LES CONTES DE L'ÉTOILE EFFONDRÉE - Terre 3.0

— Oh, merci, mon petit, quelle adorable attention de votre part et quel joli service à thé !

— Pas si petit avec mon mètre nonante, n'oubliez pas, ma Janette... hm, le cours du Thé, sur le marché-infinitésimal-de-l'immensité, se porte mieux que jamais ! J'ai donc fait une folie en investissant dans cette porcelaine à la feuille d'or. Ça fait chic. Jean-Luc, lui, a investi dans une nouvelle lentille pour son drone-cam-cérébro-guidé, il va l'essayer bientôt, m'a-t-il dit !

— Je vois... donc, Jean-Luc n'en sait pas plus sur la mystérieuse team consommatrice de thé de partout et de nulle part, Marcello ?

— Hélas non, Janette. Mais, avec sa nouvelle technologie entre les mains, je suis sûr qu'il va nous dégotter un scoop des plus croustillants, soyons patients ! Oh, j'allais oublier, aujourd'hui c'est la fête des théières galactiques !

— Bonne fête les théières galactiques ! J'ai hâte que notre cher Jean-Luc teste son nouveau jouet, Marcello ! Comme lot de consolation, un flash publicitaire exceptionnel :

La création d'une œuvre est une renaissance pour l'artiste. D'un côté l'artiste, de l'autre l’œuvre.

Dissociation.

Mise en abyme de soi.

Prendre du recul sur ses traumatismes, les transformer.

Transcender.

Un texte sans images. Le même, avec images. Deux œuvres différentes. Sensations différentes.

Dans l'unité.

On utilise ses sens différemment, comme pour se déplacer en voyant, puis dans le noir. Revivre la même expérience autrement... Décrire à travers les senteurs, puis des couleurs, puis des bruits, puis du toucher !

À chaque perception une œuvre différente et autant d’œuvres que de spectateurs.

Interprétation.

L'artiste s'exprime, passant par le filtre de sa nature, de son vécu, de ses traumatismes. Puis le spectateur observe la création de l'artiste à travers son propre kaléidoscope existentiel.

Échange.

L'artiste se révèle au regard de l'autre.

Partage.

J'ai besoin de tomber amoureux.

La troupe S and M haïku présente son spectacle Transfert au Théâtre de la Mouche du quartier de Soho.

— Il faut absolument que j'aille voir cette merveille de l'étrange ! On y va ensemble, Janette ?

— Nous devons réserver les billets ce soir, au plus tard, ça part comme des petits pains ! Cette petite équipe d'artistes expérimentaux commence à avoir la cote dans le milieu, Marcello !

— J'y cours, ce soir, ma Janette !

— Parfait. Revenons à nos biquettes, Marcello. J'ai des nouvelles fraîches de la galaxie 3.0, notre pigiste nous a pondu un docu instructif.

— Je suis impatient de le découvrir, Janette !

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Routine galactique

À la base, c'était un job tranquille. Une cargaison de Techno-Greffes de contrebande à récupérer...

Cette phrase résonne dans la tête d'Alseon Malory comme une impression de déjà-vu. En fuyant les Ghawls, sorte d'ogres galactiques, des humains, qui à force de cannibalisme ont génétiquement dégénéré jusqu'à prendre des proportions gigantesques. La jeune femme et son coéquipier, Mathis Valentine, essaient d'atterrir sur une planète terraformée, qu'ils ont repérée sur la gal-map de l'interface positronique de leur cargo. À peine ont-ils pénétré l'atmosphère de Fallen, qu'ils se sont faits shooter par un tir de Viper 457. Mathis a eu le temps de lire l'inscription sur l'avion avant de lancer un juron, tout en essayant de redresser leur vaisseau.

— S'il était pas aussi petit, je l'aurais pris pour un foutu Ghawl, enfoiré ! T'as vu sa face de zombie, au pilote ?

— Concentre-toi sur l'atterrissage, mon poulet, c'est pas le moment !

— Mais si en réalité, on se crashe sur la planète des Ghawls ? Moi, je veux pas me faire bouffer, je suis trop mignon pour finir dépecé !

— Les Ghawls n'ont pas de planète, arrête ta parano ! Au pire, panique pas, tu sais bien que j'en fais du tartare de tes Ghawls... on va arrêter de dire Ghawls tous les demi-mots, ça commence à me peser sur les nerfs !

— D'accord, ma libellule sanguinaire...

