1. Les origines de l’heroic fantasy

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1. Les origines de l’heroic fantasy

Les premiers univers d’heroic fantasy apparaissent en 1880, sous la plume de William Morris. Il existe un autre terme équivalent, sword and sorcery, apparu après la seconde guerre mondiale, inventé par Fritz Leiber (1910-1992), un auteur qui sera considéré par les amateurs du sous-genre comme l’artisan de son renouveau. Ces deux expressions définissaient, selon Sprague de Camp (1907), les œuvres d’Edgar Rice Burroughs (1875-1950), le créateur de Tarzan, et celles de Robert Howard (1906-1936), le créateur de Conan. Les héros de ces deux écrivains ont pour point commun d’être des forces de la nature. Howard disait à leur sujet : « Vous les mettez dans le pétrin et personne ne s’attend à ce que vous vous creusiez la cervelle pour leur inventer des échappatoires astucieuses. Ils sont trop bêtes pour s’en sortir autrement qu’avec leur épée, leur arc ou leurs poings.[1] »

Cette citation définit le sous-genre heroic fantasy originel. Les aventures de Conan the Cimmerian paraissent à partir des années 30 sous la forme de nouvelles et d’un unique roman. Burroughs n’est pas en reste. Il écrit les premiers Tarzan dès 1912. Lord Greystock, l’homme élevé par les singes, lui inspirera 24 romans. Mais ni les aventures de Conan, ni celles de Tarzan ne correspondaient à un genre littéraire existant, hormis l’aventure. Sprague de Camp et Fritz Leiber leur ont donc officialisé un genre, ou plutôt un sous-genre, qu’ils ont intégré à la science-fiction. Conan vit dans une époque déterminée par Howard comme étant l’âge hyborien, c'est-à-dire un âge imaginaire. Cela n’empêche pas l’écrivain de le situer dix mille ans avant notre ère, à la fin de l’Atlantide. Tarzan, lui, vit à la fin du XIXème siècle et au début du vingtième. Il luttera contre les allemands durant la guerre de 14. Mais dans d’autres aventures, il rencontrera des dinosaures, des hommes-fourmis ou voyagera au centre de la Terre. Ce sont ces éléments qui ont permis une classification du sous-genre dans la science-fiction. À cela, il faut ajouter que les récits d’heroic fantasy sont violents et que des batailles épiques et sanguinaires en sont le point culminant. En plus d’être des héros solitaires, ces deux personnages sont soumis à la magie et aux prédictions.

Les premières adaptations cinématographiques de Tarzan ne montreront ces aspects que sous un angle fantastique, car l’heroic fantasy n’est pas un sous-genre cinématographique dans les années 1930 à 1970, et, réciproquement, ce parti pris influencera la littérature. Cependant, le terme fantasy ne signifie pas « fantastique » même si le genre en est proche. Il ne signifie pas non plus « fantaisie », terme trop léger, car les récits d’heroic fantasy sont d’une extrême violence. Définie d’une autre manière, ce sous-genre devient le point de rencontre de la mythologie et des contes de fées originels. Au cinéma, les péplums[2] racontant les aventures de titans, demi-dieux et dieux mythologiques, seront proches du sous-genre.

The Undead (1956), de Roger Corman, est largement précurseur de l'heroic fantasy au cinéma, comme The Magic Sword (1961), de Bert I. Gordon, mais il faudra attendre la fin des années 70 pour voir de la vraie fantasy à l’écran. Nous le devons à deux événements : la réussite artistique d’un film d’animation de Ralph Bakshi, Wizards (1976), et la réussite commerciale de Star Wars (1977), de George Lucas, pourtant considéré alors comme de la science-fiction, mais dont les thèmes rappellent ceux de la fantasy. Des œuvres telles que The Silent Flute (1978), de Richard Moore, The Lord of the Rings (1979), et Fire and Ice (1982) de Ralph Bakshi, The Archer and the Sorceress (1980), de Nicholas Corea, Heavy Metal (1980), Excalibur (1981), de John Boorman ou Conan the Barbarian (1981), de John Milius, se retrouvent sous l’étiquette heroic fantasy.

Le début des années 80 sera une époque plus faste pour l’heroic fantasy. Il faut citer Dragonslayer (1981), de Matthew Robbins, une production Walt Disney, Krull (1982), de Peter Yates, Conan the Destroyer (1983), et Kalidor (1984), de Richard Fleischer. En 1992, Sylvio Tabet tente de rappeler l’heroic fantasy à la mémoire du public en donnant une suite à Dar l’Invincible intitulée The Beastmaster 2 : Through the Portal Time, mais c’est l’une des suites d’un « drôle de film » qui relancera l’heroic fantasy. Ce film raconte les aventures d’un homme de la fin du XXème siècle qui a tout de l’antihéros et qui se retrouve projeté dans un passé hypothétique. L’une de ses aventures le privera d’une main qui sera remplacée par une tronçonneuse et avec laquelle il luttera contre une armée de morts vivants. Il s’agit d’Evil Dead 3 (1992), de Sam Raimi. Ce récit montre qu’un bon film d’heroic fantasy dépend moins de la perfection et de la modernité de ses effets spéciaux que de son scénario, et de la créativité de son réalisateur. Avec Beowulf (1998), Graham Baker tentera de redonner un nouveau souffle au sous-genre en tentant, comme Raimi, d’y apporter de nouvelles idées. Le film sera considéré par la critique et le public comme un désastre.

Les avis seront plus mitigés concernant The 13th Warrior (1999), de John McTiernan / Michael Crichton. D’aucuns considèrent la version du premier comme un chef d’œuvre mais sans avoir pu la visionner, car la version commerciale est celle des studios et de l’écrivain Michael Crichton, auteur du roman original, The Eater of the Dead. Qui de la critique ou du réalisateur a mené le plus campagne contre cette version ? Peu importe la réponse, car le temps aidant, comme cela est fréquemment le cas, le film a acquis un statut d’œuvre culte avec ses deux versions, celle de Michael Crichton pour les studios Disney,  et celle, invisible, de John mcTiernan.

En ce début de XXIème siècle, il semblerait que l’heroic fantasy bénéficie, à nouveau, d’un regain d’intérêt. Outre une suite à Heavy Metal, F.A.K.K.2 (2000), de Michel Lemire et Michael Coldewey, il faut remarquer la prestation honnête du catcheur acteur The Rock, digne successeur, musculeux et monolithique, d’Arnold Schwarzenegger, dans The Scorpion King (2001), de Chuck Russell, qui se veut une introduction au film de Stephen Sommers The Return of the Mummy (2000). Nous y retrouvons la tonalité aventurière des romans de Howard, le romantisme de Burroughs, les légendes et mythes chers aux péplums italiens et la vitalité des films d’action Hollywoodiens d’aujourd’hui. Les effets spéciaux qui, naguère, ont plus souvent porté préjudice à ce type de film, sont ici au service du récit et participent à une réussite qui laisse entrevoir, selon les propres paroles d’Arnold Schwarzenegger, un possible retour de Conan The Barbarian

[1] Murail Lorris, La science-fiction – Larousse / HER, 1999. 384 pages – Collection Guide Totem.

[2] Productions italiennes avec des héros à la musculation hyper développée.

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