3. Les artefacts magiques de la fantasy
3. Les artefacts magiques de la fantasy
De l’épée Excalibur, du film du même nom, aux sabres lasers de Star Wars, de l’anneau, du Seigneur des anneaux au « quickening » des highlanders, en passant par les livres et les cristaux magiques, la fantasy regorge d’artefacts magiques, surnaturels, mythiques ou précieux. Certains sont bénéfiques, d’autres le sont moins.
L’épée est généralement un artefact bénéfique. Par sa forme, elle représente la religion et la spiritualité. Sa présence dans certains titres de film d’heroic fantasy, tels The Sword and the Sorcerer[1] (1982), d’Albert Pyun, The Sword of Barbarians (1982), de Michael E. Lemick, prouve son importance.
Les deux épées les plus célèbres sont Excalibur, et Narsil. Excalibur est une épée magique dont on dit qu’elle a été forgée dans un autre monde. Son existence est liée à celle d’Arthur, le fils naturel d’Ygerne et d’Uter Pendragon. Né avant l’union de ses parents, Arthur vécut dans la clandestinité. À sa mort, Uter Pendragon n’avait aucun héritier officiel. Il fallut donc trouver un subterfuge pour qu’Arthur devienne roi. Merlin, conseiller d’Uter, et protecteur d’Arthur, prédit alors que seul celui qui parviendrait à ôter l’épée Excalibur, fichée dans une enclume, serait roi. Les candidats, nombreux, échouèrent tous jusqu’à l’arrivée d’un jeune homme qui parvint à ôter l’épée de son socle sans effort. Toutefois, les barons n’acceptèrent pas Arthur comme roi malgré la révélation de ses origines. Il lui fallut se battre pour se faire admettre en tant que souverain légitime. Excalibur participe de la légende du roi Arthur, des chevaliers de la Table ronde et de la recherche du Graal.
Tous les passionnés de The Lord of the Rings connaissent le nom de l’épée qui a vaincu Sauron. Il s’agit de Narsil, l’épée d’Isildur, qui fut brisée à la fin de ce combat. Elle réapparaît dans The Fellowship of the Ring, à deux reprises : dans le prologue, et à Fondcombe lorsque Aragorn vient se recueillir auprès de l’épée brisée, et dans Return of the king lorsque Elrond vient la remettre à Aragorn. Elle symbolise la victoire de son ancêtre Isildur sur Sauron mais, aussi, sa défaite face à la tentation. Dans cette même partie, il y a une seconde épée, Anduril la Flamme de l’Ouest, offerte par Bilbo à Frodon. Elle réagit, à la présence des Orques. La présence de l’épée, dans ces récits, symbolise le combat intérieur et la lumière. Elle joint l’esprit à la matière et évoque la bravoure et la puissance des guerriers comme des rois.
La lumière est aussi évoquée au travers des pierres magiques. C’est le cas dans Red Sonia (1984), de Richard Fleischer, et dans The Dark Crystal (1982), Jim Henson et Frank Oz. Mais tout dépend de qui l’utilise : si ces pierres tombent entre de mauvaises mains, elles peuvent devenir de puissants objets maléfiques. Le cœur des dragons est assimilé à une pierre comme dans Dragon Heart (1996), de Rob Cohen. Ici le cœur et la pierre s’associent pour devenir un symbole de vie. Ces pierres, sous formes de sceptres, dans Dungeons and Dragons (2000), de Courtney Solomon, gouvernent les dragons.
