1. Les origines de la planet fantasy

L’univers de la planet fantasy nous transporte dans un monde qui est inventé dans ses moindres détails et ceux-ci influent sur le récit. L’objectif premier de la création d’un tel univers est de déconnecter le spectateur de la réalité.

Le film de Jim Henson participe à la création de la planet fantasy au cinéma, ou, plus généralement, la conduit vers une forme plus définie. Elle ajoute à la dimension visuelle extrêmement riche, l’absence de tout être humain. La question de savoir s’il y a d’autres vies, quelque part dans l’univers, différentes de celles existant sur Terre, se pose directement à travers la planet fantasy. Mais cette forme de vie dépasse l’idée du simple extraterrestre.

Inhérent à cette vie, il y a un environnement, et cet environnement a sa propre Histoire. Et, au-delà, l’idée de pouvoir vivre sur l’un de ces mondes peut, éventuellement, faire rêver l’homme. D’où la légitimité de l’existence d’un tel sous-genre.

Le terme planet fantasy est récent. Il est apparu dans la littérature de science-fiction dans les années 90. Mais l’idée de planet fantasy est plus ancienne. Il faut remonter à Fontenelle et à ses Entretiens sur la Pluralité des Mondes, en 1686, pour trouver les premières traces de la possibilité de l’existence de vie sur d’autres planètes. Plus loin encore, Lucien de Samole et son histoire Véritable, mais il faut savoir que les évocations de ces planètes sont faites par des extraterrestres dont le but est d’explorer l’univers, ses sources de vie et les Sociétés humaines. Les sujets des œuvres de Samole ou de Rabelais ne sont en rien les études de planètes inconnues. Mieux encore, il s’agit plus probablement de territoires mal connus à leur époque, comme l’Afrique ou l’Asie.

En 1893, à la suite d’un malentendu linguistique, Perceval Lowell réalise des cartes de Mars pour prouver ce dont il est certain. Il évoque une civilisation luttant pour sa survie contre la sécheresse qui fait rage sur Mars. Pour lui, les canaux servent à transporter la précieuse eau devant lui permettre de vivre.

En fait, il a confondu le terme italien Canal utilisé par Schiaparelli, le découvreur officiel des canaux martiens. Le terme italien signifie canal dans l’une de ses acceptions, mais aussi chenal dans l’autre. Celle-ci n’implique pas forcément la création artificielle. Dès lors, nombreux sont les explorateurs qui partent à l’aventure dans ce nouveau monde, et plus ils sont nombreux, plus les planètes qu’ils visitent sont lointaines. Mais, pas plus en littérature qu’au cinéma, nous ne trouverons d’œuvres marquantes de planet fantasy dont l’Homme sera absent jusqu’à la création, en 1982, du monde de Jim Henson et de Frank Oz.

Bien que d’une qualité rare, cette expérience n’aura aucune suite[1].

[1] Du moins, jusqu'à la fin des années 2010.