Épisode 4 - La Belle

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Opening : https://www.youtube.com/watch?v=3yoLXIQd2cM

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— Amène la p'tite sœur, poupée !

 Retenant un soupir d'exaspération au comptoir, la jolie serveuse aux mèches prunes attrapa au vol le verre avant de le remplir. La jeune femme rejoignit son propriétaire d'un pas subtilement chaloupé, adressant au passage quelques clins d’oeil aux nombreux clients qui ne cessaient de détailler ses courbes.

 Le bar exhalait un mélange d’alcool bon marché, de fritures et d’une légère odeur de bois verni chauffé par la lumière tamisée. À chaque verre servi, l’odeur du saké se mêlait subtilement aux parfums épicés des plats circulant entre les tables. Le tintement des verres entrechoqués se mêlait au brouhaha des conversations animées, ponctué par les éclats de rire des clients déjà bien éméchés. De temps à autre, la plainte discrète d’une chaise raclant le sol ajoutait une touche chaotique à cette symphonie nocturne.

 Derrière son comptoir, le patron du Izakaya esquissa un sourire. Les clients venaient et restaient autant pour se rincer l'œil que le gosier. Ses bénéfices ne faisaient que progresser depuis l’arrivée de la kunoichi.

 Rendant son verre au soiffard tout en lui offrant une bonne vue sur son décolleté, Evaline constata que son voisin de table était à sec.

— Second round, mon chou ? susurra la serveuse aux cheveux prunes d'une voix suave tout en frôlant doucement son épaule, cachant son dégoût au contact de la sueur moite imbibée à sa chemise.

 L'homme entrouvrit la bouche pour formuler un "non” et déglutit avant de se raviser d'un hochement de tête, tout en se caressant la gorge. La nymphe le rassura d'un clin d'œil, prit son verre et repartit au comptoir, satisfaite d'elle. Son genjutsu était opérationnel, prémisse de pourboire facile. Elle échangea un regard complice avec Kogoto, dont le sourire s'élargit. Embaucher cette fille était décidément le meilleur choix de sa carrière.

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— Encore une bonne soirée ! s'enorgueillit le patron en fermant à clef l’établissement une fois le dernier client sorti.

 Souriante, Evaline profita que l’armoire à glace lui tourne le dos pour dissiper ses illusions. Les cicatrices sous ses yeux semblèrent se creuser soudainement, sa poitrine perdit quelques tailles tandis que sa silhouette reprit ses hanches habituelles. Aux réactions des clients de ce soir, la kunoichi était satisfaite de ses performances en matière de henge. Transformer des parties précises de son corps était redevenu un jeu d’enfant. Lorsqu’il se retourna, Kogoto haussa un sourcil de surprise mais s’abtint de tout commentaire, songeant intérieurement qu’il comprenait mieux la raison du petit jeu d’allumeuse auquel s'était livrée son employée. La kunoichi maîtrisait de mieux en mieux les rôles factices qui régissaient sa nouvelle vie.

 Rejoignant son comptoir, le quarantenaire songea qu’il commençait à s’habituer aux tours de passe-passe de son employée. Il se pencha et ouvrit un tiroir, ses cheveux blonds glissant le long de son visage. Durant quelques secondes, les rides de son front se creusèrent, trahissant sa crainte de s’être fait voler la paye de sa serveuse.

— Tu rejoins ton petit ami ? lui demanda-t-il tout en mettant enfin la main sur la précieuse bourse.

— Ce n’est pas mon petit ami, soupira Evaline, lassé de la blague récurrente de son boss. Et oui, comme tous les soirs.

 Kogoto lui lança son dû, qu’elle saisit avant de l’expédier dans son sac à main.

— Tu prends ton repos demain, lui ordonna le barman, d’un ton ne souffrant d’aucun droit à la protestation.

 Familière à l’intransigeance du barman, Evaline ne songea pas à le contredire. Mais elle ne put retenir sa curiosité.

— Tu es sûr de toi ? l'interrogea-t-elle tout en nouant ses cheveux en une queue de cheval, en prévision de la session à venir. Les clients risquent d’être déçus.

 Le ricanement de Kogoto lui fit clairement comprendre qu’il se fichait des états d’âmes de ses ivrognes.

— On a gagné pour deux soirées, lui affirma t-il. Et il faut bien que quelqu’un te ménage.

— Tu insinue que je ne sais pas prendre soin de moi ? lui reprocha la kunoichi d’une moue boudeuse.

 Le barman la toisa faussement, son sourire trahissant ses pensées taquines.

— Tu mets un peu trop de zèle dans tout ce que tu entreprends. Et dans ta branche, ça peut être dangereux.

