A la conquête d'un tout

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A l’extérieur de la ville, les flammes avançaient en dépit de tous les efforts fait pour les contenir. La magie brute des mages de feu suffisait à les alimenter. Quelques-uns d’entre eux permettaient largement de composer un front infranchissable et il se murmurait qu’ils seraient peut-être des dizaines voire des centaines. Ils avançaient en toute confiance, ignorant que dans une auberge somme toute modeste, la contre-attaque était en train de s’organiser le plus paisiblement du monde. En effet, Onaskra était confortablement installé sur un siège et il attendait sereinement que Clarence se réveille.

Le mage finit par émerger. Il avait été très sommairement nettoyé, mais on l’avait laissé sur la table et tout son corps lui parut horriblement raide. Il cligna des yeux et très rapidement les souvenirs lui revinrent. Il baissa le regard sur son corps, visiblement toujours nu et eu envie de pleurer devant cette nouvelle déchéance. Avec tout le courage du monde, Clarence ravala néanmoins ses larmes. Il avait fait son choix.

- Enfin réveillé. Tu dois avoir soif.

En relevant le visage, le mage put voir le verre qui lui était tendu et il le saisit d’une main tremblante tout en se redressant. En fermant les cuisses, l’une contre l’autre, il parvint à cacher son sexe.

- Les troupes avancent vite. Nous allons devoir recommencer.
- Mes pouvoirs sont toujours inaccessibles…
- Oui, c’est normal. Je n’ai pas fait une partie de la procédure et avant de la faire, j’ai une question pour toi.

Clarence l’observa un peu plus sérieusement derrière son verre, franchement surpris. Une question ? Ce n’était pas comme s’il avait voix au chapitre. Il était simplement censé subir et être utilisé.

- Tu m’as demandé de faire le nécessaire pour sauver les personnes présentes dans cette ville. En l’état, j’ai deux solutions. Je peux débloquer tes pouvoirs et les utiliser d’ici une heure ou deux.

Le cœur de Clarence accéléra et ses joues rosirent légèrement sous l’afflux de sang soudain. Une heure ou deux ? Etaient-ils réellement aussi proches que ça ?

- Je devrais pouvoir leur opposer une résistance suffisante pour que les derniers retardataires fuient et peut-être même pour que nos ennemis décident de laisser cette ville pour passer à la suivante. C’est ce que tu m’as demandé, mais je t’ai étudié hier et je pense qu’avec un peu plus d’effort, je peux faire mieux de toi.
- Mieux ?
- Nous pouvons les repousser, les mettre en déroute, les poursuivre même…

Clarence déglutit. Il savait sur le papier ce qu’était capable de faire une grande paire de mage utilisant cette forme si particulière de magie, mais s’il n’avait jamais été faible, il n’avait jamais été aussi fort que ça pour autant.

- Pour cela, je vais devoir t’utiliser de la manière la plus… totale qui soit. Dans tous les cas, je te briserai, mais il s’agit d’aller encore un peu plus loin. Je t’accorderai des pauses régulières. Tu pourras dormir, boire, te restaurer. Je n’endommagerais pas ton corps volontairement, mais…
- Un abandon complet.
- Oui.
- Pendant combien de temps ?
- Tant qu’il y aura un ennemi à combattre. Après avoir déployé une telle puissance, je ne doute pas qu’on nous appelle sur d’autres fronts. Mais surtout… je ne promet pas que ton esprit en ressorte indemne.

Onaskra parlait d’une voix tranquille comme s’il ne proposait rien de particulièrement difficile mais ce n’était pas le cas. Ce qu’il proposait était le choix le plus horrible qui soit.

- Je ne suis pas votre premier mage rouge n’est-ce pas ?
- Non.
- Puis-je savoir ce qui est arrivé aux autres ?
- Ils sont morts. Je ne te promets pas non plus une longue vie. Je ferais tout pour te protéger, mais un champ de bataille de mage rouge… ce n’est pas une petite orgie organisée dans une auberge. Les risques sont multiples. Tu le sais n’est-ce pas ?

