Opening : https://www.youtube.com/watch?v=3yoLXIQd2cM

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 Evaline leva un bras lorsqu’elle entra dans l'Arène, cachant ses yeux non habitués au soleil éclatant de Chikara. Le sable brûlant s’infiltrait dans ses chaussures et la sueur perlait sur son front, glissant jusqu'à ses yeux qu’elle frotta d’un revers agacé. Chaque inspiration lui coûtait un effort tant l’air était sec. A contrecoeur, la demoiselle enfila ses gants de combat, tandis que la Mahousarde qui lui faisait face, tout sourire, étira son fouet. Impatiente de commencer ? Evaline ne pouvait en dire autant.

 Vêtue d’un short court et d'un crop-top laissant nue son ventre, la jeune femme se sentait à l’aise malgré la chaleur écrasante du Désert et prit place à bonne distance de la juge. Officiellement chargé de jauger si la Genin avait les capacités pour participer au Tournoi, Miiyu fit claquer son fouet tandis qu’Evaline se prépara à bondir, poings serrés.

 En guise de présélection, les Genins devaient combattre leurs arbitres Chuunins, et ce sans employer leur Chakra. Pas de ninjutsu ou de genjutsu pour cette introduction, à la grande joie de leurs hôtes qui avaient fait du corps à corps leur spécialité. Organisateur du Tournoi, Evaline était persuadée que cette mise en bouche n’avait pour objectif que de faire briller d'entrée de jeu les guerriers du Désert, tout en éliminant les éléments les moins aptes à tenir la compétition. Evaline esquissa un sourire cynique, prête à leur prouver que le talent en taijutsu n'était en aucun cas une exclusivité Chikaratte.

 De son fouet, Miiyu saisit le sablier géant trônant au centre de l'arène et le retourna. L’épreuve ne durait que quarante-cinq secondes et Evaline pariait que la Chuunin n’allait pas y aller à fond. L’objectif des arbitres était de donner au public un avant-goût des aptitudes des concurrents, pas de leur coller une raclée d'entrée de jeu. Tenir un pur combat au corps à corps ne devrait pas être un problème, mais le fouet compliquait l’affaire.

 Sous les acclamations hystériques des tribunes, la demoiselle aux mèches prunes fonça vers son adversaire. Sur le dernier mètre, elle lui envoya quelques shurikens, la forçant à esquiver d’un pas de côté qui permit à Evaline de glisser vers elle pour un direct du droit, détourné sans mal par Miiyu. Un coup de pied hasardeux la fit bondir en arrière, tout en projetant son fouet en un claquement sonore vers Evaline, qui parvint à en esquiver la griffure, le sable éclaboussant sa joue alors que l’arme mordait le sol à quelques centimètres d’elle. En un sourire triomphal, la Genin enroula son avant-bras gauche autour du fouet tout en le saisissant de l’autre main et tira d’un coup sec.

 Une lueur bestiale dans le regard, Miiyu se laissa désarmer et utilisa l’élan pour frapper violemment Evaline en plein visage. Sonnée, elle eut tout juste le temps de parer un second coup et de reculer de quelques pas pour se préparer à un nouvel assaut. Durant les secondes qui suivirent, Evaline n’eut plus le temps de souffler, ses réflexes pleinement sollicités pour des parades et esquives. Après l’avoir laissé démontrer ses aptitudes offensives, la Chuunin éprouvait à présent sa défense. Bien vite, Evaline se mordit une lèvre, se sentant approcher du point de rupture.

 Une frappe à la tempe la fit chanceler lourdement au sol. Evaline roula sur le côté, échappant de peu à un coup de talon, et bondit en urgence en arrière. Alors que Miiyu fondit sur elle, décidée à ne lui laisser aucun répit, l’ancienne éducatrice brandit un kunai, qu’elle inclina pour éblouir la gradée par les reflets du soleil du Désert.

 Evaline parvint à exploiter son court instant de faiblesse pour lui décocher un crochet. Titubante, Miiyu désarma Evaline en frappant du plat de la main, esquiva un coup de pied circulaire et renvoya la Genin manger du sable d’une vive balayette.

 Evaline s'éloigna prestement en se frottant la bouche, réfléchissant en panique à sa prochaine action. Un sourire de Miiyu stoppa net ses réflexions.

— Le temps est écoulé, lui dit-elle d’une voix étonnamment douce en comparaison à sa sauvagerie précédente. Ingénieux ta façon de me désarmer. Et tu as bien tenu le coup face à mes frappes rapides.

 L’aspirante souffla de soulagement, ayant puisé dans toute son imagination pour tenir sans le Chakra. En ayant assez de ce cirque, Evaline passa une main sur sa lèvre et constata qu’elle saignait légèrement. Roulant des yeux, la jeune femme tourna le dos à la Chuunin, pressée de quitter les lieux.

— Va soigner ta lèvre et repose toi. Quartier libre pour ce soir, tu auras les résultats demain matin dans le hall de l'arène.

 Sans un mot, Evaline se retira du terrain, impatiente de se livrer à une session de tourisme en compagnie de Mey-Linn.

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— Ils sont incapable de se décider entre la chaleur et le froid ici, maugréa Evaline en se frottant les bras.

— On est en plein milieu d’un désert, Eva…

 Ricanante, Mey-Lynn sortit une veste légère et l'envoya au visage de son amie, sans stopper sa marche dans la grande allée commerçante de Chikara, animée malgré la nuit tombée sur le Village.

— Que ferais-je sans toi ? plaisanta Evaline en savourant la chaleur réconfortante recouvrant ses bras.

— Tu serais gelée pour commencer, la taquina la Sabishii en se penchant sur quelques bijoux d’un étal.

