CHAPITRE VIII : Les retrouvailles

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Assis sur une pierre, Koto nettoyait son sabre. Bohord, qui sortait tout juste de son bain, aperçut un bâton aux côtés du jeune homme. Il s’approcha et le prit dans ses mains.

— Reposez-le, s’il vous plaît.

— Pourquoi donc ? Tu n’as pas lâché cette canne depuis que l’on s’est rencontré. Pourtant, tu ne t’en sers pas.

— C’est tout simplement parce que ce n’est pas un bâton de marche. C’est…

Girin et Aurore arrivèrent à ce moment-là. Les deux hommes les observèrent, sans dire un mot.

— On n’a rien trouvé ! s’exclama Aurore. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir cherché.

— On a suivi les traces d’un chevreuil pendant quelques kilomètres mais il nous a finalement échappé, ajouta le nain.

— Ce n’était pas une compétition à la base… ? questionna Bohord. Pourquoi étiez-vous ensembles ?

— Disons que les choses ont un peu changé, rigola maladroitement Girin.

Les deux hommes se regardèrent, sans comprendre ce qui avait pu se passer entre ces deux-là.

— Dans ce cas, si Elàlia trouve quelque chose, alors vous aurez perdu, sourit Koto.

— Si cette gamine trouve un truc c’est ce nain de pacotille qui aura perdu, pas moi ! s’écria Aurore avant de s’en aller.

— Qu’est-ce qu’elle raconte ? demanda le vieillard.

— J’ai fait fuir la bête qu’Aurore était en train de traquer. Pour me faire pardonner j’ai essayé de le retrouver avec elle mais rien n’y fait, on ne l’a pas revu … J’espère qu’Elàlia ne va rien trouver ou je vais passer un sale quart d’heure…

***

Elàlia regardait Nalir, médusée. À ses côtés, il y avait trois autres nains. Deux d’entre eux paraissaient jumeaux, tant ils se ressemblaient. Tout deux très musclés, leurs cheveux étaient longs et noirs, tout comme leurs barbes qui descendaient sur leurs torses. L’un d’eux avait néanmoins une cicatrice au niveau de l’œil, qui semblait être devenu aveugle. Le dernier était presque aussi grand que Nalir. Plutôt frêle, il portait une petite barbe mal entretenue. Ses cheveux étaient coupés court et il semblait en retrait par rapport au groupe. Ils portaient tous des armures naines, légèrement bleutées, caractéristique des Montagnes Bleues. Le nain à la balafre s’approcha d’Elàlia, jusqu’à se tenir juste devant elle :

— Qu’est-ce qu’une elfe fiche ici ? grogna-t-il.

— Eh bien… Je… Je voulais prendre ce sanglier afin de pouvoir manger, répondit-elle en reculant.

— Il y a d’autres personnes avec toi ? demanda-t-il en s’avançant à nouveau.

— Je…

— Arrête, Varnir, ordonna son jumeau. Tu vois bien que tu lui fais peur.

— Je veux savoir ce qu’elle fait ici ! C’est louche ! On traîne par ici depuis près d’un mois et on n’a jamais croisé que des orcs ! Elle doit être de mèche avec eux !

— Tu vois le mal partout, si elle dit qu’elle voulait ce sanglier alors, c’est qu’elle le voulait.

— Et tu ne trouves pas qu’il est trop gros pour elle toute seule, crétin ?

— Qui est-ce que tu traites de crétin, le nain ?

— Ferme-la, t’es aussi petit que moi !

— Attention à ce que tu dis ou je te découpe en deux…

— Essaie donc Balgruf ! Viens !

— Oh ! On se calme ! ordonna le dernier qui n’avait pas encore parlé.

— Ysard ! Ne te mêle pas de ça ! C’est entre mon crétin de jumeau et moi, s’énerva le nain à la cicatrice.

— Répète ça pour voir ?! cria son frère.

— Stop ! On arrête, commanda Nalir. Vous vous donnez en spectacle là ! Vous ne pouvez pas vous comporter en nains civilisés pour une fois ?

— Excuse-nous…

— Ouais, pardon.

— Bon, reprit-il, peux-tu nous en dire un peu plus ? Comme tu le vois, nous sommes un peu à cran ces temps-ci… On ne voit que des orcs dans ces montagnes d’ordinaire, et rarement des humains alors des elfes… Pourquoi n’es-tu pas dans la forêt du Libranor ?

— Je voyage avec des amis. Nous venons de Yè et nous sommes venus ici. Nous ne faisons que passer, nous allons voir un ami.

