2. Les préceptes de la high fantasy

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2. Les préceptes de la high fantasy

Le terme high désigne la hauteur, la grandeur et la profondeur. À lui seul, il explique toute la difficulté d’écrire de la high fantasy et les moyens qu’il faut mettre en œuvre pour la filmer. Il est vrai que l’heroic fantasy s’est voulue jusqu’à ces dernières années, un sous-genre plutôt léger, destiné à la distraction et à l’évasion du public par le biais d’histoires sur lesquelles il n’y avait pas à trop réfléchir. Aujourd’hui, cette tendance évolue pour se rapprocher de la high fantasy.

La high fantasy peut facilement être confondue avec l’heroic fantasy dont elle partage de nombreux points communs :

− le héros ne possède pas de pouvoirs magiques, mais il est courageux et bon combattant ou assez malin pour échapper à ses ennemis sans se battre.

− les forces du bien et du mal s’opposent. Le mal essaie de pervertir la vertu, la grâce et la bravoure.

− les décors sont à l’échelle du monde dans lequel vit le héros : immenses.

Cependant, certains aspects sont uniquement inhérents à la high fantasy :

− le récit relève plus de l’épopée que de l’aventure linéaire.

− la tonalité est poétique.

− le monde est imaginaire mais relativement vraisemblable. Même les éléments les plus extraordinaires semblent réalistes et s’intègrent parfaitement à ce monde.

− les décors évoquent le Moyen-âge (châteaux, villages, …) même s’il est impossible de déterminer l’époque exacte de l’action, et si certaines sources mythiques remontent à l’Antiquité, ou utilisent les folklores celtique et nordique.

− le monde de la high fantasy est composé de différentes civilisations (Hommes, Nains, Elfes, Orques…) précisément détaillées, toujours avec le désir d’approcher une forme de vraisemblance. Ces civilisations sont divisées en sous-groupes (pour LoR, Dúnedains, Rohirrims, Elfes de la forêt... Ou dans d'autres récits, Elfes noirs, Gelflings, Skeksès …), démontrant ainsi des structures internes proches de civilisations existant réellement, ou ayant existé.

− les animaux mythologiques sont très présents (dragons, licornes, mearas, pieuvres géantes et trolls…). Il s’agit cependant de créatures issues mythologies régionales, souvent rurales, parfois urbaines.

− l’esthétique peut être qualifiée de postromantique.

− la structure narrative est celle du conte : des personnages vivant des aventures auxquelles ils n’étaient pas prédestinés, et qui, après maintes épreuves, s’en sortent transformés.

− le « héros » est, en fait, un antihéros. Il est néanmoins intelligent, sage et charismatique. Ses qualités sont plus intellectuelles que physiques. Ses actions le conduisent à devenir un héros et à s’accepter comme tel.

− le « héros » est escorté de compagnons aussi différents des uns des autres que possible, prêts à sacrifier leur vie pour lui. Leurs origines (Elfe, Nain, Humains…), leurs qualités (bretteur, magicien, rôdeur, …) interviennent à différents moments pour l’aider dans sa mission.

− la troupe comprend généralement un magicien, un chaman ou un nécromancien. Le rôle de ce personnage est celui d’un guide.

− le « héros » et ses compagnons ont des faiblesses (doute, tentation, peur …). Ces faiblesses renvoient aux sept péchés capitaux, tandis que leurs qualités renvoient aux vertus cardinales (tempérance, force, justice,) et aux dogmes théologaux (charité, espérance et foi).

− lorsqu’un personnage trahit ses compagnons, il le fait par faiblesse et sous une influence contre laquelle il ne peut lutter. Il les trahit en pensant les aider ou faire le bien.

− la femme n’est pas seulement une (future) épouse ou mère. Elle est capable de manier l’épée, voire de se travestir en homme pour se battre. Physiquement, elle n’a rien d’une amazone. Elle ne se bat que contrainte et forcée, ou par amour. Elle soutient le « héros » (l’élu de son cœur) par son amour et sa magie.

− les enfants sont généralement absents de la high fantasy en tant que héros ou compagnons. Cette absence peut s’expliquer par la recherche de réalisme dont font preuve les auteurs de ce sous genre. Le monde qu’ils décrivent est un monde difficile où les enfants font plus souvent office de victimes.

− la mystique est judéo-chrétienne (code de la chevalerie) mais les personnages entretiennent un rapport fort avec les éléments naturels. La nature, par sa magie, dicte les passions des hommes, et elle souffre de leurs exactions.

− les prodiges surnaturels peuvent être expliqués par une science archaïque (contrairement à l’heroic fantasy où la magie connue par quelques initiés se révèle être la première explication, et souvent la seule).

Rares sont les films respectant l’ensemble de ces critères. C’est aussi ce qui permet de faire évoluer un genre ou un sous-genre. Cependant, l’exploit réalisé par Peter Jackson restera un modèle, car lui seul a su réunir les ingrédients nécessaires à une bonne histoire high fantasy. Mais il a aussi adapté un récit digne de ce nom : la trilogie de Tolkien. Cependant, ce n’est pas la seule œuvre de l’écrivain, d’autres restent à adapter à défaut d’imagination littéraire ou scénaristique…[1]



[1] Ce que Peter Jackson fera quelques années plus tard avec The Hobbit (An Unexpected Journey, 2012 ; The Desolation of Smaug (2013) ; The Battle of the Five Armies (2014)).

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