 Les commerçants chikarates alpaguaient les touristes, bien décidés à profiter du Tournoi pour booster leurs chiffres d’affaires. Fort heureusement pour eux, de nombreux Genins avaient la dépense facile, désireux d’emporter un souvenir du Tournoi. Son regard d'or brillant d'envie, Mey jouait du bout des doigts avec une broche ornée d'une sculpture de scarabée émeraude. Elle soupira, avant de le reposer.

— Tu ne veux pas l’acheter ? lui demanda Evaline en se plaçant à ses côtés.

 Gênée, Mey détourna les yeux, mains dans le dos.

— Pas les moyens, marmonna-t-elle.

 Elle fit un signe de tête à Evaline, lui intimant de la suivre. La nymphe roula des yeux et n’en fit rien se contentant de sortir son porte-monnaie. Mey-Lynn marcha tranquillement d’étal en étal, sans se rendre de l’achat d’Evaline jusqu’à ce que cette dernière rejoigne son amie.

— Attrape !

 La Sabishii saisit le scarabée en plein vol et soupira :

— T’es impossible, Eva…

— Tu ajouteras ça à ta collection de souvenirs, ricana Evaline en lui donnant une pichenette sur le bout du nez.

 Comme prévu, Mey-Lynn grogna et afficha une fausse moue boudeuse, qui fit éclater Evaline de rire, vite accompagnée par sa camarade. Après la pression des présélections, toutes deux en avaient bien besoin.

— Je t’en dois une, décréta la Sabishii en l’attrapant par le bras. Suis-moi !

 Ne laissant pas à Evaline le temps de se questionner, elle la traina jusqu'à un stand de glace. Devant elles, une adolescente aux cheveux bleus, coiffé en deux chignons, hésitait entre deux parfums.

— Je sais pas pour toi, mais je crève de déshydration ici ! ronchonna Mey-Lynn en tirant la langue, mimant la suffocation.

 Ayant opté pour de la fraise, la jeune femme devant elles se retourna, en leur souriant. Sa peau légèrement hâlée témoignait de son appartenance au Désert, contrairement à la pale épiderme des Gensouardes.

— Je vous conseille le cassis, il est délicieux, leur dit-elle d’une aimable délicatesse.

 Evaline lui rendit son sourire et décida de suivre l’avis de la Chikaratte. De son côté, Mey-Lynn opta pour de la vanille. Les deux amies se remirent à marcher, admirant l’architecture si particulière du Village du Désert. Tout en rondeur et taillé dans la roche, Kezashi leur avait expliqué que les bâtiments avaient été conçus afin de permettre au sable de glisser le long de leur surface. En comparaison, les habitations de Gensou seraient un enfer à nettoyer si elles étaient transposées à Chikara.

— Succulent, approuva Evaline en savourant sa glace.

 Mey opina du chef, tout en l’analysant soudainement d’un regard inquisiteur.

— Ça va ? s’inquiéta Evaline qui se demandait quelle lubie venait de traverser l’esprit de son amie.

— Tu le connais depuis quand ce Shiro ? demanda-t-elle sans s’encombrer de transition.

 Evaline manqua de s'étouffer. Le froid mal avalé lui glaça la gorge, la forçant à tousser avant de pouvoir reprendre la parole :

— Il m’a sauvé de l’agression quelques mois avant que je ne rencontre Kezashi, reprit Evaline d’une voix affaiblie par la glace.

— Oh ! s’exclama Mey-Lynn, les yeux brillants. Le fameux héros !

 La kunoichi aux mèches prunes esquissa un sourire éloquent. Peu après avoir intégré l’équipe, Evaline lui avait parlé de l'événement l’ayant poussé à redevenir ninja en prenant soin de ne pas entrer dans les détails, alors perturbée par la prise de distance de Shiro.

— Donc… y’a un truc entre vous ?

— Aucune idée, répondit Evaline à demi-voix. De toute façon, il est débordé de travail avec le Tournoi.

— Ouais et toi, tu vas devoir te taper les combats et des repas claniques avec Kezashi, maugréa Mey en croquant dans sa glace.

 Evaline roula des yeux, tâchant jusque-là de ne pas penser à l’invitation que Kezashi avait reçue à leur arrivée à Chikara. Apparemment, un clan ayant des liens importants avec les Hykaos voulait profiter de la présence de Kezashi pour discuter affaires. Ne souhaitant pas s’y rendre seul, Evaline avait accepté par solidarité de l’accompagner et s’en mordait les doigts par avance, sentant venir à des kilomètres le repas morne et insipide.

— J’ai hâte que ce Tournoi soit terminé, soupira Evaline. Cette comédie m’agace déjà !

— Moi aussi, lui répondit une petite voix, soudainement bien moins joviale.

 Mey-Lynn venait de baisser les yeux, le regard s'éteignant progressivement. Evaline se mordit la lèvre et se maudit de son égoïsme. Plus le début du Tournoi approchait, plus Mey-Lynn était envahie par l’angoisse. A Gensou, les Sabishii étaient un clan sur le déclin. De nombreux espoirs pesaient sur Mey-Lynn, la petite-fille de l’actuel chef de clan. Le Tournoi inter-Genin était l’occasion de briller et d’amener un peu de prestige à son clan, en plus de potentiellement faire accélérer sa carrière. Mais Mey était une adolescente qui manquait de confiance en elle et cela se ressentait par ses difficultés à endurer la pression.

— Tu vas gérer, la rassura sincèrement Evaline en serrant sa main.

 Touchée, Mey releva la tête et lui sourit. Le retour de la flamme dans ses yeux suffit à réchauffer le cœur d’Evaline. Main dans la main, elles reprirent leur promenade en discutant avec légèreté, prête à affronter ensemble le Tournoi à venir.