(VI)

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Gaucheeeee... droi... te ; gau...che... droiteeee.

Il paraît que vivre ce n'est pas attendre que l'orage passe, mais bien de danser sous la pluie. Pas d’inquiétude. Ici, il fait ciel bleu clair. À perdre la vue, à perdre haleine aussi. Par oppression d'une valse à deux temps langoureuse ; sous le tempo de laquelle l'ombre d'un regret coule à grosses gouttes le long d'une appréhension frénétique. À cause de ce partenaire imposé, intraitable, qui conduit tes pieds guenilleux dans un rythme bâtard. De prudences en précipitations... cette cadence, suffira-t-elle ? Rien n'est moins sûr ! Mais essayer, c'est déjà peut-être. Peut-être tes jambes aboutiront sous le pont suivant. Rompues et rompant avec la tension qui dévore d'appétit d'ogre la moindre force, sous ta peau huilée, par une laque irritante qu'une angoisse funeste sait distiller.

Peu d'être goûte à cette liqueur ; langueur, comme voie de fuite. Courir, ton corps entier porte cette allure. Mais, bien qu'il pousse, en premier élan intuitif, à se mettre à bonne distance de crocs, il ne saurait être que le dernier s'il oublie, dans sa panique, qu'une morsure plus profonde encore punira dans sa chair toute audace hâtive.

Elle te menace. Brûlante. Désintéressée. Parce qu'il est là où tu ne devrais plus. Conséquence d'une cohabitation manquée. Il te fait suer. Il te fait marcher. À petites foulées hystériques :

Gauche... droi...te ; gau...che... droiteeee.

C'est comme du ski nautique sous urgence climatique. Enfin, le sujet date un peu. Bien vrai. C'est un peu tard. Cependant, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Et puis, il faut voir le bon côté des choses. Bien que tu sois en nage, plus besoin de bouée de sauvetage. Il suffit de piétiner, bouleversé, entre les récifs polis par une absence, une mémoire, un souvenir de galet. Gaffe aux pieds ! Ces caillouteux ne manquent pas de malice et pas moins d'orgueil — à croire qu'ils se sont faits tout seul... Évite de chuter si bas. Tu ne t'en relèveras pas. Quant à Enzo, quand bien même il le voudrait, sa condition de dépouille, ambulancé par un dessein vivace, n'aurait pas la force de cette ambition. Oui, Marat. Pour toi, c'est marche ou crève.

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