— Nalir, coupa Ysard, s’ils sont nombreux, peut-être qu’ils pourraient nous aider avec notre… Problème ? Nous tournons en rond depuis plusieurs jours, un regard neuf nous fera du bien.

Le nain se mit à réfléchir quelques secondes en grattant sa barbe, puis il reprit la parole :

— Pourriez-vous nous conduire à vos compagnons ? Nous aimerions vous proposer un marché.

— Eh bien… Je ne sais pas trop… hésita l’elfe.

— On portera le sanglier. Comment comptiez-vous le porter jusqu’à eux ?

— Je n’y avais pas vraiment réfléchi je dois dire…

— Alors, acceptez, je vous prie. Si vous refusez, nous repartirons. Mais si vous nous aidez alors on vous en sera à jamais reconnaissant. Et puis, qui sait, peut-être pourrions-nous vous être utile à notre tour ?

Après quelques secondes d’hésitation, Elàlia fit un oui de la tête. Les nains prirent leurs sacs et Balgruf mit le sanglier sur ses épaules avec l’aide de son jumeau. Ils se mirent en marche vers le campement.

***

Le groupe attendait le retour de la petite elfe. Aurore s’était éloignée afin de se laver. Koto et Girin discutaient et Bohord se promenait autour du camp. S’étant un peu trop éloigné, il décida de couper à travers les bois pour revenir plus vite. Il tomba alors sur Aurore, qui sortait à l’instant, totalement nue, de l’eau. Ce dernier remarqua une petite cicatrice sur sa jambe droite, à moitié recouverte par un tatouage de dragon qui remontait jusqu’aux côtes. Le vieil homme s’asseya afin de réfléchir, se gratta la barbe et ferma les yeux un instant. Lorsqu’il les rouvrit, il vit Aurore devant lui, rhabillée et rouge de colère :

— Qu’est-ce que vous faites ici, vieux pervers ! Depuis combien de temps vous me mater ?!

— Quoi ? Mais… Attends ! bredouilla Bohord.

— Dégagez de là ! hurla la jeune femme en lui mettant une gifle.

Alors que le vieillard titubait pour retourner au camp, la joue en feu, il vit Koto et Girin, qui avaient visiblement tout entendu, et le regardait en ricanant.

— Un mot, et je vous tue, menaça-t-il.

— Oui, monsieur, répondit Girin avant de se mettre à rigoler.

— Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je ne pense pas que ce soit encore de votre âge, ajouta Koto en se tordant de rire à son tour.

— Je vous aurai prévenu… s’écria le vieil homme en levant le poing.

La troupe arriva à ce moment-là. Elàlia en tête :

— C’est moi ! Je suis de retour ! Désolée pour le retard, je suppose que j’ai perdu…

— Ah ! Te revoilà toi ! Mais… Qui sont ces gens ?! s’exclama Koto.

— Je… Je n’arrive pas à y croire. C’est toi, Nalir ?

— Girin ? Ahah ! Ça fait si longtemps ! Viens par-là cousin ! s’écria-t-il en le prenant dans ses bras.

— Cousin ? cria la petite elfe surprise.

— Eh oui ! C’est fou ! Comment vous vous êtes rencontré ? Que faites-vous là ? demanda le nain.

— C’est une longue histoire… Mais il y a aussi Balgruf, Varnir et Ysard avec nous ! assura son cousin.

— Ahah tout le monde est là ! Il ne manque plus qu’Elnir !

Les nains déposèrent leurs sacs ainsi que le sanglier, devant le groupe qui écarquilla les yeux.

— C’est… C’est Elàlia qui l’a tué ? demanda Bohord.

— Plus ou moins. Elle l’a poursuivi pendant un bon moment avant que le sanglier ne tombe sur nous. On l’a donc aidé à l’achever, dit Ysard.

— Donc ça ne compte pas ! s’écria Girin. Ahah, tu entends ça Aurore ?

— La ferme.

— Quelque chose ne va pas ? lui demanda l’elfe.

— Il ne vaut peut-être mieux pas en parler pour l’instant, coupa le vieillard. Aller, préparons ce sanglier, ajouta-t-il en se tournant vers le groupe de nain, si vous connaissez Girin alors vous êtes nos invités.

Tous se mirent en rond autour du feu. Aurore prépara le sanglier avec l’aide d’Elàlia qui n’osa pas lui dire un mot. À côté, les nains discutaient :

— Alors, Nalir ! Tu ne m’as pas répondu ! Que fait Elnir ? demanda le nain.

— Eh bien… Il… bafouilla-t-il.

— Il est mort, répondit Balgruf les larmes aux yeux.

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