Clarence acquiesça mollement et avala une gorgée supplémentaire. Vivre l’enfer ici, juste pour tenir une position ou les chasser et rendre à la ville toute sa liberté. Ce n’était pas un choix honnête, car l’un était beaucoup plus tentant que l’autre et même s’il comprenait bien de quoi on parlait, il ne savait pas exactement ce que lui ferait Onaskra. Pour le moment, il avait été bien plus doux et respectueux que dans ses rêves les plus fous. Un tel choix ne le permettrait sans doute plus du tout. Ses appréhensions étaient à leurs combles, mais en soupirant il finit par se dire que dans tous les cas, le pire l’attendait.

- C’est d’accord.
- D’accord pour quoi ?
- Repoussez-les, s’il-vous-plait.
- On va le faire ensemble. Je te l’ai déjà dit, tu as un objectif. Tu seras mon partenaire, si tu dois être mon ennemi, je n’y arriverai pas. Je vais te demander de te dépasser, encore et encore et si tu n’y arrives pas, tu nous tueras tous les deux. Alors ne prend pas cette décision à la légère.

Clarence baissa un peu la tête et posa son verre, défait.

- J’ai tout abandonné en demandant un mage de Triomphe. J’étais déjà prêt à tout. Ça n’a pas changé.
- Très bien.

Onaskra l’observa un long moment. Clarence avait l’air fatigué et gêné de sa nudité. Le peu qu’il lui avait fait vivre avait été particulièrement difficile pour lui, mais il avait fait de son mieux pour s’y plier. La suite serait beaucoup plus dure. En silence, il se leva pour aller chercher le pot de lubrifiant qu’il avait prévu et le tendit au mage. Clarence hésita un peu avant de le saisir et de lui jeter un regard perdu.

- Je veux que tu te caresses devant moi et que tu te prépares à la pénétration. Je te conseille de faire en sorte de rentrer au moins trois de tes doigts. Oh ! Et écarte les cuisses. Je veux te voir faire.

Le mage de Triomphe se rassit confortablement pour observer le spectacle sans offrir la moindre pudeur à l’autre homme. La pudeur, il n’y aurait plus du tout le droit après tout. Clarence bougeait doucement, mais il se dévoila, repliant les jambes puis les écartant pour offrir une vue imprenable sur son sexe mou, ses testicules et son anus contracté d’angoisse. Incapable de soutenir le regard d’Onaskra, Clarence détourna le visage et ouvrit le pot pour plonger les doigts dans la crème douce qui s’y trouvait. Avoir le droit de se lubrifier était une chance qu’il était capable de reconnaitre et de comprendre. On lui faisait une véritable fleur. Très peu avait pris cette peine en dehors de son premier amour et le plus souvent, pour les autres, ce n’était pas pour l’aider mais pour le rendre plus confortable.

Du bout de la pulpe de ses doigts, il se massa, assouplissant sa peau. Les petits cercles qui contournaient son anus très sagement finirent par venir sur l’anneau de muscles et travaillèrent à le détendre. Bientôt, rentrer l’un de ses doigts fut facile et il le fit en fermant les yeux. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas de se concentrer sur le plaisir d’Onaskra, mais de chercher le sien. Ce n’était pas habituel. Le traumatisme avait été tel que se toucher lui-même suffisait à réveiller ses angoisses, ainsi, il ne se masturbait jamais. Parfois, le matin, il avait la désagréable surprise de se réveiller dans son sperme qui s’était échappé de lui-même… mais ça s’arrêtait là. Il n’était pas certain de pouvoir encore ressentir du plaisir sexuel et à sa connaissance, ce n’était pas nécessaire. Ce serait simplement un cadeau qu’on lui ferait ou pas. Enfin un cadeau… C’était loin d’être sûr que Clarence ne le vivrait pas simplement comme une agression supplémentaire.

Onaskra suivit le mouvement de cet unique doigt qui avait fini par pénétrer le conduit du mage. Le voir aussi tendu et abandonné à la fois était étrangement émouvant. Il ne dit rien, refusant de briser ce moment et le laissant y aller à son rythme. Bientôt, un second doigt rejoignit le premier. L’anneau de chair commença petit à petit à se détendre et à suivre réellement le rythme des doigts. Faire pénétrer le troisième ne se fit pas sans mal et sans renfort d’une bonne dose de lubrifiant.

- C’est très bien. Tu es délicieux. Continue. Indiqua finalement Onaskra en se levant pour préparer la suite du programme.

