1. Les Terres mythiques
1. Les Terres mythiques
Les Terres mythiques font fantasmer les écrivains et les cinéastes. L’Atlantide en est l’exemple le plus célèbre. La tradition veut que ces terres légendaires soient antérieures aux civilisations antiques qu'elles soient égyptienne, sumérienne ou Babylonienne.
Des noms comme l’Atlantide, l’Hyperborée, Mû, Thera… résonnent à nos oreilles comme des légendes, car nous ne possédons, actuellement, aucune preuve de leur existence. Seules des hypothèses pseudo-scientifiques nourrissent notre imagination. Ces civilisations sont, généralement, antédiluviennes. Elles possédaient, semble-t-il, une culture et une richesse inimaginable de nos jours. Elles étaient basées sur la sagesse et la spiritualité. Pourtant, elles ont « fâché les dieux », ou un dieu en particulier, qui aurai(en)t alors déclenché le Déluge[1] pour les supprimer. Cependant, il est scientifiquement admis de nos jours qu’il n’y a pas eu un seul déluge, mais plusieurs. Les écrits bibliques posent ainsi un problème de date quant à la réalité de l’Atlantide. Mais ce que nous devons retenir, c’est que ces déluges ont peut-être détruit ces civilisations, car il ne reste aucune trace pour étayer leur réalité passée. Cela suffit aux créateurs pour réinventer ces mondes et les rendre plausibles.
Pourtant, le cinéma ne s’est emparé que d’un seul de tous ces mythes : celui de l’Atlantide. Platon (v. 427-v. 348 av. J.-C.) en est à l’origine. Il situait l’Atlantide au-delà du détroit de Gibraltar. D’autres sources la situeront près de l’île de Santorin, autrefois appelée Thera, dans l’archipel des Cyclades. De nombreux écrivains continueront à asseoir le mythe, tels Francis Bacon (1561-1626) et Pierre Benoît (1886-1962) qui situe son Atlantide dans le Sahara. Avec lui, le mythe de l’Atlantide prend véritablement forme… Il est d’autant plus fort qu’à la date de sa parution, en 1919, l’Afrique et en particulier l’Égypte avec sa Vallée des rois et ses mystères font fantasmer les esprits. Il est facile voir les nombreuses découvertes des archéologues dans les musées nationaux, ou même se procurer des reliques au marché noir.
C’est en 1921 qu’est réalisé le premier film évoquant l’Atlantide. L’Atlantide, de Jacques Feyder reprend le récit de Pierre Benoît, celui d’une reine légendaire, Antinéa, descendante des Atlantes qui attire les voyageurs égarés dans son palais, les séduit et les momifie une fois leur amour consommé. Le film passionnera plus par ses décors que par le jeu de ses acteurs. Une seconde version, parlante, sera réalisée par Georg Wilhelm Pabst, Die Herrin von Atlantis[2], en 1932. Le film sera tourné en trois langues : français, allemand et anglais. D’autres versions, plus éloignées du récit initial et de celui de Pierre Benoît, suivront : Undersea Kindom (1936), de Breezy Reeves Eason et Joseph Kane, Siren of Atlantis (1949), de Greg Tallas, ou Atlantis, The Lost Continent[3] (1960), de George Pal. Dans les années 60, c’est le péplum italien qui s’emparera du mythe : Ercole alla conquista di Atlantide[4] (1961), de Vittorio Cottafavi, ou, Il Giante di Metropolis[5] (1962), d’Umberto Scarpelli. Le japonais Inoshiro Honda réalisera sa version en 1964 : Kaitei Gunkan[6]. L’anglais Kevin Connor, lui, s’intéresse aux continents disparus: Seven Cities to Atlantis[7] (1976), At the Earth’s Core[8] (1976), The Land that Time forgot[9] (1974), People the Time forgot[10] (1977).
Hormis deux autres films, Amazing Captain Nemo[11] (1978), d’Alex March, et L’Atlantide (1991), de Bob Swain, le mythe de l’Atlantide ne fera, cinématographiquement, plus parler de lui jusqu’en 2001. Date à laquelle Gary Trousdale et Kirk Wise réalisent un film d’animation pour les studios Disney : Atlantis, the lost empire. Ils effectuent un retour aux sources : un jeune cartographe, sous-estimé par ses pairs et fasciné par le mythe de la cité d’Atlantis, est persuadé de l’avoir située grâce aux écrits découverts sur les pages d’un incunable illuminé et sur un bouclier. Il partira à l’aventure en compagnie d’explorateurs douteux et improbables et découvrira la mystérieuse Cité… Plusieurs influences évidentes apparaissent au cours de ce récit : Jules Verne, le steampunk, le manga…
Enfin, deux ans plus tard, une nouvelle série télévisée apparaît sur les écrans, Stargate Atlantis, spin-off de Stargate SG-1 : après que le Colonel O’Neill et son équipe aient localisé la cité d’Atlantis grâce à une nouvelle porte interstellaire, un groupe de terriens, scientifiques et militaires, sous le commandement du Docteur Elisabeth Weir, investissent la cité d’Atlantis, et s’y retrouvent piégés. Dans l’attente d’un hypothétique retour sur Terre, ils font, de la cité, leur base et le point de départ de leurs aventures dans ce nouvel univers.
L’Atlantide est remise au goût du jour, mais plus encore c’est l’aventure et l’exploration de territoires inconnus qui passionnent le public. En 2003, le studio Dreamworks produit, à son tour, Sinbad, Legend of the Seven Seas. Loin du mythe de l’Atlantide, les voyages de Sinbad évoquent d’autres récits (The Golden Voyages of Sinbad[12], Sinbad and the Eye of Tiger[13]).
Cependant, la plupart de ces mythes sont européens, et le public américain se sent éloigné de ces récits. Il leur préfère bien souvent ses propres mythologies.
[1] Genèse 6.3 à Genèse 8.22 – Extrait de la Bible de Jérusalem. Edition du Cerf. 1973.
[2] L’Atlantide.
[3] Atlantis, Terre engloutie.
[4] Hercule à la conquête de l’Atlantide.
[5] Le Géant de Metropolis.
[6] Ataragon.
[7] Les Sept Cités d’Atlantis.
[8] Centre Terre, Septième Continent.
[9] Le Sixième Continent.
[10] Le Continent oublié.
[11] Le Retour du Capitaine Nemo.
[12] Le Voyage fantastique de Sinbad (1973), de Gordon Hessler, GB, 75’ – Couleurs.
[13] Sinbad et l’Œil du Tigre, (1977), de Sam Wanamaker, GB, 113’ – Couleurs.
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