1. Les origines du space opera
1. Les origines du space opera
Le space opera est né avant qu’on puisse lui donner un nom, dans les années 20, et plus tôt si nous considérons que Méliès est l’auteur du premier space opera cinématographique, Voyage dans la Lune (1902).
Comme tous les sous-genres de la science-fiction, le space opera évolue par rapport à la société, en fonction des découvertes dans le domaine spatial, et plus intrinsèquement, de la technologie mise au service des effets spéciaux. Ce qui frappe particulièrement dans le space opera, c’est la dimension épique, ou plus précisément, le caractère « épopée ». Les héros ne meurent jamais et leurs aventures se prêtent à d’infinies suites cinématographiques et, nous le voyons aujourd’hui, par le biais des suites littéraires (qu'il s'agisse d'œuvres originales ou de fanfictions) sur Internet écrites par des fans passionnés.
Ces suites non officielles sont, entre autres possibilités, la prolongation des aventures enfantines que ces admirateurs jouaient "grandeur nature" entre copains, ou qu'ils mettaient en scène à l’aide de figurines dans leur chambre avant de passer aux de jeu de rôles, puis à l'écriture. En tous les cas, le moyen de s'évader d'un monde réel trop terre à terre, souvent anxiogène, et de libérer leur imaginaire.
Que le mouvement soit américain n’étonnera personne dans la mesure où la colonisation de l’espace intersidéral est une prolongation virtuelle de la Conquête de l’Ouest américain. Il est possible d’établir un parallèle entre les premiers voyages, pleins de dangers et autres incertitudes, effectués par Christophe Colomb, Vasco de Gama, Fernand de Magellan et Jacques Cartier, découvreurs de nouveaux horizons, et ceux, de nos jours, destinés à conduire l’homme sur la Lune, et bientôt sur Mars, ou simplement dans l’espace.
L'homme n’est, physiquement et psychologiquement, pas fait pour traverser les océans à la nage. Il n’est pas plus fait pour voler de ses propres moyens. Pourtant, sa soif de découverte est telle que, dans les deux cas, il a su trouver les moyens de braver sa condition d’être humain. Néanmoins, il faudra attendre plus de trois siècles pour que l’Amérique intéresse des milliers de colons souhaitant refaire leur vie. Venus à la suite des découvreurs, ils précèderont les bâtisseurs d'un nouveau monde où tous les espoirs seraient permis. Attendrons-nous autant de siècles, ou plus encore, pour que les premiers colons terriens investissent notre système solaire, les systèmes voisins et se répandent dans toute la galaxie, préparant le terrain, ou plutôt de nouvelles Terre aux futurs bâtisseurs de civilisations ? À moins qu'ils n'en rencontrent de nouvelles...
L’échelle dimensionnelle n’est pas la même ! En revanche, si l’on tient compte de l’échelle technique, alors tout peut être permis. Un jour, sans doute, le commun des mortels pourra se rendre dans l’espace à moindre frais et à moindre danger. En attendant, il n’y a que le cinéma pour nous y conduire avec ses héros voués, non plus à sauver une vie ou un pays mais une planète, voire l’univers entier.
Et, si l’on poursuit l’analogie avec la découverte et, en particulier, la colonisation de l’Amérique, alors c’est au western qu’il faut naturellement comparer le space opera. Les immenses terres vierges font place à l’espace infini, les violentes cascades à des marées de météorites, les innombrables chariots et les puissantes locomotives à des flottes spatiales ou à des fusées colossales, sans oublier les indiens qui sont devenus des extraterrestres. Certains d’entre eux peuvent être amicaux mais la plupart sont plutôt hostiles à l’être humain, incarnation du Visage Pâle d’autrefois.
Évidemment, tous ces ingrédients sont propices à des aventures pleines d’action, à des exploits sans limite et à des découvertes extraordinaires. Ces caractéristiques, qui semblent précises, ont pourtant laissé la porte ouverte à de nombreuses dérives ayant fait que tout et n’importe quoi a fini par se retrouver au sein du sous-genre jusqu’à le dévaloriser. Il n’a pas fallu longtemps pour que les scenarii d’un grand nombre de films dits de space opera se résument ainsi : un héros ou un groupe de héros (aventurier(s), chasseur(s) de primes, pilote(s), colon(s)…), armés de lasers, et voyageant dans des vaisseaux spatiaux, se lancent à la poursuite de méchants (et affreux) extraterrestres qui ont enlevé la fiancée du héros. De plus, ces perfides individus menacent de détruire l’univers grâce à une arme maléfique de leur invention (si elle n’a pas été préalablement volée à un défunt scientifique, généralement le père de la jeune femme en détresse). C’est ainsi que dans les années 50-60, le space opera est devenu synonyme de série B, voire Z, et que le public l’a définitivement associé aux bons cow-boys de l’espace et aux belliqueux indiens extraterrestres.
Annotations