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 Octave l’invita à s’assoir. Son parfum lui soufflait d’anciens souvenirs de soirées étudiantes un peu trop arrosées et de désirs inavoués. Elle était devenue une auteure en vogue, et lui… bah, ça n’avait plus vraiment d’importance.

 — Je t’écoute.

 Le regard d’Henriette glissa sur le journal posé sur le bureau. Ses lèvres délicatement ourlées d’un rouge vif, frémissaient et ses mains s’agitaient sur son sac à main. Elle prit une profonde inspiration et ses yeux rencontrèrent ceux d’Octave. Il devinait dans ses pupilles une sourde angoisse.

 — Je voudrais que tu enquêtes sur la mort de mon père. Le médecin prétend qu’il a eu une crise cardiaque, mais je n’en crois rien.

 — Qu’est-ce qui t’en rend si certaine ?

 — Depuis son retour, père se comportait singulièrement. Il marmonnait une litanie incompréhensible, se retournait souvent comme s’il était suivi et hurlait parfois « Je sais que tu es là ! ». Tout s’est aggravé le jour où il a enfilé cet horrible llautu.

 — Un quoi ?

 — Un llautu, c’est une cape inca. Mais bien qu’elle soit confectionnée à la manière de ce peuple, elle n’en appartient en rien. Son tissage est insolite, et son motif des plus abominables. On distingue un être affreux que je ne saurais décrire. Elle enveloppait la tablette quand il l’a trouvé, et il fut décidé de ne pas la montrer tant elle pouvait choquer des personnes non averties.

 Elle serrait fermement ses mains l’une contre l’autre, ses phalanges blanchissaient sous l’effort. Un lent balancement d’avant en arrière l’animait.

 — Tu vas penser que je suis folle.

 Octave se leva et la prit par les épaules.

 — Calme-toi, ça va aller, continue.

 — À compter de ce jour, j’ai vu l’ombre. Elle le suivait partout, pesant sur son dos. Il marchait courbé sous le poids d’une charge invisible. Parfois, elle était là, seule avec moi, dans le salon de lecture et je sentais quelque chose de froid qui frôlait mon mollet. . Elle semblait attendre que je la remarque. Elle…

 — Oui ?

 — Elle ressemblait… elle ressemble à la bête sur le llautu.

 Henriette avait lâché cette dernière phrase dans un souffle tout juste audible. Il remarqua les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux. Il lui tendit son mouchoir et d’un geste brusque elle lui saisit la main. Elle la pressait de toutes ses forces.

 — Tu la vois toujours ?

 — Oui, j’ai peur Octave. Tu veux bien vivre au manoir le temps de l’enquête ?

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