Ce ne serait pas évident, mais il pensait sincèrement que Clarence pouvait réussir. Il avait assez de bonne volonté pour ça. Ça n’empêcha pas Clarence de pousser un gémissement de pure détresse lorsque la porte s’ouvrit et qu’un groupe important d’hommes entrèrent. Sans vraiment y réfléchir il se recroquevilla sur lui-même et retira ses doigts, encore visqueux de lubrifiant pour se cacher davantage. C’était pourtant ceux qui la veille, c’était déjà amusé sur son corps. Il avait baigné dans leur sperme. Il avait senti leurs virilités entre ses cuisses et sur son propre sexe.

- Reprend ta position Clarence, je veux qu’ils te voient. Aujourd’hui, ça va être un peu plus compliqué car je ne vais pas t’offrir mon sexe. Je vais juste te regarder et je veux que tu te concentres sur une seule et unique chose. Tu te rappelles ce que c’est ?
- … votre plaisir.
- Oui. Mon plaisir. Mon plaisir ça va être de vous regarder. Tu dois m’offrir un joli spectacle. Tu comprends ?

Clarence hésita un instant avant d’acquiescer, les yeux fermés sous la honte alors qu’il faisait de son mieux pour rouvrir ses cuisses. Il avait vraiment cru qu’Onaskra profiterait de son corps sans attendre. Il ne comprenait pas pourquoi il ne le faisait pas, mais c’était pire au bout du compte. Quand il parvint à regarder de nouveau devant lui, ce fut pour voir le mage inviter l’un des hommes, déjà à demi-nu et en érection à s’approcher de lui. Leurs corps furent rapprochés jusqu’à ce que la pointe de son sexe se retrouve à quelques centimètres à peine de l’anus de Clarence dont le souffle se coupa littéralement sous l’angoisse.

- Regarde-moi. Mon plaisir. N’est-ce pas ?
- Votre plaisir.

Onaskra posa une main sur les reins du villageois et les poussa en avant pour briser la distance et les amener à se toucher.

- Je vais t’aider à m’offrir ce plaisir. Tu es content n’est-ce pas ?

Clarence couina, baissa le regard vers le point de jonction entre lui et son ancien client, puis il releva ses yeux paniqués vers Onaskra avant de comprendre ce qu’on lui demandait exactement. Il hésita, puis plia.

- Oui… merci.

A peine le mot fut-il prononcé qu’Onaskra appuyait plus franchement sur l’homme, forçant la pénétration à s’effectuer. L’anus avait été suffisamment lubrifié et détendu pour qu’il parvienne à s’enfoncer dedans sur la moitié de la longueur de son pénis sans aucun souci. Pour aller plus loin, il faudrait forcer davantage, mais le mage avait donné une consigne simple : suivre ses gestes, éviter d’aller plus loin ou plus vite que ce qu’il proposait, alors l’homme resta immobile. Clarence avait poussé un cri assourdi, à moitié cassé par la douleur.

- Redis-le.

Clarence poussa un sanglot de pure défaite et mit un moment avant de parvenir à se reprendre, mais lorsqu’il le fit, il répéta « merci » et Onaskra poussa l’homme pour rendre la pénétration complète. Durant une dizaine de minutes, il joua ainsi de leurs corps comme un marionnettiste, maîtrisant la vitesse, la force et l’angle de pénétration. Son complice haletait de plus en plus, au comble du désir et de la frustration. Il jouirait bientôt.

Sous son sexe dur, le mage se tordait, observant la pénétration avec une angoisse qui n’avait rien de feinte. Par moment, sa prostate était cognée et le désir montait comme une vague surprenante, puis la sensation disparaissait et le peu de désir qui était apparu ne le laissait qu’un peu plus perdu. De temps à autre, sous le regard un peu dur d’Onaskra qui semblait le rappeler à l’ordre, il finissait par répéter entre deux halètements :

- Merci.

Ce fut sur un « merci » qu’Onaskra poussa son acolyte un peu plus fort, les surprenant tous les deux. Clarence poussa un petit cri sous le choc et l’homme jouit avec force au fond de ses intestins tout en grognant. Si le mage eut envie de détourner le visage sous la honte, il s’efforça à observer l’autre mage. Un léger sourire satisfait s’était installé sur son visage habituellement froid. Clarence ne le lâcha pas du regard, même lorsqu’il couina à nouveau sous le retrait qui ne fut absolument pas délicat de ce sexe à présent à demi-mou qui l’avait envahi. Oui, Onaskra semblait satisfait. C’était étrange. Depuis Jonuh, son premier amour, personne n’avait jamais semblé réellement satisfait et surtout pas un autre mage. Onaskra lui avait donné la consigne de se concentrer sur son plaisir à lui, mais jusque-là, Clarence n’avait pas réellement cru pouvoir lui faire plaisir au-delà d’une jouissance immédiate. Il s’était visiblement trompé.