Les objets maléfiques ne le sont pas seulement en eux-mêmes, mais aussi en ce qu’ils évoquent. L’Anneau unique paraît inoffensif. Il n’agit pas directement. Il canalise le mal chez son porteur en l’affaiblissant et en le rendant influençable. Le véritable mal, c’est Sauron et sa quête de pouvoir. L’anneau symbolise ce pouvoir. Lié au feu, ainsi qu’à l’astre symbole des divinités solaires, l’anneau est une métaphore de la domination et de la soumission, car il symbolise l’alliance. Il en va de même pour les colliers comme celui que trouve la princesse Lili, dans Legend (1985), de Ridley Scott. Lili est prisonnière d’un démon qui lui offre tout ce qu’elle peut souhaiter. La tentation ultime est une robe qu’elle arbore au terme d’une valse démoniaque. Jusqu’à cette séquence, la princesse portait des robes blanches symbolisant la pureté. En se retrouvant affublée de cette fantastique robe noire après l’avoir tant désirée, elle marque la perte de son innocence, son passage dans le domaine de l’ombre. Elle devient la fiancée du démon. Les pierres précieuses sont les symboles de la cupidité et du pouvoir. Ne dit-on pas aussi que le savoir est un pouvoir ? C’est pour cela que Saroumane utilise les Palentiri, les pierres de la vision. Il y puise une partie de son pouvoir. Tout comme Sauron qui les utilise pour repérer ses ennemis, mais aussi leur insuffler le desespoir.
C’est dans l'archeology fantasy et la dark fantasy que nous trouvons le plus d’objets maléfiques. Dans la série des Indiana Jones, il y en a principalement deux : l’Arche d’alliance, qui aspire les âmes de ceux qui osent l’ouvrir, et le Graal, bénéfique à condition de ne pas se tromper de calice. Autrement, il transforme successivement en vieillard, en cadavre, en squelette et en poussière celui qui boit à la mauvaise coupe. Un objet similaire à l’Arche d’alliance existe, dans Tomb Raider 2 : The Cradle of life (2003), de Jan de Bont. Il s’agit de la Boîte de Pandore. Nombreux sont ceux qui veulent s’en emparer, car cette boîte contiendrait un virus capable d’exterminer presque toute l’humanité. Dans le premier récit cinématographique des aventures de Lara Croft, Tomb Raider (2001), de Simon West, L'artefact est un mécanisme (une pendule) qui doit permettre à une secte de dominer le monde. Chronos (1992), de Guillermo Del Toro, met en scène un mécanisme vampirique. Un vieux brocanteur découvre, dans une pendule, une forme de scarabée mécanique qu’il met malencontreusement en marche. Celui-ci le mord à la main et le vampirise. Mais au lieu de s’amenuiser, le vieil homme retrouve une vigueur inattendue. Mais, cette vie nouvelle qui afflue dans ses veines a un prix.
Dans The Mummy Returns (2001), de Stephen Sommers, c’est un bracelet, celui du roi Scorpion qui risque de vampiriser l’âme d’Alex, le fils d’Evelyn et Rick O’Connell, si celui-ci ne se rend pas dans le tombeau du propriétaire du bracelet. Bien entendu, Imhotep, l’ennemi juré des O’Connell, revenu d’entre les morts, et sa compagne, Anck-Su Namun, vont se servir de l’enfant pour trouver le fameux tombeau. Deux artefacts sont familiers à l’univers des O’Connell : le célèbre Livre des Morts égyptien, et son opposé, le Livre des Vivants. Tous deux sont la source de grands pouvoirs, car ils sont capables de ramener les morts à la vie et de conduire les vivants à la mort. Dans The Never Ending Story (1984), de Wolfgang Petersen, comme dans Princess Bride (1987), de Rob Reiner, c’est aussi un livre qui permet au jeune héros de pénétrer dans le monde des contes de fée et de fantasy. Enfin, dans Highlander (1985), de Russel Mulcahy, ce n’est pas un objet qui attise les convoitises mais un état, le « quickening », la possibilité de recueillir le savoir et l’expérience d’un autre highlander. Les highlanders ont la particularité d’être des immortels. Pour obtenir un « quickening », ils doivent décapiter un des leurs. Plus un highlander tue ses semblables, plus il acquiert de puissance. À la fin, il ne devra en rester qu’un seul. Pourquoi ? La question reste encore sans réponse.
Les objets dans la fantasy ont souvent pour but de gouverner en bien ou en mal. Il existe encore toutes sortes d’objets, et les mythes en regorgent, qui ne demandent qu’à être utilisés, ce qui réserve de beaux jours à la fantasy cinématographique.
[1] L’Epée sauvage.
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