— Oh ? s’étonna Evaline en plaçant une main devant sa bouche. Tu es connaisseur en rythme de vie shinobique ?

 Kogoto éclata de rire tout en lui désignant la porte arrière.

— File, ne fait pas attendre ton homme.

 Lorsqu’elle passa devant lui, la brune aux mèches prunes lui tira la langue.

— Sale gosse, lui lâcha le barman, amusé, tout en fermant la porte derrière elle.

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 D’un pas assuré, Evaline refroidit les quelques importuns qui songèrent à lui voler son sac. Heureusement pour leur survie, la plupart avait appris à faire la différence entre ninja et civil. En cinq mois de travail dans les bas-fonds, la Genin n’avait eu à étaler qu’une dizaine d’inconscients trop stupide pour réceptionner ses mises en garde.

 Passant devant les bâtisses froides et austères sans les regarder, Evaline prit alors conscience qu’une demi-année s’était déjà écoulée depuis sa décision de réintégrer les rangs de l’armée de Gensou. La nouvelle avait abasourdie ses anciens collègues du centre pour adolescents. La séparation avec les jeunes avait été particulièrement douloureuse. Leur ayant fait la promesse de leur rendre régulièrement visite, Evaline parvenait à les revoir au moins une fois par semaine.

 Sa réintégration avait été bien plus rapide qu’elle ne l’aurait imaginé. Shiro lui avait assuré avoir appuyé sa demande, mais la nymphe n’était pas assez naïve pour ne pas envisager que sa famille avait dû jouer de son influence pour accélérer les démarches. Lors des quelques missions qu’elle livra en guise de remise en selle, elle avait appris par ses partenaires temporaires que les effectifs du Village diminuaient drastiquement ces derniers temps. Personne n’avait été en mesure de lui apporter la moindre explication, bien que de nombreux vétérans rejetaient la faute sur Heiwa. Selon eux, leur philosophie détournait la jeunesse de la voie du shinobi et représentait une menace pour la pérennité de la Cascade. Cela expliquait toutefois pourquoi Gensou s’était contenté de quelques tests avant de lui accorder le grade de Genin.

 Evaline songea que cela faisait bien deux semaines que Gensou ne l’avait pas sollicité. Cela lui convenait, les tâches attribuées relevant du domaine des travaux d’intérêts publics. Se faire oublier lui permettait de se concentrer sur son entraînement, en plus de l’avantage non négligeable de ne pas mourir d’ennui. Et elle assumait sans mal ne pas être pressée de servir de chaire à canon pour la Cascade. Financièrement, le salaire de base des Genins couplés aux revenus du bar suffisaient amplement pour ses besoins vitaux.

 S’approchant du terrain d'entraînement, Evaline savoura la brise fraîche qui effleura sa peau tout en soulevant quelques-unes de ses mèches de prunes, apportant avec elle l’apaisante fragrance de la cascade. De fines gouttelettes en suspension flottaient dans l’air, se déposant délicatement sur son visage. Chaque inspiration lui offrait une bouffée d’air humide et vivifiant, la purifiant de l’atmosphère étouffante du bar.

 Face au lac formé par la cascade, Shiro l’attendait, bras croisés. Son sourire carnassier était familièrement annonciateur : le policier était en forme. Satisfaite, la kunoichi enfila ses gants de combat, cadeau de son partenaire, et en fit craquer le cuir. Jouer à la minaude avait généré une frustration qui ne demandait qu’à s’extérioriser.

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 D’un saut, Evaline abattit son poing vers le visage du Yuushi qui n’eut qu’un pas de côté à faire pour l’éviter, sa queue de cheval voletant dans le sillage de son mouvement. Ayant prévu son déplacement , la kunoichi prit solidement appui sur sa jambe forte et envoya la gauche après avoir tourné sur elle-même. Parant le coup, le policier fléchit l’espace d’une seconde, une lueur de surprise traversant le bleu abyssal de son regard. Evaline n’eut pas le temps de s’en réjouir qu’elle fut fauché d’une vive balayette, heurtant durement le sol.

 Shiro lui tendit une main, qu’elle saisit tout en grognant se douleur.

— Tu as amélioré ton gyo, commenta le Yuushi tandis que la kunoichi époussetait sa tenue. Le choc de ta frappe a été plus rude que je ne l’avais prévu, tu aurais dû en profiter.

— Encore faudrait-il que j’en ai le temps, rétorqua Evaline, deux mains posées sur le bas de son dos endolori, tentant de le détendre.

 Shiro émit un petit rire gêné tout en se grattant la tête.

— Désolé, s’excusa Shiro avec un peu trop de sincérité au goût d’Evaline. J’ai le réflexe de réagir à l’instinct au moindre accroc. On peut appeler ça une déformation professionnelle.