Après avoir posé leur spaceship Boa, non sans mal, les deux mercenaires s'extirpent du cockpit pour courir s'abriter dans la grotte en roche bleue qui se présente devant eux. Le ciel, noirci par une masse énorme d'avions voltigeant tels des insectes autour d'une source de lumière, formant une croute métallique informe au-dessus de leur tête, laissait à peine passer la lumière stellaire. Le jour, ici, ressemble à une nuit sans pleine lune. Par moment, l'un des zincs se décroche de la voûte pour aller s'écraser au sol.

Quelle poisse ! Il ne nous reste plus qu'à prier pour que l'un de ces engins ne vienne pas éclater notre Boa gagné aux enchères de l'astéroïde El Soukh. Renko va gueuler ! Enfin, si on décède ici, il n'aura plus personne à engueuler. Mais quand même !

— Tu m'as l'air préoccupé, Mathis.

— Ouais... non... c'est pas grave.

— Il n'y a pas de Ghawls. Tout va bien.

— Pour l'instant...

Les Chroniques de l'Univers - « La Folle Odyssée de l'Espace »

Réalisation : Saltonsea M. pour TROLL MAG INFINI-TEA

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— Remarquable, Janette, une planète avec des grottes aux nuances de bleu Lapis lazuli et de bleu céruléen, ça me plaît déjà. Ce dégradé est magnifique et regardez-moi ce sable, cette sublime couleur vert-de-gris !

— En effet, Marcello, j'ai hâte de connaître la suite ! J'espère pour eux qu'ils n'ont pas atterri sur une planète infestée de Ghawls, le beau Mathis a sans doute raison d'être nerveux... la pire évolution humaine jamais connue à nos jours !

— Oh oui, chère Janette, que dire de plus ?... Jean-Luc a percé le mystère de l'Ordre élémentaire !

— Pardon ? Et c'est seulement maintenant que vous nous l'annoncez, Marcello !

— Je vous réservais la surprise, ma Janette...

— Et donc ? Marcello !

— Quelle impatience, ma Janette !

— Vous voulez vraiment que je vous fende la poire, Marcello ?

— Que de violence, ma Janette ! Bon, trêve de sadisme. C'est assez compliqué à expliquer sans faire de triples nœuds avec ses neurones, je vais faire de mon mieux... Hey, ne me frappez pas, j'essaie de me concentrer ! Commençons, par le commencement. Un commencement est un moment délicat... non, qu'est-ce que je raconte ? L'Ordre élémentaire, donc, fut créé il y a des siècles, par des individus dotés de pouvoirs surhumains. Ces pouvoirs sont les énergies élémentaires de notre planète. L'eau, l'air, le feu, la terre. Ces quatre éléments à l'origine de la matière et de la vie, pour résumer, selon la philosophie ancestrale des civilisations humaines. Chaque guerrier élémentaire... ça fait combien de fois que je prononce ce mot depuis le début de mon explication, déjà ?...

— Trois. On s'en fiche, continuez, Marcello !

— Chaque guerrier élémentaire, donc, est rattaché à un Daekhun Elementum, la source de l'énergie, liée à l'esprit de cette matière ou plutôt de ce corps. Esprit de la rivière, esprit de la forêt, esprit du volcan et toutes ces entités formées par les éléments. Donc, pour un guerrier Elementum, c'est le Daekhun de l'eau, le Daekhun du feu, etc. L'Ordre élémentaire est cette organisation qui réunit ces surhumains dans le but de préserver l'équilibre sur notre planète, Gaïa Mater, comme les guerriers Elementum l'appellent. Et le Shabah Almawt est l'antithèse de ce groupe ou plutôt de l'énergie élémentaire de vie de la Terre, la personnification de l'entropie. Voilà, ma Janette.

— La différence de potentiel à l'origine du mouvement. L'univers se moque de nous, Marcello...

— Il vaut mieux, en effet, rester objectif face à ce qui nous attend, Janette...

— Je pensais surtout, cher Marcello, à Alessya et ses reportages sur la team Chicago du FBI... le Shabah Almawt, les Cinq Royaumes de la Chimère, tout est lié, mais je ne vois pas encore tout le tableau !

— C'est pour ça que le TROLL existe, ma Janette ! Pour mettre la lumière sur les zones d'ombre ! Cependant, vous avez mis le doigt sur un élément capital. Dont la signification m'échappe encore, comme à vous. Pour le moment. Mais, ne spoilons pas ! Sur ce, à la semaine prochaine, chers Troll-spectateurs et ne trollez pas trop devant l'écran !