Maintenant, je suis réellement seul avec moi-même. Aucune voiture dans les rues, aucuns jeunes troubadours se promenant en chantant à tue-tête, la nuit remplie de silence et d’étoiles qui illuminent d’étincelles et d’espoir. J’aime le silence; l’absence totale de bruits me permet de complètement me perdre à moi-même, sans aucune distraction, de errer à travers ce labyrinthe et ne plus jamais en sortir.

D’un côté, la sortie : Victor qui m’attend les bras grands ouverts. De l’autre : le chemin sinueux vers le milieu, le cœur de mon identité. Je marche, frôlant de mes bras lourds les feuilles de ces épis de maïs composant les murs de mon dédale. Tourner à gauche ? Tourner à droite ? Mon esprit devient embrumé. Non, non ! Je suis si proche ! Que se passe-t-il ? Les feuilles des épis passent au travers de mes mains, les murs s’éloignent de plus en plus, échappant de peu à mes bras se balançant pour essayer d'agripper des maïs intangibles et incorporels. Mon pied s’accroche à quelque chose. Je tombe.

J’ouvre les yeux: je suis couché à plat ventre sur le sol, mes blessures de nouveau ouvertes. Des larmes coulent sur mes joues. Une espèce de boule se forme dans ma gorge. Suis-je triste ? Malheureusement, le béton collé sur ma joue ne m’offre point de réponses. De toute façon, à ses yeux, je ne suis qu’un autre bambin pleurant son sort, qu’une autre brebis égarée dans les méandres de sa mélancolie.

Mes recherches ne mènent à rien. Cette « magie des émotions » n’est que mensonges pour ceux et celles incapables d’accepter leur sort de minable petit humain. L’amour, la joie, la haine, tous ces extrêmes à l’extrême contraire de la personnalité, ont une présence trop grande dans l’estime des gens. Laisser de côté les émotions afin de s’appuyer sur des valeurs mènerait-il à des relations humaines plus intenses et plus véritables ? Est-ce là la clé pour me trouver, moi? Se baser sur des valeurs concrètes qui occupent une place concrète dans mon esprit me permettrait sûrement de reconstruire bout à bout les épis de maïs effondrés de mon labyrinthe.