au long de son explication, la jeune femme n’avait pas réussi à croire un seul qui sortait de la bouche de James. Mais elle avait dû se rendre à l’évidence quand elle avait vu l’orage apparaître et disparaître comme par magie. Ça n’avait duré qu’une petite minute. Était-ce même possible que ça qu’un orage soit aussi rapide ? Qu’il ne laisse aucune trace comme elle avait pu le voir ? Peut-être juste que James avait vu qu’un orage était prévu et il avait profité de l’occasion pour l’impressionner ? Quand bien même. Comment aurait-il pu savoir le moment précis où le tonnerre gronderait, où la foudre frapperait ? À moins d’avoir un sixième sens extrêmement développé.

  Ses yeux se rouvrirent, remplis d’une lueur de détermination. Elle sortit son téléphone de la poche arrière de son jean et tapota sur le clavier. « Orage express » : Rien. « Sixième sens orage » : Rien. « Descendants » : Juste des définitions des dictionnaires. « Siks » : Rien. « Créature mythologique » : Le Minotaure, la Chimère, Méduse. « Créature mythologique aujourd’hui » : Rien. Un juron sortit de la bouche de June et elle pesta en jetant son téléphone à travers la table. Elle baissa avec rage la manche de son tee-shirt et détailla son épaule. Elle effleura sa marque du bout des doigts en priant intérieurement. Elle soupira en voyant qu’il n’y avait eu aucun changement, que même en la touchant, rien ne se passait. Qu’avait-elle réellement espéré ? Qu’après ce moment il soit apparu en gros sur son épaule : « Tu es la descendante de… ». Et puis d’ailleurs dans toutes ces sornettes, James ne lui avait même pas dit de qui elle pourrait bien, soi-disant, descendre. June sursauta en entendant la clé gratter dans la serrure de la porte d’entrée et elle remonta sa manche avec précipitation. L’instant d’après sa mère apparaissait devant elle.

« Bonjour ma chérie. Tiens tu avais oublié ton sac dehors. Ta journée s’est bien passée ?

— Euh… Oui. Oui oui. Enfin, les cours quoi. Comme d’habitude, lui répondit-elle avec un sourire forcé.

— Tout va bien ? Ça n’a pas l’air…

—Oui oui tout va bien. J’ai juste un petit mal de tête. Rien de bien grave. Je vais aller faire mes devoirs, déclara-t-elle en claquant un baiser sur la joue de Clara. Je t’aime. »

  Sa mère n’eut même pas le temps de répondre qu’elle était déjà dans sa chambre, assise à son bureau. Pendant des heures la jeune femme tenta de se mettre à sa dissertation, en vain. Le peu de fois où elle arrivait à se concentrer, ses pensées repartaient quasiment immédiatement vers le blond et ce qu’il lui avait annoncé. La jeune femme finit par s’endormir sur ses feuilles, épuisée par son cerveau qui tournait à mille à l’heure depuis la fin d’après-midi. De ses songes troublés une seule chose lui resta au réveil : un paon immaculé qui l’appelait et attendait. Comme pour lui faire comprendre qu’il fallait qu’elle le suive.

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