2. La panspermie

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2. La panspermie

En 1968, la théorie de la panspermie est encore osée, mais elle est dans l’air du temps. Celle-ci repose sur une hypothèse scientifiquement envisagée selon laquelle il y aurait d’autres planètes habitées dans l’univers, mais pas par des formes de vie forcément identiques à celles que nous trouvons sur la Terre. Celles-ci peuvent être des bactéries, des germes, des microbes et ont pu être transportées par des météorites à travers l’espace jusque sur Terre[1].

2001, A Space Odyssey s’ouvre sur l’espace, obscur et insondable. Ce plan est d’une durée de trois minutes avec pour seul accompagnement la musique de Georg Ligeti. Il s’agit d’une musique composée de vibrations, de modulations de tonalité, de crescendo ascendants et descendants qui pourraient évoquer le mythique chant des étoiles.

2001 n’est pas le seul récit à mentionner l’invasion venue de l’espace. Il ne s’agit pas, les exemples suivants, d’une invasion d’individus achevés dont le but évident est d’éliminer radicalement les autochtones d’une planète, mais plutôt d’un parasite si discret qu’il faut un certain temps avant de percevoir sa présence. Celle-ci se manifeste par un changement de comportement du porteur qui est, classiquement, humain.

The Astronaut’s wife (1999), de Rand Ravich, montre comment un astronaute est contaminé par un parasite lors d’une sortie dans l’espace. Ce parasite est prêt à tuer pour subsister. Son instinct de survie le pousse à préserver son existence, mais aussi à perpétuer son espèce. En ce qui concerne le géniteur, qui est l’ennemi, il ne meurt pas malgré les valeureux efforts de l’héroïne. Seul, son porteur périt. Ce dernier est l’homme qu’elle aime et sa mort ajoute de la valeur au sacrifice de la jeune femme. Au terme d’une lutte sans merci, elle ne meurt pas physiquement, mais tout ce qui faisait d’elle une résistante face à l’invasion disparaît lorsque le parasite prend possession d’elle pour mieux protéger sa descendance. La fin laisse supposer une évolution exponentielle, car la créature engendrera (au moins) deux garçons qui, comme leur géniteur, et en connaissance de cause, n’auront qu’un seul objectif : assurer la propagation de leur espèce. Tôt ou tard, l’espèce Homo sapiens sera remplacée par les descendants de ces hybrides.

Les récits de symbiotes extraterrestres ne sont pas si nombreux au cinéma contrairement aux apparences. Tout dépend, évidemment, quels symbiotes sont évoqués. Mais dans le domaine de la panspermie, c'est-à-dire celui des virus et autres germes, il faut surtout citer Invasion of the Body Snatchers (1978), de Philip Kaufman, The Puppet Masters (1995), de Stuart Orme, Body Snatchers (1993), d’Abel Ferrara, et Virus (1998), de John Bruno, qui font état de ce type de contamination et ouvrent des perspectives d’évolution désagréables.

L’humain est un hôte à son corps défendant et le film de John Bruno montre combien il peut être facile d’altérer le corps, de le réduire à une simple enveloppe, mais qu’il en est autrement avec l’âme. Si celle-ci n’est pas annihilée, endormie, elle doit être détruite. Virus montre comment un organisme, en provenance de l’espace, va décimer l’équipage d’un navire russe, puis celui d’un remorqueur américain jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une poignée de survivants luttant pour conserver leur vie, et surtout leur libre-arbitre. Les intentions du virus sont simples : exterminer un virus concurrent qui n’est autre que l’Homme. Les survivants ne font pas dans la nuance quand il s’agit d’exterminer la menace. Cependant, passé le précepte de départ, nous ne savons plus s’il s’agit d’une lutte de l’Être humain contre un envahisseur extraterrestre, ou plutôt d’un combat contre l’automatisation sur laquelle l’Homme s’appuie de plus en plus, voire entièrement, contre l’orgueil de l’être humain qui aspire à être un dieu, ou encore contre la mécanisation de l’Homme qui n’hésite plus à modifier son corps dans l’espoir de vivre plus longtemps. Bien entendu, les bons humains, un peu limités d’esprit malgré la présence d’une pseudo-scientifique, gagnent la partie parce qu’ils sont courageux, et uniques en leur genre. De ce film, il ne reste qu’une chose à retenir : l’Homme est unique, et chacun des représentants de l’espèce humaine est un être indivisible.

La télévision est plus ingénieuse que le cinéma grâce au temps dont elle dispose. Un film n’a que deux heures, en moyenne, pour exposer son propos contrairement à une série. Si l’on prend le cas de la série de Chris Carter, X-Files, au cours de neuf saisons et un film, X-Files, Fight the future, de Rob Bowman (1998)[2], nous voyons comment une espèce d’envahisseurs, présentée sous la forme d’une huile noire, prend possession de certains humains et les oblige à servir leurs desseins. Cette possession est nuancée par le fait que l’on ne connaît pas cet objectif, et donc si celui-ci est positif ou non pour l’Humanité. D’autant que, face à cette espèce, se trouvent des êtres humains dont les objectifs sont sujets à caution. Seule certitude, ces envahisseurs sont arrivés de l’espace au cours de la préhistoire de l’Humanité et ont été à l’origine de l’évolution humaine.

Dans Prey[3], série créée par William Schmidt, c’est un parasite ordinaire, une tique, qui modifie l’ADN de certains humains pour en faire de possibles procréateurs pour une espèce apparentée à l’Homme, mais qui en diverge de 6%. Ce pourcentage est supérieur à celui de la divergence entre l’Homme et le singe[4]. Cette espèce est d’origine extraterrestre et son objectif, nettement plus évident que celui des envahisseurs de X-Files, consiste à supplanter l’espèce humaine par le biais de l’expansionnisme[5].

Dans ces différents cas, le plus surprenant parait être l’intelligence d’un organisme réduit à sa plus simple expression. En s’associant à l’être humain et en le manipulant, le parasite en fait, à la fois, une victime et une redoutable machine à tuer.

[1] Voir Annexe « À propos des origines de l’Homme : différentes théories ».

[2] Pour rappel, ce texte date de 2007.

[3] ADN, Menace immédiate, série créée et produite par William Schmidt en 1998. 1 saison – 13 épisodes.

[4] L’Homme partagerait environ 96 % de son patrimoine ADN avec le chimpanzé.

[5] Voir Annexe « À propos des origines de l’Homme : différentes théories ».

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