Derniers vestiges
Sous le soleil blanc ou les astres d'argent, la mer vide patientait depuis des siècles. Ses volutes cuivrées s'agitaient au gré du ressac anhydre. Sur les plages de granit, quelques maisons blanches chantaient. Caressant les fontaines éteintes et leurs bassins d'albâtre, le vent recueillait les contes d'un âge révolu. Ensuite, il les emportait et les soufflait sur des montagnes de roches bleues, des forêts fossilisées, et d'autres cités abandonnées. Il parlait d'êtres éthérés, révélait qu'ils s'en étaient allés en laissant leurs masques d'or et d'onyx derrière eux et leurs corps réduits en poussière. Il déplorait les guerres cruelles menées sur des monstres de fer et d'acier, chuchotait les serments des amants, et s'enthousiasmait des rires des enfants jouant avec des cerceaux arc-en-ciel dans des jardins de fleurs bourdonnants d'abeilles ; désormais fanés.
Hélas, ses paroles expiraient dans l'air raréfié d'un monde figé où aucune oreille n'était là pour écouter. Quand le vent cessa, tout s'effaça sous la poussière, et à la nuit, lorsque les étoiles apparurent, elles brillaient au-dessus des cités et d'une mer asséchée ; muettes.
Ainsi, les chants du vent s'égaraient-ils dans les flots du temps.
Annotations