Un second homme au sexe un peu plus gros encore s’approcha de son entrée qui était restée semi-ouverte et qui laissait échapper un peu de sperme. Comme le précédent il le connaissait. Comme le précédent, il semblait plus avide que gêné. Comme avant le précédent, Onaskra attendit qu’il dise « merci » pour débuter la pénétration. Aussi étrange que ce soit, c’était une forme de contrôle des plus total qu’il lui offrait, mais après tout, le mage l’avait dit. Ils étaient partenaires. Peu importe le sexe qui le pénétrait, peu importe la jouissance d’Auguste, de Norst, de Pieter ou d’Olig. Peu importe le sperme qui lentement s’accumulait en lui avant de dégouliner le long de son conduit pour venir m’acculer ses fesses, le pubis de celui qui le pénétrait et finalement, le sol autrefois propre de l’auberge. Tout ça n’avait aucune forme d’importance, la seule chose qui comptait, c’était le léger sourire sur les lèvres de cet homme. Au milieu des coups de butoirs, Clarence ne fit plus que l’observer. Le tatouage qui parcourait chaque côté de son visage était particulièrement fin. Ses yeux étaient très sombres, mais ils brillaient de vie. Ce n’était pas deux gouffres dans lesquels se perdre, mais une porte vers celui qui à travers tous ces actes étaient en train de réellement devenir son partenaire.

Pour voir ces yeux s’éclairer un peu plus, Clarence écarta davantage les cuisses et s’offrit à son regard, il remua, il répéta des « merci » qui sonnaient de plus en plus sincères. Peut-être l’étaient-ils. Et le sourire d’Onaskra grandit très légèrement, le récompensant de ses efforts. Après un certain nombre de sexe, le mage se pencha pour observer l’entrée largement ouverte de Clarence. Il posa un doigt impudique dessus, touchant la semence mélangée des multiples hommes : combien d’entre eux avaient joui dans cet antre ? Tous, sans doute. Certains étaient néanmoins prêt pour un second round… Onaskra glissa son doigt un peu plus profondément vérifier l’élasticité du conduit. Elle était bonne et il ne remarqua aucune lésion. Le sperme servait très efficacement de lubrifiant pour l’instant. Les cuisses de Clarence tremblaient comme des feuilles. Il était épuisé, mais son corps pouvait encore tenir.

Silencieusement, Onaskra grimpa sur une table proche, encore propre.

- Clarence ? Viens ici.

Le mage eut vraiment du mal à changer de positions. En se redressant, son corps expulsa un peu plus de semence, le surprenant et le figeant. Le cœur battant la chamade, un peu horrifié il attendit que l’écoulement cesse puis chercha un instant son équilibre avant d’essayer de franchir les quelques mètres qui les séparaient. Ses jambes lui parurent étrangement faibles et il fut vraiment soulagé d’atteindre l’autre table pour pouvoir s’y tenir. Gentiment, Onaskra le tira contre son torse dans une étreinte étrange.

- Je vais te tenir… Présente ta croupe qu’ils puissent te prendre.

Clarence poussa un petit gémissement mais il obéit, se répandant un peu plus contre son compagnon, laissant son torse reposer sur ses jambes et se cambrant pour s’offrir. Il était épuisé mais la journée était loin d’être finie. Sans attendre, un sexe s’engouffra en lui, lui arrachant un petit cri de surprise. Le rythme se fit de plus en plus rapide alors que des mains pétrissaient ses hanches sans la moindre pitié. Mais au milieu de tout ça, les mains d’Onaskra, si douces sur sa peau, attiraient toute sa concentration. Pourquoi ? C’était sa seule ancre. Le plaisir d’Onaskra était son objectif et lui plaire la seule manière de l’atteindre. Il oublia sa douleur et frotta sa tête contre le flanc de l’homme, profitant de chaque parcelle de tendresse qu’il serait prêt à lui donner.

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