 La kunoichi lui donna un petit coup de poing à l’épaule, tout en se dirigeant vers l’un des bancs tournés vers la cascade du Village.

— Je plaisantais, crétin.

 Tout en la suivant, le Yuushi tenta de changer l’orientation de la discussion en la félicitant de ses progrès. Il était vrai que la nymphe avait récupéré son niveau d’antan en un temps record, lui permettant dorénavant de préciser peu à peu son style.

 Il fallait croire que les arts ninjas ne se perdaient jamais totalement. Ou pire, qu’elle était véritablement douée, comme le lui répétait fréquemment Shiro. Tandis qu’ils se perdirent quelques secondes dans la contemplation du torrent d’eau, sublimé par le clair de lune, la kunoichi jeta un œil discret à son mentor.

 Elle s’étonnait toujours de l’intérêt du jeune homme à son égard. Bien qu’elle soupçonnait de probables sentiments naissants chez le Yuushi, elle le savait bien trop droit et pur pour n’agir que dans l’espoir d’obtenir un quelconque moment charnel avec elle. D’autant qu’ils avaient cinq ans de différence, Evaline ayant encore un pied dans l'adolescence du haut de ses dix-huit ans.

 Quelles que soient ses raisons, son aide était infiniment précieuse. Le rythme qu’il lui avait imposé, bien qu’éreintant, portait ses fruits. Le matin et l'après-midi, Evaline s’exerçait seule au taijutsu, l’art du corps à corps, qu’elle affectionnait particulièrement. Elle avait récupéré son niveau de Genin en matière de Gôken, le style polyvalent enseigné en priorité à l’Académie. A présent, la nymphe envisageait de s’imprégner de différents arts martiaux afin de forger sa propre palette de mouvement. Le soir, elle s’exerçait au genjutsu. Son travail au bar lui offrait de nombreux cobayes, qui lui permirent de mettre au point son jutsu de déshydratation dont raffolait son patron. Durant ses repos, Evaline s’était relancée dans l’art des transformations illusoires, dont elle avait démontré ses talents en se sculptant la silhouette fantasmée par tous les hommes. A sa grande surprise, la jeune femme s’était découverte nymphe, prenant plaisir à jouer avec le désir de ses cibles afin de parvenir à ses fins.

 Dès que son travail le lui permettait, Shiro testait ses capacités tout en lui prodiguant divers conseils, en particulier en matière de manipulation du Chakra. Expert en Suiton, il lui avait promis de lui enseigner diverses techniques de manipulation d’eau.

— Tu ne comptes toujours pas témoigner ? l’interrogea Shiro, brisant le silence jusque-là uniquement perturbé par les gouttes de la cascade teintant la surface du lac.

 Evaline soupira. Cela faisait bien une semaine que le policier ne l’avait pas relancé sur le sujet, un record. L’un des Genins qui l’avait agressé appartenait à un clan influent de Gensou, tant diplomatiquement qu’économiquement. Autant dire que les accusations d’une adolescente et d’un gamin ne péseraient pas bien lourd face à leur puissance. Malgré cela, la confiance aveugle de Shiro dans le système judiciaire l’empêchait d’admettre la froide réalité que ne cessait de lui expliquer Evaline. Apporter un quelconque témoignage ne leur apporterait que des soucis. Le jeu n’en valait pas la chandelle.

 Comprenant ce que signifiait le silence de la jeune femme, ce fut au tour de Shiro de soupirer.

— C’était ma dernière demande, l’informa t-il d’une voix faible. Le dossier sera clôturé demain.

— Je suis étonnée que cela n'ait pas été fait plus tôt, avoua Evaline avec tristesse.

Le jeune homme hésita à répondre et fut rabroué par la nymphe, d’un léger coup à l’épaule complice.

— Mon chef m’en veut pour avoir fait traîner l’affaire…

Le regard d’Evaline fixa brièvement le vide, pensive. Les déboires de son ami étaient-ils de sa faute ? Si seulement il avait daigné suivre ses conseils.

— Ce n’est pas tout, soupira à nouveau le Yuushi. Je suis envoyé à Chikara. Départ demain matin.

— Pardon ? s’exclama Evaline, interloquée.

 Leurs sessions s’espaçaient parfois de plusieurs jours, mais l’écart entre les deux dernières n’avaient été que de vingt-quatre heures.

— On m’a transmis l’affectation ce matin, expliqua Shiro, répondant à la réflexion muette de la kunoichi. Je sentais qu’on allait se venger de mon zèle, mais je ne m’attendais pas à cela.

— On t’envoie en mission ?

