(V)

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Tu es froid... froid... tu chauffes... tu chauffes. Oh ? Chaud. Chaud ! Brûlant !

Pile et à poil où il faut ! Léo est sur le grill. Anxieux de dorer la pilule de ses deux voisines de fesses qui lui sert de lune. En plein jour... Marat... il y aurait de quoi rire. Pourtant, ne te vient que le dégoût, en bile de ventre vide. Tu vomis. Sonné. Au ras de ce fessier affiné par les manques et les famines. Il avait faim. Tout son corps le portait. Sous son épaisse couverture d'ombres, il conservait une certaine fraîcheur. Mais là, sous cette lumière crue... il finira cuit, en quelques heures.

— Se-s'feront pas prier...

Le fratricide a de ça qu'il nourrit parfois les familles de sentiments contradictoires. Certaines haïssent, d'autres pardonnent, quelques-unes se se régalent. Comme celle-ci. Elle doit aimer le bonhomme, la table facile et les dîners aux flambeaux. L'idée donc de casse-croûter le défunt a le mérite de ne pas être mauvaise et le défaut d'être la seule. Il connaît son monde, ton saigneur, et sait que seules les intentions comptent ; mêmes petites, même si le QI du bulot était celle d'une huître, la sauce fera passer le poisson. Et la manœuvre vous permettra d'épargner quelques grains dans le sablier. Ça va être serré. Il vous faudra courir entre chien et loup, dès le couchant, les estomacs talonnés par l’irrépressible révulsion d'assister à la Cène familiale. Où, servis sur un plateau doré, Léo jouera au poulet rôti du Dimanche. Mais, il y a un problème dans ce plan de fuite. C'est celle qui vide Enzo — par le procédé du nombril inversé— de tous les nutriments nécessaires à une telle course. Il ne tiendra pas le cent mètre, c'est sûr. Tes promesses l'ont galvanisé, assez pour qu'il oublie ce détail, trop peu pour qu'il garde son sang chaud.

Il lève un bras. Sa lame indique un tas de loques avec une fébrilité affûtée de dangers endormis. Le départ est en avance sur l'horaire malgré des protestations légitimes quant au moment de la partance. Ce n'est vraiment pas l'idéal pour l'abandonner en quelques foulées. Attendre, tout en marchant, l'instant propice. Quand il aura lâché assez de litres, ce bagage décousu et encombrant tombera aux côtés de ses pas, cédé à l'indolence ardente d'un mépris qui te ressemble...

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