Introduction au tome I : D'où venons-nous ?
D’OÙ VENONS-NOUS ?
« De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine, et cette origine est petite. »
S’il ignorait la nature de cette origine, Bossuet (1627-1704) ne croyait pas si bien dire, et nous pouvons ajouter aujourd’hui que toutes les formes de vie existant sur Terre, ou ayant existé, ont en commun cette origine si petite. Effectivement, nous sommes tous des êtres issus d’une seule et même cellule sans noyau (procaryote) : une cyanobactérie, qui aurait voyagé du fin fond de l’espace jusqu’à notre planète, il y a plus de 3,5 milliards d’années, et se serait développée dans nos océans. Elle aurait donné naissance, il y a 1,5 milliard d’années aux premières cellules à noyau (eucaryote), ancêtres des arthropodes et autres mollusques du Cambrien apparus il y a 530 millions d’années. À partir de là, émergent les « premiers embranchements » du monde animal. Mais il a fallu du temps pour arriver à la connaissance, puis à la reconnaissance officielle de cette évolution, qui ne date que de la fin du XXème siècle après J.-C. L’Homme a dû grandir, s’étendre géographiquement, se développer en de nouvelles cultures dont les légendes et les mythes sont les fondements, s’affronter et se confronter aussi bien dans la paix que dans la guerre.
Au cours de son histoire, l’Homme s’est posé la question de ses origines. Parmi d’innombrables théories, deux ont particulièrement retenu son attention. Celle de Darwin majoritairement admise aujourd’hui : l’Homme est le fruit d’une longue évolution naturelle dont on ne sait pas s’il la doit au hasard et à la chance ou à un déterminisme certain. Cette théorie a, à peine, deux siècles d’existence. Auparavant, prévalait la théorie démiurgique qui faisait de l’homme la création de Dieu, et prétendre le contraire signifiait risquer l’opprobre, voire la mort. La science-fiction ne met pas ces deux théories en concurrence. Cependant, elle pose la question de savoir si l’Homme est une création de Dieu ou d’une intelligence supérieure. L’Éternel, Yod Hé Vav Hé, Allah, Zeus, ou quel que soit son nom, ne serait-il rien d’autre qu’un être qui aurait atteint un état de conscience suprême ? Un extraterrestre à l’intelligence supérieure à l’Homme ? Ou une machine créée par d’autres Hommes ?
Une chose est certaine : avant même de savoir d’où il venait, l’Homme voulait y retourner. Inconsciemment, il ressentait l’appel des étoiles. Cela apparaît d’abord dans la littérature, ensuite dans la réalité. S’élever du sol de quelques mètres et « faucher les marguerites », franchir le mur du son, quitter l’apesanteur terrestre, se poser une fois sur la Lune, et enfin, espérer un jour atteindre Mars pour, ensuite, quitter le système solaire et partir à la recherche de planètes sur lesquelles la vie se serait développée et permettre à l'Homme d'y prendre place… Mais quelle vie rencontrerons-nous une fois loin de la Terre ? Et si nous découvrions que c’est cette vie qui est venue à nous, il y a 3,5 milliards d’années environ, sous une forme différente de celle que nous connaissons, de celle dont nous sommes issus, celle aujourd'hui admise par la science ?
Le film de Stanley Kubrick, 2001, A Space Odyssey, pose ces différentes questions, tantôt de manière évidente, tantôt de manière implicite. Il contient aussi les germes des interrogations de The 13th Warrior et The Lord of the Rings concernant notre aptitude à survivre et à évoluer dans un monde hostile, mais aussi à créer d’autres mondes dans lesquels la magie et les superstitions tiennent une grande place. Il interroge notre place dans l’Univers (celui-ci, peut-il exister sans l’Homme, comme le suggère The Dark Crystal ?) et sur notre degré de soumission autant face au destin que face à une race d’intelligence, de force et de technologie supérieures. Là où Bowman accepte son destin en se regardant vivre et mourir, les personnages de Stargate comme The 13th Floor le refusent. Cette séquence de 2001, A Space Odyssey questionne encore sur la notion de réalité : Sommes-nous ce que nous pensons être ? À trop vouloir le savoir, comme le héros de The 13th Floor, nous pourrions, tel Icare, nous brûler les ailes…
Annotations