 Le Chuunin aux méches bleutées leva les yeux au ciel, n’osant pas croiser ceux de la jeune femme. Cette dernière ne comprenait pas la raison de ce regard fuyant. Certes, elle était triste de voir son ami s’éloigner un temps. Mais il avait agit en paix avec lui-même et elle ne lui en voulait nullement pour l’injustice qu’il subissait. Une de plus sur la liste des gens biens qui subissaient le système shinobi.

— A but diplomatique, précisa t-il, dépité. Je n’en sais pas plus pour le moment.

 Evaline se pinça une lèvre, sincèrement désolé pour lui. Elle ouvrit la bouche, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge, ne sachant que dire pour le soutenir. Ses supérieurs étaient-ils en train de le placardiser ? Le grondement sourd de la cascade les domina, ponctué par les brefs et lointains échos d’animaux nocturnes.

 Par instinct, elle le prit dans ses bras et le serra fort. Shiro retint un hoquet de surprise, avant de se laisser au câlin.

— T’en as besoin aussi ? demanda le Yuushi en un murmure.

— Ouais.

 Et il lui rendit son étreinte.

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 Après lui avoir donné des conseils sur les manipulations de Chakra favorisant la réalisation de jutsu tout en lui promettant de lui enseigner le Suiton à son retour, Shiro admira avec tristesse la silhouette de la jeune femme s’éloigner. Le Yuushi ignorait totalement le temps que durerait son séjour à Chikara. Pas plus de deux semaines, avec un peu de chance.

 Tournant la tête vers le corbeau qui trônait sur un arbre non loin du banc, Shiro soupira d’agacement :

— Tu peux sortir de ta cachette, Hykao.

 L’oiseau poussa un croassement sinistre, avant de s’envoler et d’effectuer des ronds autour de l’arbre. Un homme vêtu d’une longue cape noire sortit de l’ombre, le visage caché par la pénombre. Le corbeau se posa sur son épaule, tandis qu’il se dirigeait à pas lent vers Shiro.

— Tu as décidé de jouer avec mes nerfs ce soir ? s'agaça le Yuushi, qui ne supportait pas les mises en scène volontairement intimidantes de son vis-à-vis.

— Un peu de compréhension, le pria son interlocuteur. Je suis diminué après tout.

 Le policier grommela. Bien qu’aveugle de naissance, les Hykao avaient développé une vision propre aux membres de leur famille. Et le Chuunin doutait que la pénombre de la nuit soit un problème pour leur clan de ninjas émérite.

— Cette jeune femme est intéressante, reprit le Corbeau, feignant ne pas ressentir l’agacement de son collégue.

 Piqué au vif, Shiro se releva d’un bond, ses fouets aqueux entourant ses avants-bras. Il l’avait repéré depuis un bon moment et avait mimer l’ignorance tant que la jeune femme était à ses côtés. N’esquissant aucun signe belliqueux, l’Hykao se contenta de sourire, amusé.

— Je t’interdis de poser tes griffes sur elle ! le menaça le Yuushi, prêt à en découdre.

— Je ne te connaissais pas aussi sanguin, ricana l’homme à la cape.

 Il lui tourna le dos et commença à s’éloigner. Refusant d’en rester là, le policier dissipa son jutsu et fit quelques pas vers lui, tremblant d’une rage contenue.

— Je suis sérieux, Kezashi ! Tu ne la mêleras pas à tes jeux !

 Entendant son prénom, l’Hykao fit volte-face, claquant sa cape dans l’air en un geste vif.

— Tu n’as aucun ordre à me donner, Shiro. Mais n’ai crainte, j’ai bien reçu le message concernant l’objet de ton béguin.

 Le poing du Yuushi se serra. Ne pas bondir sur le Corbeau lui demandait toute sa volonté. Ayant livré plusieurs missions à ses côtés, Shiro n’avait jamais réussi à lui accorder sa confiance. Sa simple présence le mettant sur les nerfs, seul son professionnalisme lui avait permis de ne pas mener leurs affaires à l’échec. A présent, l’option de quitter son statut pour protéger Evaline le titiller.

— Tâche de ne pas mêler tes sentiments personnels à ton travail, l’acheva froidement Kezashi. N’oublie pas qu’en tant que Yuushi, tu as un devoir d’exemplarité à tenir…

 L’homme disparut en une nuée de corbeaux, laissant le Chuunin se dépêtrer avec le chaos émotionnel, ses craintes entrant violemment en conflit avec ses obligations. Il leva les yeux, les plongeant dans le ciel étoilé, comme s’il espérait qu’un être apparaisse et lui dise quoi faire.

— Eva… Fais attention à toi.

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