jour 8 : Imprudent
Je crois que je perds la tête.
Depuis l’histoire de l’étoile de mer, je n’arrête pas de fixer ce carnet. J’ai beau savoir que ce n’est qu’un objet, j’ai l’impression qu’il me guette.
Ce matin, j’ai commis une erreur. J’ai voulu prouver que tout ça n’était que dans ma tête. J’ai pris mon stylo et, d’un ton bravache, j’ai écrit une phrase ridicule :
“Un pigeon entre dans mon appartement et me chie dessus.”
Je me suis senti idiot, soulagé presque. J’ai fermé le carnet, ricané tout seul, et je suis allé faire un café.
Quand je suis revenu… la fenêtre du salon était grande ouverte.
Un pigeon m’attendait, perché sur la télé. Il m’a fixé quelques secondes, comme s’il jugeait ma stupidité… et il a fait exactement ce que j’avais écrit.
J’ai hurlé, le cœur battant, partagé entre le fou rire nerveux et l’envie de pleurer.
Je me suis précipité sur le carnet, j’ai arraché la page. Mais quand j’ai voulu la jeter, elle avait disparu de mes mains. Comme si elle s’était volatilisée.
Et à la place, sur la table basse, une phrase nouvelle :
“Tu as été bien imprudent, Enzo.”
Ce n’est toujours pas mon écriture....

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