7- Cachotteries

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 Tic, toc, tic toc, l'eau ruisselait le long de la paroi et finit par tomber, en cadence, dans la flaque qu'elle avait formée. Eddie se rapprocha à tâtons et se mit à la laper. Deux jours qu'il n'avait pas bu. Cela ne suffit pas à étancher sa soif, ses lèvres desséchées et craquelées se collèrent au mur pour lécher la paroi humide. La roche écorcha son visage, sa bouche se mit à  saigner. Le seul liquide qui humidifia sa langue était son sang. Il faudrait qu'il pleuve un déluge pour calmer sa soif ou juste pour qu'il survive.

 Il avait déjà inspecté la roche et le sol pour y trouver une issue. Il en avait caressé les moindres aspérités jusqu'à poncer la pulpe de ses doigts. Quand on retrouverait son corps il ne faudrait pas compter sur ses empreintes pour l’identifier. La seule sortie c'était cette fichue porte métallique fermée a double tour. Le premier jour, il avait tambouriné en vain, il avait cogné, il s'était jeté contre la porte de tout son poids . À part se démettre l’épaule il n'y eut aucun résultat.

 Quand il s'était retrouvé piégé dans ce cachot, il avait d'abord cru à une blague, elle allait revenir le chercher et ils rigoleraient bien de la trouille qu'elle lui avait collé. Elle ne pouvait pas volontairement lui infliger ça. Elle lui avait demandé de l'attendre le temps de revenir en tenue, un jeu érotique un peu étrange et malsain, le trip du prisonnier et de la matonne. Bizarre peut-être mais une partie de jambes en l'air restait une partie de jambes en l'air. Elle devait fermer le site pour la saison basse, personne ne viendrait avant des mois. Qui avait envie de visiter un bagne sous la neige ?

 Au bout de quelques heures, quand sa vessie s'était manifestée, il avait perdu patience et la colère l'avait gagné. Qu'elle crève cette salope. Il avait crié, insulté... Les cordes vocales douloureuses et le corps en miettes, les pleurs l'avaient submergé.

 Pourquoi ? Comment avait-elle appris qu'il avait eu une liaison ? Elle avait bien caché son jeu la garce ! Mais allait-elle réellement le laisser crever au fond de ce cachot ? Tout ça pour une histoire de cul ?

 Le froid avait rapidement pris d'assaut la cellule et ses os. Recroquevillé dans un coin, claquant des dents il avait imploré, le ciel, le diable, quiconque pouvant l'entendre. Personne n'était venu.

 Là, les lèvres sur le mur, à sucer desespėrėment la pierre, il renonça. Combien de temps met-on pour mourir sans eau ? Le froid, la faim, la soif, la douleur, il voulait que cela cesse. Alors il s’allongea et écouta les gouttes égrainer le temps. La prochaine chute de température aurait raison de lui. Il accepta sa fin. Il allait mourir là, comme un crétin qui avait toujours réfléchi plus avec ses parties génitales qu'avec sa tête.

 Tic, toc, tic... l'eau se tarit avant que la vie ne se décida à le quitter...

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 Après avoir fermé la porte à clé pour faire monter l’excitation, elle avait couru enfiler son petit ensemble de jeu. Des bas résilles, un porte-jarretelle, un soutien-gorge noir sous une chemise entrouverte de gardien de prison, sa matraque à la main et juchée sur des talons vertigineux elle avait enjambé les marches aussi vite que possible. Chaque marche la rapprochait de son fantasme et de l'homme qu'elle aimait. Sa cheville se tordit, elle perdit l’équilibre dans l'escalier, sa tête heurta les marches avec violence, ses cervicales se plièrent à un angle de 90 degrés.

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