Chapitre 52 - 2

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La reine se figea soudain. Entre les corps aux gorges tranchées des combattants, se dressait Maguel Stanford, une dague encore ruisselante de sang entre les mains. Il leva l’autre bras, dévoilant un revolver.

– Galicie !

Amerius se saisit d’elle pour la tirer en arrière. Mais ce n’était pas elle que Maguel visait. Il tira, envoyant la balle éclater le cœur d’Ergueï.

Les soldats le lâchèrent avant de diriger leurs lances vers Stanford. De deux nouveaux tirs, le mage supprima leurs vies.

– La porte ! hurla Galicie.

Elle et Amerius s’emparèrent chacun d’un battant et la refermèrent au nez de Maguel. L’ambassadrice d’Eyraulte poussa la table contre la porte, aidée du Prince Seyang.

– Le passage, vite !

Le roi Lonzo venait d’actionner un discret mécanisme dans un coin de mur. Une partie de la cloison coulissa, dévoilant un escalier. Galicie dégaina son épée en direction des Bas-Terriens.

– Avancez, et pas de gestes inconsidérés.

Amerius descendit le premier, suivi de Galicie et des prisonniers. Les autres le talonnèrent, mais juste avant de refermer le passage, la princesse Anne enclencha un autre dispositif. Une alarme générée par magie industrielle résonna dans tout le bâtiment.

L’escalier déboucha dans une salle d’archives sans fenêtres. Galicie se tourna aussitôt vers la princesse Anne.

– Protégez le document, c’est notre priorité ! Quittez cette île tous les trois et gagnez l’Ordalie !

La princesse hocha la tête avant de faire signe à ses collègues de la précéder dans le second passage secret ouvert par Amerius. Le roi Chamdor étreignit sa fille et la laissa partir.

– Nous devons servir de distraction ! La folie de Stanford pourrait le pousser à s’en prendre à tout le monde !

Le groupe laissa Galicie et Amerius mener leur fuite. Les prisonniers Bas-Terriens seraient une cible pour Maguel, qu’il fallait mener le plus loin possible du trio déjà parti.

Ils sortirent de la pièce, gagnant un couloir désert. Celui-ci débouchait sur une série de bureaux puis le hall, où les employés de l’île auraient dû être en train de quitter les lieux. Amerius pria pour qu’ils se soient déjà enfuis. La traînée écarlate encore gluante sur le sol lui apprit qu’il était trop tard. Trois personnes gisaient là, des innocents qui n’étaient même pas soldats. Une odeur piqua immédiatement le nez du jeune homme. Celle du bois brûlé. Maguel avait envoyé une ou plusieurs Poupées lui ouvrir la voie.

Le groupe se précipita à l’extérieur par les portes restées ouvertes. Ici aussi, les cadavres jonchaient le granite. Ils devaient fuir vers les plages, là où stationnaient leurs bateaux. Les soldats qui s’y trouvaient n’avaient pas pu voir le massacre dans le bâtiment, si tant est qu’ils soient encore en vie. L’alarme avait en revanche dû les alerter.

Stanford avait l’effet de surprise pour lui, mais ils avaient une chance de fuir le temps d’élaborer un plan pour le distraire. Amerius avait encore leur dernière confrontation en tête, et que les soldats fussent cent ou mille à affronter Stanford n’y changerait rien. Peut-être qu’il se trompait et que le mage n’avait plus rien, mais pas question de gaspiller des vies pour le vérifier.

Amerius s’engagea dans les escaliers au moment où des soldats les remontaient. Ils pilèrent en les voyant descendre.

– Préparez les bateaux ! Il faut fuir !

Ils foncèrent à travers la plage, au moment où deux coups de feu résonnèrent depuis le haut de la falaise. Un des prisonniers Bas-Terriens s’effondra, l’arrière de la tête devenu un trou béant. La deuxième balle manqua sa cible et vint se loger dans le ventre du Monarque Edmé.

Tandis qu’on l’aidait, Amerius releva la tête vers les rochers. Une silhouette aux cheveux pâles se tenait au bord du vide. Pour avoir pu viser à cette distance avec un simple revolver, l’arme devait avoir été modifiée par magie.

Stanford tira encore cinq fois. Trois balles soulevèrent le sable, mais la quatrième priva enfin le dernier Bas-Terriens de sa vie. La cinquième rebondit contre la passerelle d’embarquement.

Celle-ci pendait encore du bateau que celui-ci filait déjà loin de l’île, imité par tous ceux encore en stationnement. Ils se dépêchèrent de rejoindre le reste des flottes.

Amerius se retourna vers l’île. Stanford n’avait pas bougé, mais le jeune homme aurait juré que son regard était posé sur lui, le Bas-Terrien de naissance, l’homme qui lui avait pris Rosalie.

Alors que les services secrets Cie-Ordaliens cherchaient encore le mage sur leur territoire, celui-ci avait dû être plus près des Basses-Terres qu’ils ne l’avaient imaginé.

Stanford avait dû les surveiller et voyant le vaisseau Bas-Terrien, avait laissé parler sa colère, incapable d’envisager des pourparlers avec l’ennemi.

L’Union venait sans doute de précipiter la fin des Basses-Terres. Leur dirigeant déjà abattu, Stanford n’avait plus de raisons d’attendre les célébrations pour les détruire.

Il ne restait que quelques heures avant la nuit, mais Amerius ignorait s’ils pourraient tenir jusque-là.

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