La gorge serrée. Serrée comme l'air qui ne passait plus. Serrée comme les larmes sèches au bord de ces paupières ; l'émotion étranglait son âme en perdition.

La rage ! Le chagrin ! La révolte !

Il éteignit son écran, s'en détourna et s'avança à la fenêtre ; close. Reprendre son souffle, enfin plutôt une bouffée d'air. Douloureuse. Libératrice ; un peu. Puis l'accablement et il se demanda ce qu'il restait à la planète. L'océan avait abdiqué ; plus d'eau. Plus de sel. Plus d'espoir. Les rêves s'étaient enfuis et, avec lui, l'air qui se raréfiait. Presque plus d'arbres, quant à la faune...

Il arrêta là ce bilan décourageant. Une bourrasque. Ses yeux allèrent au-delà de la croisée. Les volutes de poussière rouge cinglaient ses carreaux ; c'était presque beau. Une tempête de sable, la seconde de la semaine. Un an plus tôt, le rythme était mensuel, et un an avant encore, exceptionnel ; tout allait si vite ! L'amertume l'étrangla de nouveau. Il se détourna, tout revenait en boucle ; sans l'écran, mais était-il besoin qu'il soit là ?

L'humanité avait brûlé la chandelle par les deux bouts. Le pire ? Elle continuait à creuser la Terre ; pillait ses entrailles. Elle continuait de produire et produire. Elle continuait à consommer.

la façade glacée du réfrigérateur devant ces yeux le fit tressaillir ; ses pas l'avaient conduit ici. La chaleur aussi sans doute. Il sortit une bière, retourna sur son canapé et ralluma la télé.

Que lui restait-il après tout ?

Les actualités en continues avaient fait place aux publicités hypnotiques. Il se laissa happer et noyer.